Martin St-Louis est tanné comme jamais de cacher la « patate chaude » que représente Patrik Laine à Montréal.
Deux jours avant le début de la saison, tout le monde le sait : Martin St-Louis n’en veut plus vraiment dans sa formation, mais il n’ose pas l’humilier publiquement.
Alors, il manigance. Il déplace les trios, change l’ordre des répétitions, brouille les cartes devant les journalistes. Mais le message, lui, est clair et net : Patrik Laine est en train de glisser vers la sortie.
Aujourd'hui, une séquence a fait jaser dans tout le marché montréalais. Lors des répétitions, le trio composé de Laine, Jake Evans et Josh Anderson a été envoyé en troisième position, devant celui de Demidov-Kapanen-Newhook, alors que tout le monde sait que le trio de Kapanen est le 2e trio et non le 4e trio.
Le journaliste travaillant pour la LNH, J-F Chaumont, avait tellement peur de se faire lancer des tomates à la figures qu'il a publié ceci avant de dévoiler l'alignement:
Les trios du CH à deux jours du premier match. Il ne faut pas hurler contre le messager. Selon l'ordre des répétitions.
Caufield-Suzuki-Slafkovsky
Bolduc-Dach-Gallagher
Laine-Evans-Anderson
Kapanen-Newhook-Demidov
Matheson-Dobson
Guhle-Hutson
Xhekaj-Carrier
Struble
Jeff Chaumont savait très bien que l’ordre des répétitions à l’entraînement allait provoquer une réaction massive des partisans, et il a pris les devants pour désamorcer la bombe avant qu’elle explose dans sa section commentaires.
Tout le monde a vu ce que Martin St-Louis a fait :
Le vrai deuxième trio, c’est Kapanen-Newhook-Demidov.
Le vrai troisième trio, c’est Bolduc-Dach-Gallagher.
Et Laine est bel et bien sur le quatrième trio, avec Evans et Anderson.
Mais St-Louis a inversé l’ordre des passages dans les répétitions pour faire semblant que Laine n’avait pas glissé dans la hiérarchie.
En mettant le quatrième trio « en troisième », il donne une image trompeuse aux journalistes qui publient les lignes sans trop commenter… et il protège Laine d’une humiliation publique immédiate.
Les partisans n’en peuvent plus du Finlandais.
Les réseaux sociaux s’enflamment dès que son nom apparaît sur une ligne « trop haute ».
Tout le monde sait qu’il n’a plus le niveau d’un top-6, et même son rôle dans le bottom-6 est toléré à reculons.
St-Louis joue donc un jeu politique à haute tension. Il protège Laine pour éviter la « baboune » publique, mais en coulisse, il ne compte plus vraiment sur lui.
Si c’était seulement une question sportive, Joe Veleno aurait déjà pris sa place. Mais la gestion de l’ego de Laine est devenue tellement brûlant, au point où le coach manipule même l’ordre des trios à l’entraînement pour éviter une crise médiatique.
C’est une situation explosive. Les journalistes le voient. Les partisans le sentent. Et St-Louis essaie de maintenir le couvercle tant bien que mal.
L’entraîneur-chef joue avec le feu. S’il avait respecté l’ordre réel des lignes, Laine se serait retrouvé derrière tout le monde, exposé en pleine lumière comme un joueur en chute libre.
Et connaissant le tempérament imprévisible du Finlandais, St-Louis ne voulait pas d’une scène publique. Il ne voulait pas qu’il « pète une coche » devant tout le monde. Alors, il a maquillé la réalité. Mais personne n’est dupe.
Si Martin St-Louis avait eu les coudées franches, il aurait mis Joe Veleno à sa place et renvoyé Laine dans les gradins.
Mais on ne rétrograde pas un ancien deuxième choix au total avec un salaire astronomique sans y penser deux fois. C’est une bombe politique. Une bombe médiatique. Une bombe contractuelle.
Depuis son arrivée à Montréal, Laine est traité avec des gants blancs. Le Canadien a fait semblant d’y croire. On a vanté son lancer, on a évoqué sa renaissance possible, on a parlé de la chimie avec Ivan Demidov. Mais sur la glace, rien n’a suivi.
L’échantillon est maintenant trop gros pour se bercer d’illusions. Laine n’arrive plus à suivre le rythme à cinq contre cinq.
Il est lent. Prévisible. Déconnecté du reste de l’équipe. Le seul endroit où il fait encore une différence, c’est sur l’avantage numérique, où son tir demeure une arme. Mais dans le hockey moderne, ça ne suffit plus.
Cette situation est un cauchemar pour St-Louis. En privé, plusieurs dans l’entourage de l’équipe parlent d’une relation devenue « très tendue ».
Les deux hommes ne se parleraient presque plus en dehors des échanges obligatoires. La grande discussion tendue aperçue sur la glace la semaine dernière n’était pas une scène anodine : c’était un moment pognant, où le coach et le joueur ont confronté la réalité.
St-Louis est à bout de ressources. Laine, lui, est furieux. Il ne comprend pas pourquoi il a été rétrogradé. Il se voit encore comme une vedette. Mais le vestiaire, lui, sait bien qu'il est fini. Et les partisans ont tourné la page.
Dans un sondage mené par La Presse, près d’un tiers des répondants ont désigné Laine comme la future déception de la saison.
Le nom qui revient le plus souvent lorsqu’on demande qui sera le premier joueur échangé : Patrik Laine. C’est dire à quel point l’opinion publique a basculé. L’histoire d’amour n’a jamais commencé.
Le plus ironique, c’est que Martin St-Louis, en voulant ménager Laine, accentue son isolement. À force de cacher sa rétrogradation, il laisse planer le doute, alimente les spéculations et brise sa propre autorité.
Tout le monde sait que le trio de Demidov doit monter. Tout le monde sait que Zachary Bolduc est prêt. Tout le monde sait que Laine ne livre plus la marchandise. Mais tant qu’il restera dans cet entre-deux inconfortable, ni dans le top-6, ni dans le top-9, ni vraiment écarté, il va hanter la construction de l’équipe comme une ombre lourde et coûteuse.
Et maintenant, une question brûle toutes les lèvres : que faire ?
Le scénario de l’échange semble improbable. Qui voudrait d’un ailier lent, inconstant, démotivé, à gros salaire ? Le soumettre au ballottage ? Ce serait un geste spectaculaire, mais qui laisserait au Canadien une partie de son salaire sur les bras.
Le renvoyer à Laval ? On doute fortement que Laine accepte. Il pourrait tout simplement rentrer chez lui et encaisser son chèque, comme la convention collective le permet pour certains vétérans. La retraite prématurée ? Plusieurs y pensent ouvertement.
C’est ici que la comparaison avec les Penguins de Pittsburgh devient éclairante. Il y a quelques jours, la direction des Penguins a placé Ryan Graves au ballottage, malgré un contrat de quatre ans à 4,5 millions par saison. Un geste brutal, mais lucide : quand un joueur ne cadre plus, quand il devient un fardeau, il faut trancher.
À Montréal, on hésite. On ménage. On espère un miracle. Mais plus les jours passent, plus cette patate chaude brûle les doigts de Martin St-Louis.
L’entraîneur n’est pas seulement confronté à un problème sportif : il gère une bombe émotionnelle. Laine est un joueur fier, qui a déjà été humilié à Winnipeg, où Mark Scheifele et Blake Wheeler le malmenaient en coulisses. Il a été bousculé à Columbus, où il n’a jamais su s’intégrer dans la communauté, ni dans la chambre.
Montréal devait être une renaissance. Mais la réalité le rattrape.
Et si le pire scénario, pour lui comme pour l’équipe, c’était justement ce statu quo inconfortable ? Tant qu’il restera là, sur une quatrième ligne artificiellement maquillée en deuxième, à être ménagé devant les caméras, l’ambiguïté va rendre le vestiaire toxique.
Les jeunes vont se demander pourquoi lui a un traitement de faveur. Les vétérans vont bouillir en silence. Et St-Louis va continuer à marcher sur des œufs, incapable d’affirmer clairement ce qu’il pense.
Il n’y a plus de cachette possible. Patrick Laine est devenu indésirable. Et Martin St-Louis le sait.
Il ne reste plus qu’à savoir qui osera appuyer sur le bouton.