Guillaume Latendresse, une figure marquante du hockey québécois et des médias sportifs, se voit aujourd'hui contraint de faire une pause pour se consacrer à sa santé mentale, lourdement affectée par les séquelles des multiples commotions cérébrales qu’il a subies durant sa carrière.
Ce départ des ondes touche non seulement les amateurs de hockey, mais aussi tous ceux qui ont suivi son parcours, admiré sa résilience et son franc-parler authentique.
Voici son message:
Voici son message: Je voulais vous écrire pour vous communiquer que je vis présentement des moments difficiles mentalement.
C’est une situation récurrente depuis quelques années, probablement un symptôme de mes commotions durant ma carrière, et j’ai décidé d’essayer de régler mon problème cette semaine.
Je prendrai donc une pause de toutes mes activités professionnelles, la Poche Bleue, TVA et le Bataillon - qui ont tous été très compréhensifs et qui m’ont offert le soutien nécessaire afin de prendre du temps pour me soigner.
C’est quelque chose que j’aurais peut-être dû faire depuis quelques années mais que j’ai toujours repoussée.
J’apprécie votre respect pour ma famille et moi dans cette épreuve ainsi que votre soutien depuis plusieurs années, que ce soir sur la glace ou derrière le micro.
Je me considère chanceux de pouvoir compter sur vous et j’ai déjà hâte de vous retrouver une fois que je me serai bien copié de moi et ma santé
À bientôt. Guillaume.
Les commotions cérébrales, souvent invisibles, laissent pourtant des traces profondes, et leur impact sur la vie quotidienne peut être dévastateur.
La décision de Guillaume Latendresse de prendre une pause pour sa santé mentale n’est pas une surprise pour ceux qui connaissent son parcours et ses luttes avec les séquelles des commotions cérébrales.
En effet, Latendresse avait déjà partagé, notamment au micro de 98,5 FM, les épreuves qu’il traverse depuis plusieurs années.
"Mon cerveau est devenu extrêmement fragile. Parfois, je joue au hockey avec des amis, mais même cela est devenu imprudent pour moi. Je prends un gros risque, car si je chute contre la bande, je risque de tout perdre."
Son quotidien, sa personnalité et même sa relation à la vie ont radicalement changé sous le poids des effets persistants de ces blessures invisibles, mais si dévastatrices.
Lors de son entretien avec Paul Arcand en 2017, Guillaume a livré un témoignage poignant sur l’impact des commotions cérébrales sur sa vie.
Il a décrit comment des activités aussi anodines que jouer avec ses enfants ou mettre sa fille dans le véhicule peuvent déclencher des migraines, des nausées, ou même une fatigue paralysante qui le cloue au lit pendant des heures.
Il a raconté comment des gestes simples, comme jouer à la Wii avec son fils, ont mené à des pertes de mémoire, l’empêchant même de se rappeler de ses interventions en direct à RDS ou TVA Sports.
"En jouant à la Wii avec mon fils, je me suis cogné la tête, et pendant un mois, j’ai eu des pertes de mémoire sur ce que je disais à l’antenne à RDS. Quand quelqu’un parlait longtemps à côté de moi, je perdais le fil de mes pensées."
L’ancien numéro 84 du Tricolore, qui s’est retiré du hockey professionnel à seulement 26 ans, vit désormais avec une fragilité constante.
"Dans mes trois dernières années, j’ai eu six commotions. J’ai pris ma retraite à 26 ans, et les médecins m’avaient conseillé d’au moins faire une pause d’un an ou deux avant même de penser à reprendre le hockey."
"Aujourd’hui, trois ans et demi plus tard, je ne suis toujours pas remis."
"Ma tête est rendue tellement fragile,"
"Je me mets tellement en danger."
"J’ai heurté ma tête en installant ma fille dans la voiture. Depuis, je dors environ 12 heures par jour, avec des siestes de quatre heures l’après-midi. Je souffre de maux de tête, de douleurs aux yeux, et j’ai la nausée, tout ça pour un simple petit coup."
Latendresse a aussi révélé à quel point ses commotions ont altéré son caractère, avouant qu’il devient facilement irritable, moins patient, des changements qui affectent ses relations et sa qualité de vie.
"Je vis constamment avec de l’anxiété, du stress, des maux de tête et de la fatigue. Je dois dormir au moins huit heures, sinon je peine à accomplir ma journée. Avant, ce n’était pas moi, Guillaume Latendresse était toujours de bonne humeur au réveil, la vie était belle. Maintenant, c’est plus compliqué."
"Un aspect de ma personnalité qui a beaucoup changé, c’est que je me mets en colère plus facilement et je suis moins patient."
Il s’est confié sur le sentiment d’angoisse qui l’habitait durant ses derniers moments sur la glace, où il se demandait s’il risquait de finir "légume" à la suite d’un dernier coup de trop, conscient qu’il avait des enfants à élever.
"Pendant un an et demi, j’ai dû prendre des antidépresseurs. Je ne pouvais même pas aller sur la glace sans prendre du Tylenol.
J’appelais ma conjointe entre les périodes parce que j’avais de violents maux de tête. Je pleurais, et j’avais du mal à continuer à jouer, car je ne supportais plus la douleur.
Si je parlais de mes symptômes à quelqu’un, c’était la fin de ma carrière ; personne n’allait vouloir me réengager.
Avant chaque match, je me disais que si je me faisais frapper et tombais au milieu de la glace, je risquais de finir légume. J’ai deux enfants, alors c’était une peur constante."
Aujourd'hui, son message résonne comme un cri du cœur et un acte de courage. Guillaume sait qu'il doit d’abord prendre soin de lui-même avant de revenir vers ceux qui l’aiment et l’admirent.
Nous respectons et admirons cette décision difficile, mais nécessaire.
Guillaume, qui a toujours mis de l'avant son amour pour le hockey et son engagement envers les jeunes athlètes, doit aujourd'hui affronter un combat personnel.
C’est un rappel brutal de la réalité à laquelle de nombreux anciens joueurs font face, et cela nous pousse tous à réfléchir davantage aux conséquences à long terme de ces blessures silencieuses.
Nous envoyons toutes nos pensées et nos prières de soutien à Guillaume dans cette période difficile.
Son courage de se retirer des feux de la rampe pour se soigner inspire un profond respect. Au-delà du joueur et du commentateur, c'est un homme et un père qui, malgré les défis, cherche à retrouver une qualité de vie qu'il mérite pleinement.
Que cette pause soit pour lui une étape vers un mieux-être et, on l'espère, un retour bientôt en pleine santé parmi nous.
Guillaume, sache que tu n’es pas seul dans cette épreuve. Nous t’envoyons nos pensées et notre soutien, en espérant que cette pause te permette de trouver la paix et de te reconstruire.
Tout le Québec est avec toi.