Onde de choc autour d’Ivan Demidov : la Russie s’invite dans le vestiaire du CH

Onde de choc autour d’Ivan Demidov : la Russie s’invite dans le vestiaire du CH

Par André Soueidan le 2025-09-09

Ivan Demidov s’est déjà imposé comme un incontournable dans l’alignement du Canadien.

Depuis ses premiers coups de patin au Centre Bell, il a électrisé la foule, secoué les colonnes du temple pis fait oublier bien des fantômes russes du passé.

Mais pendant que la ville de Montréal tombe en amour avec son petit prodige aux mains de velours, une ombre plane. Une ombre venue de loin. Une ombre qui parle russe.

Parce que malgré ses buts, ses feintes, pis son air d’ado qui sort à peine du secondaire, Ivan Demidov transporte un sac à dos rempli de complications diplomatiques.

Et ce sac-là, personne dans l’organisation du CH peut se permettre de l’ignorer.

Ce qui devait être une belle histoire de conte de fées entre un jeune espoir russe et une ville en manque de magie vire lentement en film d’espionnage.

Et comme d’habitude, c’est le Canadien qui risque de se faire avoir en pleine face.

Pourquoi? Parce que la Russie vient de refaire surface sur la scène internationale.

Les Russes veulent revenir dans le portrait international, mais ils sont encore bannis de toutes les compétitions officielles de l’IIHF jusqu’à au moins 2026.

Pas de Mondial junior, pas de Championnat du monde, rien.

Même les Jeux olympiques 2026 leur ferment la porte au nez.

Mais pendant ce temps-là, la LNH prépare sa propre Coupe du monde en 2028, sans l’IIHF, avec ses propres règles.

Et c’est là que la Russie espère s’infiltrer.

La Coupe du monde prévue par la LNH en 2028 pourrait représenter une fenêtre unique, voire miraculeuse, pour revoir une équipe russe sur la scène internationale.

Pas une Russie olympique, pas une équipe d’athlètes neutres, non : une vraie Russie, avec le drapeau, l’hymne, et des gars comme Ivan Demidov, Matvei Michkov, et peut-être même un retour de Kirill Kaprizov dans un rôle de mentor.

Mais attention. Si la compétition a lieu en territoire nord-américain, sous la pleine juridiction de la LNH, il n’y aura pas de souci.

Le CH gardera Demidov bien au chaud à Brossard jusqu’au coup d’envoi.

Pas besoin de passeport, pas besoin de douanes russes, pas besoin de serrer la main à un colonel en uniforme. Il embarque dans l’autobus avec les boys et il joue son tournoi. Fin de l’histoire.

Mais si cette équipe russe, aussi symbolique soit-elle, exige un camp d’entraînement en Russie?

Si on commence à parler de préparatifs à Saint-Pétersbourg, de sélections sur glace à Moscou, de stages fermés à Sotchi?

Là, c’est non. Là, c’est le feu rouge, total.

Parce que le risque est clair : un simple aller-retour, et le Canadien de Montréal pourrait perdre Ivan Demidov pour… deux ans.

Peut-être plus. C’est pas une joke. Le service militaire en Russie, c’est un an minimum.

Mais dans un contexte de tensions diplomatiques, de conflits armés, et d’un joueur de la LNH ultra-médiatisé?

On n’est pas à l’abri d’un mauvais coup du Kremlin.

La politique et le hockey ont toujours été mélangés en Russie. Et la ligne est mince entre représenter ton pays et devenir un outil de propagande.

C’est là que ça devient délicat. Parce que la Russie ne participe pas à ce tournoi comme un simple invité.

Elle veut s’en servir comme levier.

Une manière de montrer qu’elle existe encore dans le monde du sport, qu’elle n’a pas été complètement effacée par les sanctions.

Et un gars comme Demidov, jeune, spectaculaire, charismatique, devient soudainement beaucoup plus qu’un espoir du Canadien. Il devient une vitrine. Une arme médiatique.

La Russie est encore là. Et elle compte bien l’imposer avec ses jeunes vedettes. Cette équipe-là n’aura rien d’innocent. Elle sera politique, du début à la fin.

Et c’est là que Demidov devra choisir.

Pas juste entre le CH et la Russie.

Pas juste entre sa carrière et son patriotisme.

Mais entre rester dans le confort structuré de la LNH… ou prendre le risque de se faire coincer, sacrifié, envoyé à Vladivostok pour servir dans une base militaire avec une mitraillette entre les mains au lieu d’un bâton de hockey.

Ça a l’air exagéré?  Parlez-en à ceux qui ont essayé de revenir.

Il y a des histoires d’athlètes retenus, de passeports confisqués, de familles mises sous pression.

Et même si la Coupe du monde se déroule à Toronto ou à New York, il suffira d’un seul camp obligatoire à Moscou pour tout faire déraper. Une seule convocation.

Kent Hughes et Jeff Gorton le savent. Ils doivent déjà être en train d’en parler dans leurs bureaux.

Parce qu’un scénario catastrophe comme ça, tu veux pas le découvrir dans les médias un matin de février.

Tu veux l’avoir prévu, verrouillé, négocié à l’avance.

Et si ça implique de dire non à la Russie, ben ce sera non. Le Canadien de Montréal n’est pas là pour faire plaisir au Kremlin.

En attendant, on vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Ivan Demidov est peut-être le futur joueur de concession du CH.

Peut-être la pièce manquante qui fera enfin revivre les beaux jours au Centre Bell.

Mais tout ça pourrait s’effondrer si, dans un excès de naïveté ou de loyauté, il accepte une invitation mal ficelée pour représenter une Russie qui, aujourd’hui, marche sur une ligne diplomatique extrêmement mince.

Alors oui, pour l’instant, tout va bien.

Demidov s’entraîne à Brossard. Il sourit. Il enfile les buts comme des perles.

Mais derrière son casque, il le sait. Un faux pas, une mauvaise décision, et tout peut basculer.

La Russie a déjà volé des territoires.

Elle pourrait maintenant voler le joyau du Canadien.

Misère...