Les mots sans pitié de Patrick Roy: Martin St-Louis est averti

Les mots sans pitié de Patrick Roy: Martin St-Louis est averti

Par David Garel le 2025-12-05

Chaque fois que Patrick Roy entre dans un aréna de la LNH, c’est comme si l’âme du hockey québécois marchait à grands coups de bottes derrière le banc. Et jeudi soir, au UBS Arena, cette âme a rugi à nouveau.

Les Islanders, dirigés par Roy, ont non seulement battu l’Avalanche du Colorado, un club qui sortait d’une séquence incroyable de 17 matchs avec au moins un point et qui avaient une seule défaite en temps réglementaire, mais ils les ont détruits... avec le style du roi Patrick.

Avec fierté et courage. Sans Jonathan Drouin blessé. Et avec un noyau mixé de jeunes et de vétérans que Roy n’a pas peur de libérer. Une victoire de 6 à 3 contre une des puissances de la ligue? Qui aurait parié là-dessus il y a deux mois?

Mais la vraie histoire n’est pas sur la glace. Elle est à Montréal. Elle est dans les estrades du Centre Bell. Elle est dans chaque salon québécois où on regarde le CH en se demandant : et si Patrick Roy était notre entraîneur?

Parce qu'à chaque sortie des Islanders, Roy renvoie à Geoff Molson, à Kent Hughes et à Martin St-Louis une gifle silencieuse, mais sans pitié.

Et celle-là, c’est celle de jeudi soir, contre l’Avalanche : la deuxième seule défaite en temps réglementaire du Colorado cette saison. Une claque, mais livrée avec style.

Roy ne gère pas. Il commande. Il inspire.

Depuis qu’il a pris les rênes des Islanders, Roy a redonné un sens au mot leadership. Pas un leadership PowerPoint. Pas des slogans creux du genre, "game dans la game, "'sanctuaire de glace" ou "processus à long terme". Non. Du vrai leadership inspirant.

Jeudi, Roy a eu le culot de dire à ses joueurs avant le match qu’ils allaient battre l’Avalanche.

« Je leur ai dit que s’il y avait une équipe qui pouvait les surprendre, c’était nous. On joue du très bon hockey dernièrement », a-t-il déclaré.

Et ses joueurs l’ont cru. Parce que lui y croit. Tout le monde y croit, sauf… ceux qui dirigent le Canadien.

Pendant que St-Louis parle de philosophie, Roy fait des miracles avec moins de talent.

Soyons honnêtes : la formation des Islanders est objectivement inférieure à celle du CH en termes de potentiel brut. Et pourtant, ils sont plus efficaces, plus soudés, plus dangereux. Pourquoi?

Parce que Roy maximise le talent. Il ne punit pas ses jeunes dans sa niche. Matthew Schaefer, son jeune prodige, joue 25 minutes par match. Il le jette dans la mêlée avec confiance. Pas avec des gants blancs, ni avec des discours de précaution.

Patrick Roy est ce qu’on appelle un coach qui dérange. Il dérange les adversaires. Il dérange les journalistes. Il dérange même les patrons. Mais il rallie. Il galvanise. Il donne du souffle. Et à Montréal, c’est exactement ce qui manque.

Le peuple le sait. Les joueurs le savent. Roy, c’était le bon choix.

Tout le Québec le voit : Patrick Roy aurait été parfait pour ce marché. Pour cette équipe jeune qui a besoin de structure et de feu. Pour un public qui attend plus que des défaites morales et des games dans la game.

Ce qu’il a fait avec Noah Dobson en dit long. Il l’a bousculé. Il ne croyait pas à son style. Si les Islanders ont volé le CH en obtenant les choix 16 et 17 en plus d'Emil Heineman pour un défenseur qui n'est même pas un défenseur numéro un (certains pensent qu'il n'est même pas un top-2), c'est parce que Roy le trouvait trop nonchalant.

Imagine un instant ce que Roy aurait fait avec un Bolduc. Avec un Demidov. Avec un Xhekaj. Il les aurait transformés en soldats. Il ne les auraient pas enfoncé au fond du trou.

Molson n’a pas eu le courage. Et maintenant, il regarde Roy briller… ailleurs.

Il joue pour gagner. Pas pour expérimenter. Il protège ses gars. Pas son image.

Il pète des coches quand un joueur adverse dépasse les limites. Il gueule contre les entraîneurs rivaux en français. Il insulte, il menace, il défend. C’est peut-être too much pour certains, mais pour un vestiaire, c’est du ciment.

Quand Roy a explosé derrière le banc contre les Stars de Dallas, ce n’était pas un simple « coup de sang ». C’était l’acte d’un entraîneur qui refuse que quiconque manque de respect à ses gars ou à l’esprit du jeu.

Après le plaquage vicieux  de Mikko Rantanen derrière Romanov, la foule a retenu son souffle. Et Roy, rouge de rage, a crié :

« T’aurais fait quoi si c’était ton gars? Mange de la m…! » en français, en pointant du doigt l’adjoint des Stars, Alain Nasreddine.

Ce messag sans filtre, dit une chose claire : quand on joue avec les Islanders, on respecte ou on le paye. Ce n’est pas le discours soft de Martin St-Louis.

C’est du sang, des tripes, de l’honneur. Et c’est exactement ce que de nombreux partisans, joueurs, même observateurs, estiment manquer terriblement au coach du CH.

Dans un contexte où le CH semble frileux et soft, Roy apparaît comme l’antidote.

Quand Roy hurle, quand il défend ses joueurs jusqu’au bout, il montre qu’il ne dirige pas un club : il mène une famile.

Si Montréal veut revivre ce que le public québécois a tant aimé : de la passion, de l’engagement, des joueurs prêts à tout, alors le message de Roy est clair : le temps des demi‑mesures est fini. Martin St-Louis est averti.

Le rêve de Roy à Montréal est peut-être mort. Il est engagé à Long Island. Et ce n’est pas dans sa nature d’abandonner un projet qu’il croit. Mais Montréal, elle, vient de comprendre ce qu’elle a perdu.

Ce n’est pas un coach qu’elle a laissé filer. C’est une identité.

Et tant que le CH refusera de regarder dans les yeux de son peuple en assumant cette erreur, le malaise va rester.

Parce qu’il y a une chose que personne ne pourra effacer : Patrick Roy aurait pu ramener la flamme.

Et à la place, on a les slogans à deux cennes... du petit Marty...