Nos pensées accompagnent Félix Seguin et sa famille

Nos pensées accompagnent Félix Seguin et sa famille

Par David Garel le 2025-03-16

Dans le monde du sport, on dit souvent que les absents ont toujours tort. Mais rarement cette réalité n’aura été aussi cruelle que ce matin pour Félix Séguin.

Ce matin, il se réveille avec un sentiment qu’il ne pourra jamais effacer : il a manqué le match de l’année, et il pourrait bien avoir assisté, impuissant, à la fin de son propre règne.

Hier soir, le Canadien de Montréal a triomphé des Panthers de la Floride dans un affrontement historique. Une victoire mémorable, un moment grandiose, un match qui restera gravé dans l’histoire.

Mais pour Félix Séguin, cette nuit ne sera pas marquée par l’adrénaline du hockey, mais par une douleur sourde et implacable : c’est un autre qui a brillé à sa place.

Remplaçant au pied levé car Séguin devait s'absenter pour des raisons familiales, Sébastien Goulet a donné une leçon de communication. Dès les premières minutes du match, le constat était sans appel : il est meilleur.

Plus précis, plus fluide, plus captivant. Pas d’hésitations, pas de maladresses, pas d’erreurs. Juste une description impeccable qui a transporté les téléspectateurs au cœur de l’action, comme un maestro qui dirige son orchestre sans fausse note.

Pendant que le Canadien livrait un combat titanesque contre les Panthers, Sébastien Goulet livrait le sien contre l’ombre de Félix Séguin… et il a gagné par K.-O. technique.

Dès la fin de la rencontre, les réseaux sociaux ont explosé. Le Québec est unanime : le micro de TVA Sports n’appartient plus à Félix Séguin. Il appartient à Sébastien Goulet.

C’est l’ancien journaliste sportif Michel Villeneuve qui a lancé le bal. Sur X, il a affirmé que Sébastien Goulet avait livré une performance extraordinaire, une déclaration qui, bien que subtile, n’a laissé aucun doute sur son intention.

Il n’a pas nommé Félix Séguin, mais il savait exactement ce qu’il faisait. En quelques mots, il a déclenché une tempête.

Dès que son commentaire a été publié, la vague a pris de l’ampleur. Les partisans, déjà critiques envers Félix Séguin depuis des années, ont saisi l’occasion pour exprimer haut et fort ce qu’ils pensaient depuis longtemps. 

Les réactions se sont multipliées à une vitesse fulgurante. En quelques heures, le débat était clos : Sébastien Goulet venait de prouver qu’il était l’homme de la situation, et Félix Séguin, malgré son absence, venait de subir la pire défaite de sa carrière.

Dans l’histoire de la télévision sportive au Québec, rares sont les moments où un consensus aussi massif a émergé en une seule soirée.

“Il est plus qu’excellent. Je l’adore.”

“Je suis en désaccord avec 99% de ce que Michel Villeneuve dit sur X… mais là, il a raison!”

“Pas dur de remplacer Séguin non plus.”

“Ouin ben il est comme meilleur que celui qui est là habituellement! ”

“Pourquoi il n’était pas en poste depuis le début? C’est l’évidence même qu’il est supérieur!”

“Hier, c’est Sébastien Goulet qui nous a décrit le match. C’est ça un vrai descripteur de hockey. Félix Séguin? Il peut prendre des vacances permanentes.”

“Je donne un 10 sur 10 à Sébastien Goulet. TVA Sports ferait mieux de ne plus jamais nous ramener Séguin.”

“Sérieusement, c’était impressionnant. On a enfin eu une description sans erreurs, sans hésitation, sans confusion. Il n’y a même pas débat.”

“Même Michel Villeneuve l’a dit… Félix Séguin, c’est terminé.”

Un cauchemar éveillé pour Félix Séguin. Surtout qu'il s'est absenté pour des raisons familiales.

La famille avant tout. Peu importe l’ampleur d’un événement, peu importe les responsabilités professionnelles, peu importe la pression du métier, il est des moments où la vie nous rappelle ce qui compte vraiment. 

Félix Séguin n’était pas derrière le micro hier soir pour une raison simple et légitime : sa famille avait besoin de lui.

Dans ces situations, il n’y a rien à justifier. Il n’y a rien à regretter. Quand la famille appelle, le travail attend. C’est une évidence, un principe fondamental.

Personne ne peut lui reprocher d’avoir choisi l’essentiel, d’avoir mis de côté le hockey, le sport, la description, le tumulte du métier, pour être présent là où il le devait.

Et pourtant, l’ironie est cruelle. Car même en ayant fait le bon choix, même sans avoir eu le moindre contrôle sur les événements,

Félix Séguin se retrouve dans la pire situation possible. Malgré lui, il a ouvert la porte à l’inévitable. Malgré lui, il a permis au Québec d’entendre quelqu’un d’autre. Malgré lui, son absence est devenue un tournant.

Ce n’est pas une question de tort ou de responsabilité. 

C’est une question de timing. Et malheureusement pour Félix Séguin, il n’aurait pas pu choisir pire moment pour ne pas être là.

Ce matin, il est seul face à lui-même. Il sait que ce qui s’est passé hier ne sera pas balayé sous le tapis. Il sait que cette vague ne s’arrêtera pas. Il sait que son absence a ouvert une brèche qui ne pourra plus jamais être refermée.

Depuis qu’il a pris l'équivalent de la place de Pierre Houde à TVA Sports, les doutes n’ont jamais cessé. Son style, ses hésitations, ses erreurs… tout a été scruté, analysé, critiqué. Ses détracteurs attendaient le moment où il tomberait. Ils n’ont même pas eu besoin d’attendre.

Hier, Sébastien Goulet n’a pas simplement fait du bon travail. Il a brillé. Il a fait ce que Félix Séguin n’a jamais réussi à faire : convaincre tout le monde.

Les démons de Félix Séguin sont maintenant plus forts que jamais. Chaque matin, il devra se lever en sachant que le Québec entier a vu la différence. Il devra entendre, encore et encore, que Goulet est meilleur que lui.

Il devra vivre avec cette vérité cruelle :

Ce n’est pas Sébastien Goulet qui a pris sa place.

C’est lui qui l’a abandonnée.

Hier soir, il aurait dû être la voix d’un match historique. Il aurait dû graver son nom aux côtés des grands moments du Canadien. Il ne l’a pas fait.

Et il va le regretter toute sa vie.

Félix Séguin l’a lui-même admis en entrevue avec La Presse il y a quelques années : le poids des critiques est écrasant.

Dans un monde où chaque mot prononcé en ondes est scruté à la loupe, où les moindres hésitations deviennent des munitions pour ses détracteurs, où le hockey n’est pas seulement un sport, mais une religion au Québec, être la voix du Canadien de Montréal n’a rien d’un poste ordinaire.

C’est une position où l’erreur n’a pas sa place, où le moindre faux pas peut être fatal, où la pression est constante, quotidienne, étouffante.

Il avait confié que son quotidien était souvent difficile. Que le matin, il ouvrait Twitter en appréhendant ce qu’il allait lire sur lui. Que les soirs de match, après une description imparfaite, il redoutait les réactions.

Qu’il savait pertinemment qu’il ne pourrait jamais être parfait, mais que malgré tout, il devait composer avec des critiques implacables.

Être comparé sans cesse à Pierre Houde. Être remis en question chaque semaine, chaque match, chaque description.

Et aujourd’hui, ce cauchemar vient d’atteindre son paroxysme.

Hier, Félix Séguin a vécu le pire scénario possible. Il n’était pas là, mais c’est comme s’il avait pris une raclée en direct, sans même avoir eu la chance de se défendre.

Il s’était habitué aux critiques, aux analyses acerbes sur son travail, mais jamais il n’avait été éjecté du débat de cette façon. Ce n’est plus seulement une question d’erreurs, d’hésitations, de lacunes… Non. C’est pire.

Hier, le Québec a découvert quelqu’un d’autre.

Hier, la voix de TVA Sports n’était pas la sienne.

Et hier soir, cette voix a séduit tout le monde.

Le problème pour Félix Séguin n’est pas simplement que Sébastien Goulet a bien fait son travail. C’est que Goulet a fait exactement ce que tout le monde attendait de lui depuis des années. Il a livré. Il a répondu aux attentes. Il a prouvé qu’il était l’homme de la situation. Il a fait oublier Félix Séguin en une seule soirée.

Et ça, c’est irréparable.

Félix Séguin va porter cette soirée comme un poids sur ses épaules toute sa vie. Il sait qu’il n’aura aucun droit à l’erreur à son retour. Il sait que le public, qui l’a toujours regardé d’un œil critique, ne lui pardonnera plus rien.

Il sait que désormais, chaque hésitation, chaque imprécision, chaque petite maladresse sera immédiatement comparée à la fluidité et à la maîtrise de Sébastien Goulet.

Nos pensées accompagnent Félix Séguin et sa famille en ce moment difficile. Peu importe ce qui se dit sur les réseaux sociaux, peu importe la tempête médiatique qui l’entoure aujourd’hui, l’essentiel demeure sa famille, et on ne peut qu’espérer que tout va bien pour eux.

Ce qu’il traverse doit être extrêmement éprouvant, à tous les niveaux. À la pression professionnelle qui pèse déjà sur lui s’ajoute maintenant une vague de critiques qui ne laisse aucun répit.

Et il n’est pas le seul à en souffrir. Sa famille aussi doit voir ces commentaires, lire ces attaques, ressentir cette injustice.

Ce genre de situation est un véritable cauchemar, et dans ces moments-là, il faut rappeler une chose : au-delà du descripteur, il y a un être humain, un père, un proche. Que l’on apprécie ou non son travail, on doit lui souhaiter du courage.

Il sait que son combat n’est plus contre lui-même.

Son combat, maintenant, est contre l’inévitable.

Car hier, c’est l’histoire qui s’est écrite.