À Edmonton, on est rendu au bord de l’absurde.
Le capitaine, l’âme de la franchise, l’homme qui traîne une organisation complète sur son dos depuis près d’une décennie, n’a toujours pas prolongé son contrat.
Connor McDavid arrive à la dernière année de son pacte de huit ans, signé en 2017 à 12,5 M$ par saison, et dans moins de douze mois, il pourrait se retrouver à une seule saison de l’autonomie totale, libre de choisir où il veut aller. Personne à Edmonton n’ose prononcer le mot, mais c’est dans toutes les têtes : la fuite.
Et c’est là qu’Ottawa s’en mêle.
Mark Carney, premier ministre et surtout partisan assumé des Oilers, a profité d’une conférence de presse pour faire un clin d’œil directement au contrat non signé de McDavid.
Son humour n’avait rien d’anodin.
« Nous sommes en crise… McDavid n’a pas signé », a-t-il lancé, déclenchant quelques rires, mais révélant en même temps ce que tout le monde pense : la situation dépasse le hockey.
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Quand le gouvernement fédéral glisse Connor McDavid dans le même souffle que les chaînes d’approvisionnement mondiales, c’est que le dossier est devenu un symbole national.
Le problème, c’est que tout le monde connaît les chiffres.
McDavid pourrait toucher beaucoup plus que les 19,1 M$ maximum permis par le CBA actuel.
Sa valeur réelle, les experts la situent entre 45 et 50 M$ par saison si le marché était libre.
Mais le plafond salarial le retient prisonnier.
Et c’est là que la situation devient toxique pour Edmonton : la fenêtre se referme.
Draisaitl, son fidèle partenaire, devient UFA en 2027.
Hyman vieillit. Nugent-Hopkins n’est plus dans la fleur de l’âge.
Et défensivement, à part Bouchard, on parle d’un noyau incapable de livrer quand ça compte.
McDavid, lui, sait tout ça. Il a 28 ans.
Ses meilleures années sont maintenant.
Aujourd'hui, il voit les Golden Knights qui viennent de mettre la main sur Mitch Marner et qui continuent de manipuler le plafond salarial comme des illusionnistes de Vegas.
Il voit la Floride, encore bâtie pour gagner maintenant, qui réussit à attirer des vétérans prêts à jouer pour moins cher afin de courir après une autre Coupe pendant que les Oilers se contentent de bricoler avec des choix moyens au repêchage, de gaspiller des cartouches sur le marché des échanges et de prier pour que Stuart Skinner se transforme, par magie, en gardien numéro un quand le printemps arrive.
C’est là que la comparaison avec Gretzky revient hanter tout le monde.
Pas seulement parce qu’Edmonton pourrait encore perdre son joueur emblématique, mais parce que le timing est identique : une organisation mal gérée, incapable de maximiser la présence d’un talent générationnel, pendant qu’ailleurs, des clubs avec plus de moyens attendent patiemment.
Gretzky avait ouvert la porte au marché américain. McDavid pourrait l’ouvrir à une nouvelle ère de mégastars libres de dicter leurs conditions.
Et c’est ça qui terrifie les partisans d’Edmonton : McDavid n’a aucune clause limitative.
Rien ne l’empêche, dans un an, de dire : « Merci pour tout, mais je veux gagner ailleurs. » Les rumeurs courent déjà. Les Kings, qui rêvent toujours de rééditer le coup de 1988.
Carney, en s’aventurant sur ce terrain, ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.
Ce n’est pas une simple blague de partisan. C’est un geste politique.
En Alberta, il le sait, sa popularité est fragile.
Se montrer solidaire des Oilers, c’est envoyer un message aux électeurs : « Je suis des vôtres, je souffre avec vous. »
Mais pour le reste du pays, ça sonne comme une panique nationale. Comme si le Canada se préparait à vivre un deuxième exil de son héros.
Et si ça arrivait, ce serait pire que Gretzky. Parce que Gretzky avait gagné à Edmonton.
Il avait donné quatre coupes.
McDavid, lui, pourrait partir sans jamais avoir rien ramené.
Le vide total. L’impression que la meilleure carrière de l’histoire récente de la LNH a été gaspillée par une direction incapable de lui donner un gardien, incapable de bâtir une défensive, incapable de faire plus que prier pour des miracles en séries.
La pression est donc double.
McDavid doit décider s’il veut être loyal à une ville qui l’adore, ou s’il veut se libérer pour enfin décrocher la coupe qu’il mérite.
Les Oilers doivent décider s’ils prennent le risque de le perdre pour rien, ou s’ils osent un coup de tonnerre avant 2026.
Et autour, la LNH, la NHLPA, les commanditaires, et maintenant même le gouvernement canadien, tous observent en retenant leur souffle.
Quand le premier ministre du pays te glisse dans un budget imaginaire, ce n’est plus du hockey, c’est de la géopolitique sportive.
Et c’est là que ça devient malsain.
Parce que McDavid n’est pas une ligne comptable, il n’est pas une promesse électorale.
C’est un athlète au sommet de son art, qui pourrait bien décider que sa loyauté ne vaut plus rien face à l’échec répété d’une organisation.
Voilà pourquoi, à Edmonton, c’est la panique.
Parce que tout le monde sait que la décision approche.
Et que si McDavid dit non, il n’y aura pas de deuxième chance. Le pays sera humilié, les Oilers détruits, et la LNH forcée de constater qu’elle n’a jamais su protéger son joyau.
Mark Carney peut bien rire, mais au fond, comme tous les Canadiens, il tremble.
Parce que si Connor McDavid s’en va, c’est toute l’identité du hockey canadien qui s’écroule.
Misère...