Offre Montréal-Pittsburgh pour Sidney Crosby: les cinq éléments sont dévoilés

Offre Montréal-Pittsburgh pour Sidney Crosby: les cinq éléments sont dévoilés

Par David Garel le 2025-09-10

Pittsburgh est en deuil. Et Mario Lemieux refuse de parler aux journalistes. On peut le comprendre.

L’homme que Montréal attend depuis des années a décidé de parler. Et les conséquences sont gravissimes pour Mario Lemieux et sa famille.

Sidney Crosby, 38 ans, triple champion de la Coupe Stanley, capitaine éternel des Penguins, a accepté de se livrer à Pierre LeBrun. Et pour la première fois, il a abordé, de front, les rumeurs qui l’envoient à Montréal.

Et ce qu’il a dit a fait exploser l’espace médiatique au Québec.

Tout est parti d’un souvenir au Centre Bell. En février dernier, lors du tournoi des 4 Nations, Crosby avait été ovationné comme rarement un joueur l’a été à Montréal.

Le Centre Bell scandait « Crosby! Crosby! » après un but décisif du capitaine canadien contre la Suède. Pris dans l’émotion, il avait lâché une phrase qui résonne encore :

« J’ai grandi en étant un partisan du Canadien de Montréal. »

Interrogé par LeBrun à Vegas sur cette déclaration, Crosby a nuancé, mais sans éteindre l’incendie :

« Je l’ai déjà dit à quelques reprises », a-t-il lancé en souriant. « Mais je comprends. J’ai grandi pas trop loin de Montréal, tout le monde supporte le CH en Nouvelle-Écosse et je sais à quel point les partisans y sont passionnés. »

Puis il a ajouté :

« Je me souviens, à ma première ou deuxième année dans la LNH, j’étais à Montréal en juin pour un événement CCM. Et déjà, on projetait les trios pour le camp d’entraînement de septembre. Je me suis dit : c’est fou! Je n’avais jamais vu ça ailleurs. Ils sont tellement investis. Alors oui, je comprends que ce genre de rumeurs reviennent. »

Et le clou du spectacle :

« Ce n’est jamais facile quand tu perds, parce que ces rumeurs prennent encore plus de place. Mais en même temps, savoir qu’une équipe comme ça te veut… ce n’est pas la fin du monde. Ça pourrait être pire. »

Crosby sait que Montréal rêve de lui. Et il n’a rien fait pour éteindre ce rêve.

Son agent Pat Brisson, lui, entretient le feu

Il a en a rajouté, multipliant les entrevues pour mettre la pression sur Pittsburgh.

« C’est une réalité », a dit Brisson. « Sidney est constant depuis 20 ans, il continue d’être un joueur d’impact. Comme Tom Brady, il mérite de jouer les séries chaque année. Mais ça fait trois ans que Pittsburgh rate les séries. À un moment donné, ça alimente forcément les spéculations. »

Puis, quand on lui demande si un échange est possible, Brisson n’hésite pas :

« C’est toujours une possibilité. »

Jamais l’agent de Crosby n’avait ouvert la porte aussi clairement.

Ce discours survient dans un contexte désastreux à Pittsburgh. Kyle Dubas, le directeur général des Penguins, a transformé l’équipe en chantier permanent. Erik Karlsson, payé 11,5 millions par saison (dont 10 millions assumés par les Penguins après la rétention de San Jose), est invendable. Kris Letang est usé et indésirable sur le marché des transactions. Tristan Jarry est surpayé. Et Bryan Rust comme Rickard Rakell ne sont toujours pas échangés.

Trois ans sans séries, une équipe à la dérive, et un capitaine écœuré.

« Ce qui est difficile dans la défaite, ce n’est pas seulement les matchs perdus », a dit Crosby. « C’est les changements constants, l’incertitude, les points d’interrogation. Ça te fait apprécier toutes ces années où on visait les gros joueurs à la date limite, où on se battait pour la Coupe. Je crois que je n’ai jamais pris ça pour acquis, mais aujourd’hui, je l’apprécie encore plus. »

À Pittsburgh, l’ambiance est lourde. La nouvelle que Mario Lemieux, leur sauveur historique, a échoué à racheter l’équipe a plongé la ville dans la tristesse. Lemieux voulait protéger Crosby jusqu’à la fin. Mais Fenway Sports Group a refusé son offre, jugeant que la franchise valait 1,75 milliard, comme le Lightning de Tampa Bay.

À la place, c’est la famille Hoffmann, milliardaires de Floride, qui va acheter l’équipe. Et pour eux, Crosby n’est pas un fils spirituel à protéger. C’est un actif.

Et si l’actif veut partir, ils n’hésiteront pas.

C’est là que le Canadien entre dans l’équation.

Pat Brisson le sait : si Crosby demande un échange et choisit Montréal, Dubas n’aura aucun levier. Il ne pourra pas faire monter les enchères entre Colorado, Los Angeles et Montréal, parce que Crosby imposera sa destination.

Dans ce scénario, le CH n’aura pas à sacrifier Michael Hage ou David Reinbacher. Il pourra se contenter d’un premier choix protégé, de Joshua Roy et Owen Beck.

Et au-delà des espoirs et des choix de repêchage, il faut regarder la réalité salariale. Dans une éventuelle transaction Crosby-Montréal, le nom de Kirby Dach est écrit dans le ciel.

Pourquoi? Parce que Dach entre dans sa dernière ligne droite avant de devenir joueur autonome avec compensation l’été prochain, sans clause de non-échange pour le protéger. Il aura seulement 25 ans, un âge parfait pour un club en reconstruction comme Pittsburgh. Son salaire de 3,36 millions $ "fit" parfaitement dans l’équation pour équilibrer un peu celui de Crosby à 8,7 millions $. 

Évidemment, le CH aurait aimé passer par Josh Anderson. Mais son contrat est protégé par une clause limitant à trois équipes possibles un échange, et tout le monde à Montréal sait que Pittsburgh ne figure pas sur cette liste.

Brendan Gallagher? Encore pire. Sa clause complète le protège encore cette saison, et elle ne se transformera en clause de type "6-no trade list" qu’en 2026-2027. Oubliez ça : il n’ira pas finir sa carrière dans le trou de Pittsburgh.

En revanche, Kirby Dach, lui, correspond au profil idéal : jeune, encore à prouver, doté d’un potentiel intéressant. Pour les Penguins, qui veulent amorcer un nouveau cycle, c’est une pièce qui fait du sens. Pour le Canadien, c’est un sacrifice dur, mais logique.

Dach n’incarne pas le futur de l’organisation comme Demidov, Reinbacher, Hutson ou Hage. Il est l’actif parfait pour que Kent Hughes ouvre la porte au rêve Crosby sans déstabiliser le noyau.

Rien de plus?

Les Penguins adorent le profil d'Adam Engstrom. En fait, toutes les équipes de la LNH ont Engstrom dans le viseur tellement le défenseur suédois a fait écarquiller les yeux la saison dernière, comme le confirme Martin McGuire.

« Il y a un joueur que je vais surveiller plus particulièrement. On a parlé d'Owen Beck tantôt, et je veux voir jusqu’où ce gars-là peut aller cet automne. Je m’intéresse aussi au défenseur Adam Engström, parce que tous les recruteurs professionnels qui ne sont pas du Canadien de Montréal et qui viennent de l’extérieur évaluer les joueurs pros du Canadien n’ont exprimé aucun commentaire négatif à son sujet l’année dernière, selon les personnes à qui j’ai parlé. Alors, jusqu’à quel point ce gars-là est-il proche de la Ligue nationale ? »

Selon ce qui circule, Kent Hughes ne veut absolument pas sacrifier Engstrom. Dans cette optique, Jayden Struble semble de plus en plus en danger d'être inclus dans la transaction, car le DG du CH ne veut pas sacrifier Arber Xhekaj vu sa popularité à Montréal et le fait que son frère Florian est aux portes de la LNH.

Est-ce qu'une offre incluant Joshua Roy, Owen Beck, Jayden Struble, Kirby Dach et un choix de 1ère ronde protégé serait suffisant?

Une offre à 5 éléments qui peut paraître généreuse, mais le CH ne sacrifierait aucun élément important du futur, à part ce choix de 1ère ronde 2026.

Mais avec Crosby à Montréal, le Canadien pourrait gagner la Coupe Stanley et ce choix deviendrait pratiquement un choix de 2e ronde.

Pendant ce temps, à Montréal, les propos de "Sid le Kid" ont provoqué un véritable tremblement de terre. Dans les radios, les podcasts, les plateaux télé, on ne parle que de ça.

Et les comparaisons fusent. À Toronto, si Auston Matthews avait parlé de son amour d’enfance pour les Coyotes de l’Arizona, ce serait une bombe nucléaire médiatique. Ici, c’est exactement ce qui se passe : une légende qui avoue son amour pour le CH et qui laisse planer le doute sur son avenir.

Et pourtant, Crosby a rappelé qu’il n’avait rien perdu de sa flamme :

« J’aime encore ça. Je veux continuer de compétitionner le plus longtemps possible. Jouer pour le Canada, pour une équipe olympique, ça me motive. Voir ces jeunes joueurs, comprendre ce qui les rend bons, c’est inspirant. Tout ça, c’est ce qui me pousse à continuer. »

Mais derrière cet amour du hockey se cache une vérité : à 38 ans, Crosby n’a plus de temps à perdre dans une reconstruction.

Jamais Sidney Crosby n’avait parlé aussi clairement. Jamais son agent n’avait ouvert la porte aussi grand. Jamais Montréal n’avait senti le rêve aussi proche.

Le timing est parfait : Lemieux écarté, les Hoffmann aux commandes, Dubas incapable de réparer ses erreurs, et un capitaine frustré qui avoue publiquement comprendre la passion montréalaise.

Crosby a dit : « Savoir qu’une équipe comme ça te veut, ce n’est pas la fin du monde. »

Pour Pittsburgh, c’est peut-être le début d’un cauchemar.

Pour Montréal, c’est peut-être le début d’une histoire à écrire.