Patrick Roy a craqué. L’entraîneur-chef des Islanders de New York, déjà connu pour son tempérament volcanique, a lancé une véritable charge contre la Ligue nationale après le traitement infligé à son jeune prodige Matthew Schaefer, victime d’un geste dangereux du défenseur des Bruins Nikita Zadorov.
Hier soir, dans une rencontre âprement disputée face à Boston, Schaefer, premier choix au total du dernier repêchage, a été frappé alors qu’il était à genoux, sans défense.
Zadorov, un monstre de 6 pi 7 po, lui a assené plusieurs coups gratuits, déclenchant une mêlée générale. L’arbitre n’a infligé qu’une simple punition pour rudesse, ce qui a rendu Roy fou de rage.
« Ça n’a aucun sens ! », a fulminé le coach après la rencontre.
« Ce jeune-là mérite le même respect que les autres vedettes de la ligue. S’il s’appelait Connor McDavid, cette séquence-là aurait fini avec une expulsion automatique et une suspension. Les arbitres doivent se réveiller. »
Roy a tenu à préciser qu’il ne reprochait rien à ses joueurs, bien au contraire. Il a félicité Anthony Duclair et le capitaine Anders Lee pour avoir immédiatement sauté sur la glace afin de défendre leur coéquipier.
« J’ai adoré la réaction du groupe, ils se sont levés comme une famille. Mais ce n’est pas normal qu’un kid de 18 ans doive subir ça chaque soir », a-t-il martelé.
Cette sortie publique s’inscrit dans un contexte de frustration grandissante chez les Islanders. Depuis le début de la saison, Schaefer subit régulièrement des coups douteux après les arrêts de jeu. Déjà contre Detroit, le 23 octobre, il avait été visé à plusieurs reprises sans que les arbitres n’interviennent fermement. Hier, la limite a été franchie.
Roy estime que la LNH doit appliquer la même rigueur disciplinaire pour protéger les jeunes étoiles que pour les grandes vedettes établies.
« Matthew est un premier choix, un ambassadeur de la relève. On ne peut pas laisser les équipes adverses le tabasser impunément sous prétexte qu’il débute. S’il continue d’être malmené de cette façon, on va le perdre. »
Les propos de l’entraîneur ont fait écho jusque dans le vestiaire. Anthony Duclair, qui a sauté sur Zadorov après la séquence, a déclaré :
« Je vois un géant debout au-dessus de notre petit frère, et ma seule pensée, c’est de le protéger. C’est notre famille ici. »
Même son de cloche chez Schaefer, qui a confié aux journalistes :
« Je les adore. Je sais qu’ils ont toujours mon dos. On se protège entre nous. »
Pour Roy, cette solidarité ne suffit plus. Il veut une réaction institutionnelle de la Ligue. Selon lui, trop de jeunes joueurs deviennent des cibles faciles avant d’obtenir le “traitement des stars”.
Il cite McDavid, Crosby, Bedard :
« Eux, on les protège. Ils ont un halo autour d’eux. Pourquoi Schaefer devrait-il passer par deux commotions cérébrales avant d’avoir droit au même respect ? »
L’incident pourrait bien rallumer le débat sur l’incohérence de l’arbitrage en matière de coups tardifs et d’abus physiques contre les jeunes talents. Zadorov, de son côté, a tourné l’épisode en dérision, affirmant en riant qu’il devait « augmenter ses minutes de punition cette saison ».
Une provocation qui n’a fait qu’attiser la colère de Roy : « Ce commentaire est honteux. On parle d’un adolescent qui veut juste jouer au hockey. C’est inacceptable. »
Matthew Schaefer, lui, garde son calme malgré la tourmente. Avec 11 points en 13 matchs, il connaît un début de carrière exceptionnel et vient d’être nommé recrue du mois dans la LNH.
« Je ne vais pas changer ma façon de jouer, a-t-il confié. Si on me frappe, je vais me relever et continuer. Mais savoir que mes coéquipiers sont prêts à tout pour moi, ça veut dire beaucoup. »
Patrick Roy, en revanche, n’a pas l’intention de calmer le jeu. Le ton de sa conférence de presse annonçait clairement qu’il en a assez du “laisser-faire” des officiels.
« C’est terminé la complaisance, a-t-il lancé. S’il faut que je paie des amendes pour le dire, je vais le faire. Mais je ne vais pas regarder un jeune de 18 ans se faire démolir sans réagir. »
Une déclaration tonitruante, fidèle à la réputation du coach québécois, mais qui pourrait bien forcer la LNH à se pencher sur le cas Schaefer, avant qu’un incident plus grave ne vienne donner raison à Patrick Roy.
Patrick Roy l’a dit sans détour après la rencontre : dans son temps, une telle scène n’aurait pas passé. Si un vétéran avait vu une recrue se faire frapper alors qu’elle était à genoux, le banc se serait littéralement vidé.
Tout le monde se serait rué sur la glace pour défendre le jeune. C’était le code non écrit du hockey d’autrefois, celui d’une époque où la solidarité se traduisait en coups de poing et où la hiérarchie se faisait respecter par la force.
Mais les temps ont changé. Roy, en observant ses joueurs rester disciplinés malgré la frustration, a compris que la LNH d’aujourd’hui n’est plus celle qu’il a connue.
Les règlements, les caméras, la réputation des joueurs : tout sert désormais à dissuader les débordements. Même un entraîneur comme Roy, qui a bâti sa carrière sur la combativité et la fierté au point de lui-même se battre à mains nues (parlez-en à Chris Osgood), doit composer avec cette nouvelle réalité. Il sait qu’il ne peut plus encourager ses hommes à tout casser pour protéger un coéquipier.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il a accepté l’idée de se faire intimider. Derrière ses propos sur la protection de Matthew Schaefer, il y a une promesse claire : celle que les Islanders vont s’armer autrement.
Roy a beau s’adapter au hockey moderne, il reste un adepte du rapport de force. Et tout indique que la direction explorera bientôt le marché pour ajouter un élément plus robuste à l’alignement. Un homme capable de dissuader les coups salauds, de faire comprendre aux adversaires que la recrue vedette n’est pas seule.
Et s’il y a un nom qui revient déjà dans les discussions, c’est celui d’Arber Xhekaj. Le défenseur du Canadien de Montréal incarne exactement ce que Roy recherche : puissance, intimidation et loyauté envers ses coéquipiers.
Le genre de joueur qui ne laisse jamais une injustice passer. Parions que si Roy avait un souhait à formuler à Mathieu Darche, ce serait celui-là : amener un Xhekaj dans son vestiaire pour rappeler à la ligue que, même si les temps ont changé, certaines valeurs (la protection des siens) ne mourront jamais.
Dommage pour lui... le Shérif n'est pas sur le marché des transactions. Il est tout simplement trop populaire pour le public montréalais.
