Offre hostile à Mason McTavish: Geoff Molson a tranché

Offre hostile à Mason McTavish: Geoff Molson a tranché

Par Nicolas Pérusse le 2025-08-01

Il y a une guerre froide dans la LNH.

Et ce ne sont pas les directeurs généraux qui la mènent. Ce sont les propriétaires.

Depuis quelques semaines, les rumeurs d’offres hostiles refont surface. Mason McTavish à Montréal. Il y avait aussi Dmitri Voronkov avant qu'il resigne avec Columbus. Mais malgré tous les scénarios, rien ne bouge.

Et ce n’est pas une question de courage. Ce n’est pas non plus une question d’outils. Les DG ont les choix. Ils ont les budgets. Ils savent exactement ce qu’il faut faire.

Mais ils ne peuvent pas.

Parce que les propriétaires de la LNH, en coulisses, bloquent les offres hostiles.

Par peur d’inflation. Par peur de représailles.

Par peur de perdre le contrôle d’un système qu’ils tentent désespérément de garder en cage.

Et à Montréal, selon plusieurs sources bien branchées, Geoff Molson lui-même aurait mis son véto sur toute tentative d’offre hostile.

Ce n’est pas Kent Hughes qui recule. Ce n’est pas Jeff Gorton qui hésite.

C’est tout simplement que leur marge de manœuvre n’existe plus. On parle d’une LNH où les DG sont devenus des gestionnaires d’image, coincés entre le plafond salarial, les comparables contractuels… et la peur constante de déplaire aux patrons du club.

L’exemple est partout. Même Doug Armstrong, un des DG les plus agressifs du circuit, a dû renoncer à McTavish, faute de posséder les bons choix de repêchage pour présenter une offre hostile conforme. Et les autres, même ceux qui pourraient, comme le Canadien, ne tentent rien. Pas parce qu’ils n’y croient pas. Mais parce qu’ils n’ont pas le droit d’essayer.

La dernière fois que Montréal a osé, c’était en 2019. Marc Bergevin, avec une offre hostile à Sebastian Aho. Une tentative molle, mal calibrée, immédiatement égalée par les Hurricanes. La réponse? Une contre-attaque d’orgueil : une offre hostile à Kotkaniemi, avec un bonus de 20 dollars. Un message clair : on se souvient.

Depuis, c’est le silence. Une chape de plomb. Les offres hostiles sont mortes. Et les rares fois où elles sont évoquées, c’est pour mieux les enterrer aussitôt.

Mais l’été 2025 est différent. Parce que Mason McTavish n’est pas juste un bon joueur. Il est dans une impasse. Brisé. Un centre naturel, prêt à jouer dès maintenant, coincé dans une organisation qui ne croit plus en lui. Poussé à l’aile, exclu du top-6, et sans contrat.

Et à Montréal, tout colle. Le CH a l’espace sous le plafond. Il a les choix de repêchage nécessaires. Il a même une logique sportive limpide : Suzuki a besoin d’un vrai partenaire. Dach est incertain. Newhook est un soutien. Hage n’est pas prêt. McTavish, lui, coche toutes les cases.

Et pourtant, le CH regarde ailleurs.

Parce que pour soumettre une vraie offre hostile, il faut viser entre 7 et 9 millions. Et à ce prix, on fait grimper les comparables. On déclenche des cascades de renégociation. On effraie les autres proprios. Et on risque de passer pour celui qui a « corrompu » le marché.

Un agent anonyme l’a dit très clairement: « Si l’autre équipe égale l’offre, tout ce que vous avez fait, c’est faire monter le marché pour rien. Et je ne veux pas être ce gars-là aux yeux des autres propriétaires. »

Alors on ne tente rien. Et pendant ce temps, McTavish continue de couler.

Il n’a pas signé. Il n’a pas demandé de transaction officiellement. Mais il ne cache plus qu’il veut partir. Il le montre dans son langage corporel. Il le montre dans son absence de dialogue avec la direction. Il le montre en refusant de signer une entente à long terme.

Il veut une nouvelle équipe. Une nouvelle mission. Et une organisation qui croit encore qu’il peut être un centre top-6 dans cette ligue.

Il ne reste qu’un moyen de l’obtenir sans hypothéquer l’avenir en jeunes vedettes : l’offre hostile. Une compensation en choix. Une action frontale. Un geste que seul le CH peut se permettre en ce moment.

Mais la fenêtre se referme. Rapidement.

Les Canucks sont agressifs. Les Rangers sont dans la discussion. Les Flames aussi. Chaque jour, de nouveaux clubs avancent leurs pions. Et Montréal continue de protéger son choix de première ronde 2026 comme s’il s’agissait d’un billet pour Gavin McKenna.

Et combien de fois va-t-on dire non?

Geoff Molson a dit non. Pas verbalement, pas devant les caméras. Mais en imposant ses limites. En demandant qu’on respecte les traditions. En rappelant les conséquences politiques d’un geste aussi radical.

Il a dit non à l’offre hostile.

Et peut-être, sans le savoir, il a aussi dit non à Mason McTavish.

Non à la chance d’avoir un vrai deuxième centre. Non à la vision que Martin St-Louis pourrait lui offrir. Non à une reconstruction qui accélère au lieu de piétiner.

Dans cinq ans, quand McTavish sera un centre de premier plan dans une autre ville, quand il deviendra un leader, un pilier, un marqueur en séries, tout le monde dira : il était disponible.

Et on dira aussi que Montréal avait tout pour le faire.

Mais qu’un propriétaire a décidé de ne pas déranger l’ordre établi.

Et qu’un DG a dû se taire.

Le hockey est une question de talent. Mais c’est aussi, parfois, une question de permission.

Et dans le cas de Mason McTavish, le Canadien n’a jamais eu la permission d’essayer.