Lorsqu’on évoque les grandes décisions qui ont marqué la reconstruction du Canadien de Montréal, l’échange pour acquérir Kirby Dach en 2022 revient souvent sur le tapis.
À l’époque, Kent Hughes croyait mettre la main sur un diamant brut. Mais en cédant le 13e choix obtenu pour Alexander Romanov aux Blackhawks de Chicago, le DG du Tricolore ne savait pas qu’il allait se faire humilier trois ans plus tard… par la bouche même d’une légende de la LNH : Patrick Kane.
Dans une entrevue donnée cette semaine, Patrick Kane a fait exploser la bombe.
Interrogé sur un jeune joueur des Blackhawks avec qui il s’est entraîné cet été, Kane a multiplié les compliments.
« Il est impressionnant. Il compète en pratique, il veut gagner les jeux. Il a l’air d’avoir l’occasion d’être une star très productive », a-t-il dit.
Sauf que ce joueur, ce n’est pas Kirby Dach. C’est Frank Nazar. Le même Nazar que les Hawks ont repêché avec le fameux 13e choix cédé par Montréal. Ouch.
@br_openice Patrick Kane has been working out with Frank Nazar in the offseason and sees big things in his future 🍿 (via Blackhawks Breakaway Podcast) #fyp #hockey #nhl #patrickkane ♬ original sound - BR_OpenIce
À ce moment précis, tout le monde à Montréal a compris. Patrick Kane venait de piétiner l’héritage de Dach à Chicago.
Non seulement Kane n’a jamais tenu de tels propos à son sujet, mais on sent qu’il a trouvé, en Nazar, ce que Dach n’a jamais pu incarner : un deuxième centre de confiance, combatif, rapide, intelligent.
Ce que Montréal croyait avoir acquis, Chicago l’a finalement trouvé ailleurs. Avec le propre choix du CH.
Pour bien saisir la gifle, il faut remonter à 2019. Kirby Dach, 3e choix au total, est vu comme l’héritier de Jonathan Toews.
Mais les choses tournent mal. Blessures à répétition, irrégularité, manque de confiance.
Et surtout, incapacité à livrer à la hauteur de son potentiel. Au lieu de s’imposer, il devient un poids pour la reconstruction des Hawks.
Après trois saisons décevantes, la direction de Chicago jette la serviette.
Kent Hughes croit flairer une bonne affaire. Il échange Romanov aux Islanders pour le 13e choix, et ce 13e choix devient la monnaie d’échange pour obtenir Dach.
Un pari audacieux. Mais un pari qui, trois ans plus tard, commence à sentir la catastrophe.
Car pendant que Dach cumule les séjours à l’infirmerie à Montréal, Nazar s’impose déjà comme le deuxième centre des Blackhawks… derrière Connor Bedard.
Oui, Nazar n’a que 21 ans. Mais il a déjà disputé 56 matchs dans la LNH. Il a récolté 12 buts et 14 passes à sa première saison complète.
Mieux encore : il s’est vu confier un rôle sur la première vague de l’avantage numérique, au centre, pendant que Bedard pilote la pointe.
Et devinez qui sont ses ailiers projetés cette saison? Tyler Bertuzzi et Teuvo Teravainen. Pas exactement une troisième ligne.
Et pendant ce temps, Dach? On ne sait même pas s’il sera prêt pour le camp.
Les rumeurs se multiplient sur l’état de ses genoux.
Oui, ses deux genoux. Et même si le Canadien tente de calmer le jeu, le plan de retour ne tient plus.
Pire encore, la direction fait maintenant preuve d’un silence troublant. Comme si on voulait éviter la panique.
Ironie du sort, Chicago, elle, ne panique pas. Elle avance. Elle a tourné la page sur Dach avec une facilité déconcertante.
Et en repêchant Nazar, elle a peut-être réparé l’une des pires erreurs de gestion des dernières années. Une erreur que Montréal a, elle, reprise à son compte.
Ce qui rend l’affaire encore plus cruelle, c’est la symbolique de Patrick Kane.
On parle d’un joueur qui a marqué l’histoire des Hawks. Un joueur dont la parole, à Chicago, a encore du poids.
Le fait qu’il choisisse de s’entraîner avec Nazar, de le vanter publiquement, de le comparer à une future étoile… c’est un signal.
Et ce signal, il est violent pour les partisans du Canadien.
Parce qu’au fond, tout ce que Kane décrit chez Nazar, c’est ce que Hughes espérait trouver en Dach.
De la fougue. Du flair. Une vision du jeu. Une rage de vaincre.
Mais ce qu’il a obtenu, c’est un joueur fragile. Un projet. Un pari toujours incertain.
Et pendant ce temps, l’autre moitié de l’échange ... Romanov ... s’impose à Long Island comme une valeur sûre.
La question se pose maintenant : Hughes a-t-il manqué son coup? A-t-il sacrifié deux piliers potentiels ... un défenseur robuste et un centre dynamique ... pour miser sur un espoir déjà rejeté par sa propre équipe?
Parce que soyons honnêtes : les Hawks ne voulaient plus de Dach. Ils avaient vu ce qu’il avait à offrir. Et ils ont préféré recommencer à zéro.
Ce n’est pas comme si Montréal ne savait pas.
À l’époque, plusieurs analystes avaient mis en garde contre ce pari.
Dach était déjà marqué par des blessures, par des critiques, par une carrière au ralenti. Mais Hughes y a vu une pépite. Il a cru en la renaissance. Trois ans plus tard, il attend encore.
Et pendant ce temps, Nazar ... repêché avec le fameux 13e choix ... continue de gravir les échelons.
Il gagne en minutes, en confiance, en importance. Il incarne l’avenir d’une franchise qui a décidé de regarder vers l’avant.
Et Kane, qui a vu les deux de près, a tranché. Le verdict est clair.
@br_openice Patrick Kane has been working out with Frank Nazar in the offseason and sees big things in his future 🍿 (via Blackhawks Breakaway Podcast) #fyp #hockey #nhl #patrickkane ♬ original sound - BR_OpenIce
Frank Nazar, dans son attitude, son talent, sa compétitivité, est déjà plus près d’être un vrai deuxième centre dans la LNH que Kirby Dach ne l’a jamais été.
Il est là, le vrai uppercut. Pas dans les statistiques. Pas dans les blessures. Mais dans le regard que portent les vétérans.
Dans ce que Kane choisit de dire ... et de ne pas dire.
Quand une légende comme lui te voit comme un pilier de l’avenir, c’est que tu représentes quelque chose. Et Kirby Dach, visiblement, ne représentait plus rien à Chicago.
Alors qu’à Montréal, on retarde encore l’inévitable.
On attend, on espère, on prie. Et on regarde l’avenir du CH se chercher un deuxième centre.
Encore. Toujours. Alors qu’il aurait pu être là. À portée de main. Choisi au 13e rang.
Mais trop tard. Patrick Kane a parlé. Et sa parole, dans cette histoire, sonne comme une condamnation finale.
Misère...