Owen Beck à Calgary: les propos de Pascal Vincent ouvrent la porte

Owen Beck à Calgary: les propos de Pascal Vincent ouvrent la porte

Par David Garel le 2025-10-27

Nazem Kadri est en train de redevenir le centre d’attention à travers la LNH. Et ce n’est pas un jeu de mots.

Depuis quelques jours, plusieurs équipes explorent activement la possibilité de l’arracher aux Flames de Calgary, qui coulent à vue d’œil avec une fiche désastreuse de 2‑7‑1.

Mais si Kadri est soudainement disponible, c’est surtout parce que la situation devient intenable en Alberta, alors qu'il est clair que les Flames veulent couler le plus profond possible pour avoir une chance de sélectionner Gavin McKenna.

Et dans la tempête, le Canadien de Montréal n’a pas le droit de rester spectateur. Kent Hughes se retrouve devant un dilemme stratégique : agir maintenant, ou voir la Caroline s’emparer du joueur qui pourrait solidifier son top 6 pour de bon.

Car oui, les Hurricanes de la Caroline sont agressifs. Très agressifs. Ils ont mis sur la table plusieurs espoirs B : l'attaquant Bradley Nadeau, le 30e choix au total de 2023; l'attaquant Nikita Artamonov, sélectionné au 50e rang en 2024; et l'attaquant Félix Unger-Sorum, 62e choix au total en 2023.

Un nom qui circule aussi de plus en plus dans les discussions est celui de Dominik Badinka, le défenseur droitier repêché au 34e rang en 2024. À 6 pieds 3, Badinka possède déjà l’expérience du jeu professionnel en Suède et se distingue par sa mobilité et son calme en relance.

On parle ici d'éléments capables de construire un package deal avec des choix pour amener Kadri en Caroline.

Pendant que le DG Eric Tulsky avance ses pions, Kent Hughes tente de répondre avec les moyens du bord.  Montréal n’a pas envie de se départir de ses joyaux. Ni Reinbacher. Ni Hutson. Ni Michael Hage. Alors qu’est-ce qu’il reste?

Owen Beck.

Un centre droitier, défensif, physique, capable de jouer sur les ailes. Un profil de joueur utile, mais sacrifiable. Depuis cet été, Beck circule dans toutes les discussions de transactions impliquant le Canadien, que ce soit avec les Bruins (pour Pavel Zacha), les Islanders (pour Noah Dobson alors que Mathieu Darche a préféré Emil Heineman) ou même Sidney Crosby à Pittsburgh alors que le profil de Beck correspond à la mentalité two-way du DG Kyle Dubas.

À chaque fois, il ne constitue jamais la pièce maîtresse. Il est là, comme throw-in, pour compléter un « paquet », offrir de la flexibilité, rassurer l’autre équipe avec un espoir établi mais non indispensable. Et aujourd’hui, tout indique que Kent Hughes est prêt à le sacrifier dans un montage pour Kadri.

Ce qui ajoute au malaise, c’est l’entrevue accordée par Pascal Vincent à TVA Sports. L’entraîneur-chef du Rocket de Laval a tenté de calmer le jeu, de justifier les performances en dents de scie du jeune homme, mais ses propos confirment ce que tout le monde sait déjà : Beck est sur une pente descendante à Montréal.

« Peut-être que dans son cas, c’est qu’il ne veut pas faire d’erreurs quand il va en haut avec le Canadien et qu’il est un petit peu moins visible, parce qu’il joue de façon un peu plus prudente. »

C’est le genre de déclaration qu’on réserve aux joueurs qu’on ne veut plus défendre. Une manière polie de dire qu’il est transparent avec le grand club. Et pourtant, Vincent a enchaîné avec les qualités de Beck :

« Physiquement, il est très fort. Son patin est élite dans la Ligue nationale. Il a un lancer puissant. Quand tu as un joueur de centre droitier, qui peut aussi jouer sur les deux ailes, qui peut créer un petit peu d’attaque et qui peut être bon défensivement, il peut devenir un joueur important. Il est encore très jeune. Il y a beaucoup d’éléments dans son coffre à outils qui font en sorte que c’est un espoir intéressant pour nous. »

Autrement dit, un joueur utile… mais dont la valeur est surtout relative. Beck n’est plus un projet important pour l’organisation. Il est devenu une monnaie d’échange.

Et ça tombe bien (ou mal), car Nazem Kadri coche toutes les cases du besoin immédiat du Canadien. Maxim Lapierre l’a d’ailleurs résumé avec franchise :

« Kadri est un excellent centre. Il joue dans les deux sens de la patinoire. Il est physique. Il a joué dans un marché canadien. Ce n’est plus un centre numéro un, je suis d’accord. Mais s’il débarque comme deuxième centre, il va causer des problèmes à pas mal d’équipes. »

Il faut dire que l’état des Flames pousse l’organisation à explorer toutes les options.

Son contrat, c’est vrai, est lourd : 7 M$ par année jusqu’en 2029. Mais pour un joueur ayant remporté la Coupe Stanley, capable d’assumer un rôle physique, intense, et d'encadrer des jeunes, il reste un actif attirant pour une équipe comme Montréal, qui vise les séries et qui cherche à stabiliser son centre numéro deux depuis des années.

Le seul frein réel, c’est la clause de non-échange. Kadri peut refuser 13 équipes. Mais tout le monde sait que Montréal serait son premier choix. 

Mais attention. L’équation change complètement si on intègre Sidney Crosby dans le casse-tête. Car si Kadri débarque, est-ce que ça ferme la porte à un retour de Crosby à Montréal en 2026?

Hughes oserait-il renoncer au rêve ultime, juste pour stabiliser sa ligne de centre un an trop tôt? Peut-être pas. Mais il est aussi possible qu’il ait compris qu’attendre Crosby, c’est comme attendre une étoile filante. Tandis que Kadri est là, prêt, disponible. Maintenant.

Tout dépend du prix. Beck, Roy, un choix de premier tour 2026 protégé. C’est probablement le minimum, mais ce ne sera pas assez.

Les Flames pourraient exiger Adam Engstrom, voire faire pression pour insérer Jayden Struble ou Arber Xhekaj. Le Canadien devra jongler avec la valeur actuelle de Kadri… et la surenchère des Hurricanes.

Un défenseur gaucher devra partir. Martin St-Louis prie pour que ce soit Xhekaj, car le coach du CH adore Struble et voit Engstrom comme un futur "stud".

Mais les Flames, clairement, vont préférer Engstrom ou Struble à Xhekaj. Et il faudra bien plus que Beck et un choix de 1ère ronde qui sera synonyme de 2e choix si le CH continue d'être aussi en feu.

Mais une chose est sûre : la fenêtre est ouverte. Et ce genre d’opportunité ne revient pas souvent. Kent Hughes a déjà affirmé être prêt à surpayer pour un 2e centre.

La chance d'une vie est en train de se présenter à Montréal...