La ville de Québec sera à jamais marquée par la séparation douloureuse... entre Julie Snyder et Pierre-Karl Péladeau.
Il y a des histoires d’amour qui finissent mal. Et il y a des divorces qui changent le destin d’une ville entière.
À Québec, on le dit à voix basse depuis des années, mais aujourd’hui plus personne ne fait semblant : le rêve du retour des Nordiques s’est éteint le jour où Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder se sont séparés.
Ce n’est pas une formule romantique. C’est une réalité politique, médiatique, et économique. Et pour la première fois, elle est confirmée de toutes parts. Le journaliste Pierre LeBrun l’a rappelé récemment : le moment clé, le point de non-retour, c’était le processus d’expansion de la LNH en 2017.
« Québec a eu sa chance lorsqu’ils ont fait partie du même processus d’expansion que Vegas. C’était tellement décevant. Je rêvais au retour des Nordiques, mais lorsque Québec n’a pas été capable de foncer, Gary Bettman a passé le message : c’était votre dernière chance. »
Ces mots résonnent comme une condamnation. Et surtout, ils confirment ce que plusieurs savaient déjà : Péladeau n’a jamais voulu vraiment ramener les Nordiques.
Pas pour rien qu'il n'a jamais soumis d'offre.
C’est Julie Snyder, sa conjointe de l’époque, qui portait ce rêve à bout de bras.
Quand Julie poussait, PKP suivait.
Il faut remonter à la fin des années 2000. Québec vit encore dans la nostalgie des années Michel Goulet et Peter Stastny. Julie Snyder, grande passionnée de hockey, croit fermement que la capitale peut redevenir une ville de la LNH.
Elle en parle à son mari. Elle l’encourage. Et bientôt, Québecor embarque dans le projet du siècle : la construction du Centre Vidéotron.
À l’époque, tout semble aligné : TVA veut se positionner comme diffuseur sportif avec la naissance de TVA Sports, le maire Régis Labeaume rêve d’un retour triomphal des Nordiques, et le couple Péladeau–Snyder incarne l’ambition nationale.
La série Montréal–Québec, diffusée sur TVA durant le lock-out de la LNH en 2010, devient le symbole de cette excitation.
Les cotes d’écoute explosent. On chante, on pleure, on rêve. Pour Julie Snyder, les Nordiques, c’est bien plus qu’un projet commercial. C’est une mission personnelle.
Jeff Fillion avant lancé une bombe en racontant une conversation avec l’ancien maire Régis Labeaume :
« Les Nordiques, c’était la bébelle à Julie. »
Et tout s’explique. C’est elle qui faisait vibrer ce dossier.
Elle qui motivait PKP à pousser les discussions avec Gary Bettman.
Elle qui parlait aux médias, aux artistes, aux politiciens pour mousser le projet.
Elle qui voulait voir Québec ravoir son équipe professionnelle.
Mais lorsque le couple éclate, tout s’effondre. Le divorce, violent et médiatisé, transforme le rêve en champ de bataille.
Les priorités changent. Péladeau quitte l’univers du hockey pour se concentrer sur la politique, sur les télécommunications, sur l’empire Québecor. Le sport, c’était l’histoire de Julie. Pas la sienne.
Pendant des années, les fans ont blâmé Gary Bettman pour avoir ignoré Québec.
Mais la vérité, c’est qu’il couvrait Péladeau.
Selon plusieurs sources proches du dossier, confirmées aujourd’hui par LeBrun, PKP aurait fait savoir au commissaire qu’il n’était plus intéressé à déposer d’offre pendant le processus d’expansion.
Bettman, fidèle à sa réputation de stratège, a préféré jouer le rôle du méchant, refusant officiellement la candidature de Québec pour ne pas humilier l’homme d’affaires.
Québec a perdu sa place à la table. Et depuis, plus personne n’a rouvert la porte.
Les preuves du désengagement de Péladeau se sont accumulées avec les années.
Et pour les fans des Nordiques, c’est une trahison.
La rupture avec Julie Snyder n’a pas seulement détruit un couple, elle a brisé une dynamique.
Pendant leur mariage, Julie apportait la passion, PKP la puissance financière. Ensemble, ils incarnaient la complémentarité parfaite pour faire renaître une franchise.
Mais après le divorce, l’un des plus médiatisés et toxiques de l’histoire du Québec moderne., tout a changé.
Julie Snyder découvre qu’elle est suivie. Pas par des paparazzis, mais par des détectives privés engagés par Péladeau lui-même.
Des agents de la firme Garda auraient été mandatés pour la surveiller, afin de savoir avec qui elle passait ses soirées. L’objectif ? Identifier un nouvel homme dans sa vie.
Julie finit par le confronter publiquement. PKP nie au début. Mais en cour, il finira par admettre la filature, expliquant qu’il voulait simplement « protéger ses enfants ».
La guerre s’intensifie ensuite sur le plan financier.
Vidéotron, filiale de Québecor, dépose une poursuite de 45 000 $ contre Productions J, l’entreprise de Julie Snyder, pour une facture de téléphone cellulaire jugée excessive, liée à un voyage familial en Europe.
Julie réplique qu’elle n’a jamais vu passer la facture, qu’elle vivait une crise financière liée à la coupure de ses contrats avec Québecor, et qu’elle élevait seule ses enfants.
Comme dirait les anglos, il y avait du "bad blood" entre les deux ex.
Les procès, les poursuites, les accusations de filature, la guerre entre TVA et Productions J : tout cela a transformé leur collaboration en champ de ruines.
Et au milieu de ces débris, le rêve des Nordiques a sombré.
Aujourd’hui, même les plus optimistes le reconnaissent : le divorce Péladeau–Snyder a coulé les Nordiques.
Lorsque Pierre LeBrun, respecté à travers toute la LNH, a confirmé que Québec avait manqué sa chance en 2017, il ne faisait pas que livrer un constat sportif. Il posait un diagnostic historique.
Il révélait que le vrai problème n’était pas la ville de Québec ni même la LNH, mais l’absence de volonté réelle du principal investisseur.
Et surtout, il mettait des mots sur une vérité longtemps tue :
Si Julie Snyder était restée, les Nordiques seraient peut-être déjà de retour.
C’est là que Luc Poirier entre dans le portrait.
L’entrepreneur québécois, connu pour ses projets ambitieux, a déjà offert jusqu’à 800 millions de dollars pour acheter les Coyotes de l’Arizona en 2017 et les déménager à Québec.
Il est aujourd’hui le seul à parler encore ouvertement du retour du hockey professionnel dans la capitale.
Mais même lui l’a répété :
« Ramener une équipe sans être en mesure de gérer l’amphithéâtre, c’est presque impossible. »
Le Centre Vidéotron appartient à Québecor.
Tant que Péladeau en détient le contrôle, aucun investisseur ne pourra bouger.
Et Poirier ne veut pas travailler avec lui. Il l’a dit clairement :
« PKP étant PKP, ce n’est pas évident de faire des affaires avec lui. »
Dans cette saga à trois, tout est figé.
Julie Snyder, la seule qui avait la passion et la légitimité émotionnelle pour rallumer la flamme, n’a plus accès à l’amphithéâtre ni à Québecor.
Luc Poirier, qui aurait les moyens et la crédibilité auprès de Bettman, ne peut rien faire tant que Québecor bloque l’aréna.
Et Pierre Karl Péladeau, lui, s’accroche à la clé du Centre Vidéotron comme un symbole de pouvoir, sans aucune intention de s’en servir.
C’est un scénario typiquement québécois : une querelle d’ego qui tue un rêve collectif.
Tout le monde à Québec le dit maintenant ouvertement : les Nordiques ne reviendront pas tant que le Centre Vidéotron sera entre les mains de Québecor.
Et puisque Péladeau ne veut ni vendre ni collaborer, la conclusion s’impose d’elle-même : le rêve est mort.
Et pendant que Luc Poirier relance l’espoir sur les réseaux sociaux, pendant que Bettman regarde vers Houston et Atlanta, Québec reste prisonnière d’un divorce.
Pierre Karl Péladeau a longtemps été perçu comme le sauveur du hockey à Québec.
Aujourd’hui, il en est devenu le destructeur involontaire.
Ses priorités sont ailleurs : dans les télécoms, le multimédia, le football.
Le hockey, lui, n’est plus qu’un souvenir, un fantôme qui hante les gradins vides du Centre Vidéotron.
Et Julie Snyder?
Elle a reconstruit sa vie, son empire, son image.
Mais elle garde, quelque part, cette blessure : celle d’un rêve brisé, d’une promesse trahie, d’une équipe qui ne reviendra jamais.
L’histoire des Nordiques n’est pas seulement une page de sport. C’est une page de société.
Elle raconte comment un couple, deux égos et un divorce ont suffi à éteindre la flamme d’un peuple.
Si Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder étaient restés unis, Québec aurait peut-être aujourd’hui une équipe de la LNH.
Les Nordiques ne sont pas morts à Denver en 1995.
Ils sont morts à Montréal, dans un bureau d’avocats, le jour où Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder ont signé leur divorce.
