Il fallait voir l’ambiance ce matin à Brossard pour comprendre à quel point la panique s’est installée dans l’entourage du Canadien.
Pendant que les médias et une partie des partisans transformaient le rappel d’Owen Beck en preuve irréfutable qu’il était sur le point d’être sacrifié dans une transaction impliquant Ryan O’Reilly, la réalité, elle, était beaucoup plus simple, et beaucoup plus inquiétante pour le CH : Beck n’a pas été rappelé pour être “vitriné”, mais parce que Jake Evans ne tient plus debout.
Le vétéran, qui joue avec une blessure au pied depuis près d’un mois, doit maintenant rencontrer un spécialiste à Philadelphie, et personne, à l’interne, ne comprend pourquoi l’organisation a préféré se réfugier dans un brouillard de « raisons personnelles » au lieu d’assumer franchement qu’Evans est blessé et qu’il est à bout de souffle.
Ce manque de transparence pue l’improvisation. On dirait une tentative désespérée de gagner du temps, comme si Martin St-Louis, Jeff Gorton et Kent Hughes espéraient colmater les brèches avant que le reste de la LNH ne réalise à quel point la structure du centre est fragile.
RDS a confirmé la blessure. Les images ont confirmé la douleur. Mais le CH continue d’inscrire le joueur absent comme si quelque chose de mystérieux devait rester caché.
Pourquoi ne pas dire la vérité? Pourquoi refuser d’assumer que leur centre le plus fiable en désavantage numérique traîne la patte depuis trois semaines? Pourquoi ne soutenir ni le joueur ni la ligne de centre dans un moment où le club traverse sa période la plus tendue de la saison?
La conséquence directe de cette opacité, c’est la confusion généralisée. À peine Beck s’est-il présenté 30 minutes avant l’entraînement au Centre d’entraînement de Brossard que les réseaux sociaux s’enflammaient déjà : c’est une vitrine, c’est un signal vers Nashville, c’est le début d’une transaction.
Mais non. Beck est là parce qu’il n’y a plus personne pour soutenir la troisième ligne, et il est forcé de sauter dans un incendie dont il n’est pas responsable. Hier, c’était un rappel stratégique? Non. C’était un rappel de survie.
Et pendant que Beck se retrouvait à réchauffer Jacob Fowler avec Jared Davidson dans une scène surréaliste en début d'entraînement où on voyait littéralement le club bricoler une structure d’urgence à la dernière minute, Martin St-Louis, lui, brisait sa salade de fruits habituelle pour créer des trios qui ressemblent davantage à une expérience désespérée qu’à une vision cohérente.
L’image la plus forte? Slafkovsky expulsé du premier trio, remplacé par Zachary Bolduc, pendant que Slaf tentait de retrouver ses repères entre Demidov et Kapanen. Rien ne respire la stabilité. Rien ne respire la logique. Tout respire la panique.
Caufield - Suzuki - Bolduc
Slaf - Kapanen - Demidov
Texier - Beck (Evans) - Anderson
Gallagher - Veleno - Davidson
Et c’est là qu’entre en scène Jacob Fowler.
Dobes, encore sonné de sa soirée précédente, qui quitte la glace au milieu d’un ménage à trois... veut dire qu'il est devenu le 3e gardien, alors que tout le monde s'attendait à ce que Samuel Montembeault soit la 3e roue.
Fowler ne quitte jamais son filet, Montembeault perd ses moyens mais demeure sur la glace après avoir alterné avec Dobes.
Le Tchèque écope.
Pendant ce temps, le rappel de Beck devient l’emblème du malaise. Nashville adore l’idée d’un centre jeune et responsable dans une transaction pour Ryan O’Reilly, c’est vrai. Ils aiment Beck. Ils le suivent depuis longtemps.
Mais ils ne l’ont pas vu hier pour évaluer une valeur marchande : ils vont finalement le voir arce que Montréal n’a plus de centre disponible, parce que Jake Evans cache sa douleur depuis le 20 novembre, et parce que l’organisation s’est enfermée dans ce fameux silence opaque qui irrite autant qu’il inquiète.
Nashville est encore là, encore présent dans les gradins, encore intéressé à Xhekaj, Struble et Engström, et plus que jamais à l’affût d’un geste de panique à Montréal.
Parlant des défenseurs, Struble est en danger puisqu'il alternait avec Engström, alors que Xhekaj était au chaud avec Carrier.
Matheson-Dobson
Hutson-Struble ou Engström
Carrier-Xhekaj
Et si Jake Evans s’absente à long terme, Hughes n’aura plus de marge : il devra aller chercher un centre rapidement, même si cela signifie payer un peu plus cher qu’il ne le voudrait. Car oui, Beck peut survivre un match. Mais pas un mois.
Phil Danault se rapproche-t-il de Montréal?
En attendant, Montréal se dirige vers Pittsburgh avec un club dont les 17 patineurs valides sont figés dans une structure temporaire, un club qui, pour la première fois depuis longtemps, ne semble plus en contrôle de son propre plan.
La panique est réelle.
Le marché regarde.
Et pendant que Nashville s’intéresse toujours à O’Reilly, Montréal doit se demander si, cette fois, ce n’est pas son propre alignement qui s’est mis en vitrine malgré lui.
