Ovation pour Jacob Fowler: le Centre Bell ne veut plus de Samuel Montembeault

Ovation pour Jacob Fowler: le Centre Bell ne veut plus de Samuel Montembeault

Par David Garel le 2025-12-20

Le Centre Bell ne veut plus de Samuel Montembeault.

Il y a des performances qui convainquent une foule, mais il y a des paroles qui convainquent une ville entière. Et samedi soir, dans un Centre Bell encore vibrant de son propre bruit Jacob Fowler a offert une entrevue qui dépasse largement les limites du sport.

Au-delà du blanchissage, au-delà des arrêts, au-delà même de la première étoile, c’est sa manière de parler, de respirer, de se tenir, de regarder la caméra droit dans l’objectif alors que vingt mille personnes refusaient de se taire, qui a provoqué ce sentiment étrange, presque irréel : on n’assistait pas à l’interview d’un jeune gardien. On assistait à l’avènement d’un leader:

Avant même que Renaud Lavoie puisse poser sa première question, Fowler était déjà avalé par le rugissement du Centre Bell.

Le son venait de revenir après la panne de son qui avait transformé l’aréna en cathédrale improvisée, et plutôt que d’écouter la présentation habituelle, la foule s’est mise à hurler son nom comme si elle célébrait un champion olympique. « FOW-LER! FOW-LER! FOW-LER! » sans relâche, sans pudeur, sans attendre qu’on l’autorise. C’était un chant instinctif, animal, mais surtout unanime.

Et ce qu’il y avait de plus troublant dans cette scène, c’était le regard du jeune homme. Un mélange de gratitude maladroite, de lucidité froide et d’émotion vulnérable.

On voyait ses yeux briller non pas de fierté, mais d’un respect gigantesque pour la foule qui le portait littéralement sur ses épaules.

Il aurait pu se perdre, devenir nerveux, perdre ses moyens. Au contraire : il s’est tenu là, solide, ancré, habité par une maturité qui, pour un gardien de 21 ans, défie toute logique.

Puis il a parlé. Le son ne marchait pas au début. Et dès que la foule a pu l'entendre, le toit du building a explosé.

Pas un mot de trop. Pas une excuse. Pas une inflation d’ego. Une maîtrise parfaite du moment. Une phrase qui résume tout ce que cette équipe cherche depuis dix ans :

« Je veux juste aider l’équipe à gagner. Je veux être meilleur chaque jour. »

Il n’y avait rien d’artificiel. Rien de préparé. Rien de scripté.

Ses paroles ont frappé Montréal au ventre.

Pendant qu’il parlait, la foule continuait de rugir. Les caméras tremblaient. Renaud Lavoie s’est même arrêté un instant pour regarder autour, incrédule, comme si la ville venait de basculer sous ses yeux.

Et Fowler, imperturbable, a continué. Il parlait comme un vétéran, assumait ses erreurs comme un gardien de trente ans, expliquait qu'il devait tout à ses parents qui ont tout sacrifié pour lui et ses coéquipiers qui l'ont bien protégé. Il ne forçait pas la grandeur. Elle s’imposait toute seule.

Et pendant qu’il devenait, en direct, l’homme de la soirée, un autre sentiment se répandait dans l’air : le malaise qui entoure Samuel Montembeault venait de se transformer en évidence.

Car pendant que la foule élevait Fowler au rang de chouchou instantané, une question s’imposait :

Pourquoi Montembeault, fraîchement revenu de Laval, va rejoindre ses coéquipiers à Pittsburgh directement de Cleveland pour le match de demain soir?

Le Canadien pouvait le laisser deux semaines avec le Rocket.

Le Canadien pouvait le protéger, le cacher, lui offrir le temps qu’il disait vouloir lui donner.

Le Canadien pouvait l’épargner.

Mais il ne l’a pas fait.

Et tout le monde le sait : ce n’est pas parce qu’il jouera. Il va jouer la 3e chaise.

La vérité, c’est que sa présence à Pittsburgh rend son inconfort encore plus visible... et rend tout le mond autour de lui mal à l'aise.

Il ne fait que flotter autour d’une équipe qui a clairement choisi d’aller de l’avant… sans lui.

Et l’entrevue de Fowler n’a fait qu’accentuer ce gouffre.

Quand un gardien de 21 ans parle avec plus de certitude, plus de calme, plus de leadership que celui qui devait être ton numéro un il y a trois mois, tout est dit.

Quand vingt mille personnes restent dans l’aréna pour hurler le nom d’un kid, tout est dit.

Ce soir-là, Montréal n’a pas célébré une performance.

Elle a choisi son gardien.

Et elle a envoyé un message brutal à l’organisation :

Gardez Fowler en haut, gardez Dobeš avec lui, trouvez une solution pour Montembeault (transaction ou ballottage), mais ne touchez plus à ce duo.

Ce n’est pas un caprice.

Ce n’est pas une réaction impulsive.

C’est une prise de position collective, organique, spontanée, incontestable.

Le Centre Bell ne veut plus de Samuel Montembeault.

L’entrevue de Jacob Fowler n’était pas une simple conversation après-match.

C’était une proclamation.

C’était un instant de vérité.

C’était le moment où Montréal, enfin, a senti qu’elle avait retrouvé une âme devant le filet.

Et maintenant, Kent Hughes n’a plus d’autre choix que d’écouter le public... et trouver la porte de sortie pour Samuel Montembeault...