Nos pensées accompagnent Arber Xhekaj et sa famille

Nos pensées accompagnent Arber Xhekaj et sa famille

Par David Garel le 2025-06-06

Le nom d’Arber Xhekaj flotte comme une ombre pesante au-dessus du Centre Bell.

Ce qui devait être une histoire de conte de fées, un joueur non repêché devenu le chouchou de tout un peuple, est en train de virer au cauchemar pour lui et sa famille. Alors que le Combine de Buffalo bat son plein, les rumeurs s’intensifient : Arber Xhekaj serait offert sur le marché des transactions. Et pas à la légère.

Selon plusieurs sources au sein même du Combine, Xhekaj est un nom qui circule dans toutes les conversations entre dirigeants.

Le Canadien de Montréal, désireux de s’avancer au repêchage ou de mettre la main sur un centre établi ou un défenseur droitier d’impact, serait prêt à sacrifier celui qu’on surnomme affectueusement « Le Shérif ».

Pour sa famille, c’est un choc. Pour lui, c’est une trahison. Xhekaj n’est pas qu’un joueur de hockey. C’est une âme. Un cœur. Une identité.

Il a tout donné à cette organisation qui, aujourd’hui, semble vouloir le troquer comme une pièce d’échec de moindre valeur dans un "package deal".

Et c’est peut-être ça, au fond, le plus cruel dans tout ce cauchemar pour Arber Xhekaj : sa valeur, sur le marché, n’est même pas suffisante à elle seule.

Il faut l’inclure dans un package. Il faut que le Canadien ajoute un choix au repêchage. Parfois même deux. C’est comme si la direction disait : « Xhekaj, on t’aime… mais pas tant que ça. »

Pour lui, pour son agent, pour sa famille, c’est un choc. Même son aura, sa présence, sa notoriété, son cœur immense, tout ça ne suffit pas à justifier un retour à la hauteur.

Alors Kent Hughes le promène comme une monnaie d’échange complémentaire, pas comme une pièce centrale. Et ça, c’est dévastateur pour un gars qui incarnait tout ce que les partisans voulaient voir dans ce vestiaire.

Sa robustesse, son sang-froid, sa loyauté. Tout cela semble peser bien peu face aux exigences de la modernité tactique de Martin St-Louis.

Et pourtant, on ne peut pas dire que ça tombe du ciel. Cela fait des mois que Xhekaj est mis de côté lors de matchs cruciaux. Que son temps de glace diminue sans explication claire. Que ses responsabilités sont grugées par d’autres. À force de le déclasser subtilement, on finit par le pousser vers la sortie.

Denis Gauthier, lui-même ancien défenseur de la LNH et analyste à RDS, n’y est pas allé de main morte. Dans une déclaration cinglante, il a lâché :

« Si le Canadien a besoin d’un morceau pour compléter une grosse transaction cet été, c’est Xhekaj qui va partir. Pas Reinbacher. Pas Mailloux. C’est lui. »

Ce n’est pas une opinion lancée en l’air. C’est un verdict. Un énoncé froid, lucide et sans pitié. Gauthier sait de quoi il parle. Il a vu ce que vaut Xhekaj dans le regard des autres équipes. Pas une supervedette. Mais un aimant. Un électrochoc. Une pièce capable de faire basculer une négociation.

« Il a encore une certaine valeur à travers la ligue. Pas assez pour un échange un contre un contre un défenseur top-4 ou un 2e centre, mais assez pour être la pièce déclencheuse dans une transaction plus grosse. Il a une aura. Il brasse la soupe, comme on dit. »

Gauthier ne parle pas seulement comme analyste. Il parle avec la sensibilité d’un gars qui a lui-même gagné sa place avec ses poings. Avec ses mises en échec. Avec sa peur de personne. Il comprend ce que vit Xhekaj. Il comprend la douleur de se faire tasser pour des raisons de style. Pour une vision qui ne te laisse aucune chance de t’exprimer.

Et cette douleur-là, elle n’est pas que professionnelle. Elle est familiale. Xhekaj, c’est un gars de famille. Un gars qui pleurait en conférence de presse quand on évoquait son parcours. Un gars qui portait le chandail du CH comme un soldat porte son uniforme.

Mais aujourd’hui, ce soldat est blessé. Et pendant que son frère Florian monte à Laval, pendant que tout semble aller pour le mieux, lui vit le pire moment de sa jeune carrière.

Le cauchemar est bien réel : Xhekaj pourrait bien avoir joué son dernier match avec le Canadien.

Des clubs comme l'Utah, qui détient le 4e choix, ou Nashville, qui a le 5e, sont au courant. Ils flairent l’aubaine. Xhekaj est disponible. Et eux ont ce que le CH désire. Un rang plus élevé pour repêcher Caleb Desnoyers, ou un centre établi (Nick Schmaltz en Utah, Ryan O'Reilly à Nashville).

La priorité est vraiment Desnoyers. Et c'est à se demander si un "package" incluant les choix 16 et/ou 17 avec Xhekaj pourraient convaincre le Mammoth ou les Predators.

Le feu vert, c’est Martin St-Louis qui l’a donné. C’est lui qui a affirmé à ses supérieurs que Xhekaj ne cadrerait pas dans le futur schéma défensif. Trop instable. Trop imprévisible. Pas assez mobile latéralement. Pas assez précis dans les relances.

Mais ce que St-Louis oublie, c’est que la robustesse est une denrée rare. Que l’émotion, ça ne se mesure pas en graphiques. Que des gars comme Xhekaj, t’en as pas 15 dans une organisation. T’en as un. Et tu le protèges.

Mais non. À Montréal, on veut des défenseurs parfaits sur papier. On veut du style Lane Hutson. Du profil analytique. Du contrôle de la rondelle. Du "pre-shot movement". Et Xhekaj, avec son style brut d'homme fort, n’a plus sa place.

André Tourigny, entraîneur-chef de l’équipe d’Utah, avait visé St-Louis directement pour le mauvais traitement infligé à son défenseur :

« Quand ils rentrent Xhekaj dans la formation à Montréal, la ville vire de bout en bout. Il y a de la robustesse en séries, et ça fait partie du hockey. C’est ce que les gens aiment. »

« Moi, Arber Xhekaj, je le prends demain matin dans mon équipe. »

Il n’a pas simplement salué un joueur. Il a fait un appel public. Il a dit à Kent Hughes : on est prêts à l’accueillir. Donnez-nous une chance.

Et Tourigny n’est pas seul. Les Flyers. Les Blackhawks. Les Bruins. Tous se renseignent. Tous voient en Xhekaj un catalyseur d’émotions. Un shérif qui donne deux pouces de plus à ses coéquipiers tellement il impose la protection, la sécurité et la peur sur la glace.

Mais à Montréal, on n'en veut plus. Pendant ce temps, une vie se brise. Un rêve s'effondre. Le Shérif ne comprend pas. Il regarde autour. Il voit l’enthousiasme qu’il générait. Et il se demande : pourquoi moi?

La réponse, elle est cruelle. Il est trop émotif pour un coach qui préfère les robots. Il est trop imprévisible pour un entraîneur qui veut du contrôle. Il est trop Montréal pour une organisation qui regarde ailleurs.

Mais ce n’est pas fini. Le marché s’excite. Le téléphone de Kent Hughes ne dérougit pas. Et Arber Xhekaj, lui, attend. Il patiente. Il serre les dents.

Parce que malgré tout, il reste un professionnel. Il respecte le logo. Il respecte les fans. Et surtout, il respecte sa famille.

Nos pensées sont avec eux. Pour tous ses proches. Pour tous ceux qui voient leur fils, leur frère, leur ami vivre une descente aux enfers médiatique. Pour tous ceux qui croient encore qu’il y a de la place pour les cœurs braves dans ce sport devenu clinique.

Arber Xhekaj ne sera peut-être plus un Canadien.

Mais il restera, à jamais, un guerrier du peuple montréalais.

Et ça, aucune transaction ne pourra l’effacer.