Louis Domingue avait juré qu’il ne pardonnerait jamais à Patrick Roy.
Pendant des années, il l’a décrit comme l’une des pires personnes qu’il ait rencontrées dans toute sa vie.
« De loin une des pires personnes que j'ai rencontrées dans le monde du hockey et dans la vie en général. »
Le gardien avait publiquement dénoncé l’intimidation et le manque de soutien de Roy lors de son passage chez les Remparts de Québec.
Pourtant, voilà qu’aujourd’hui, un curieux retournement de situation semble apaiser cette relation autrefois empoisonnée. Entre pères, on se comprend, dirait-on.
Patrick Roy, de retour sur la scène de la LNH, n’aura pas mis longtemps à désamorcer la bombe qu’il avait lui-même allumée à l’époque.
Domingue a toujours qualifié Roy de « pire personne » qu’il ait rencontrée, dénonçant un traitement qu’il percevait comme humiliant et dégradant.
« Patrick Roy m’intimidait verbalement jour après jour. Il n’a jamais cherché à m’aider », avait fulminé Domingue.
Ces mots lourds de rancune et de douleur avaient soulevé des vagues dans le monde du hockey, révélant une facette plus sombre de la légende québécoise.
Domingue accusait Roy de l’avoir constamment blâmé pour les défaites des Remparts et de ne jamais lui avoir offert la moindre reconnaissance lors de ses succès.
Domingue avait été cinglant avec ses mots à l’époque :
« Quand on gagnait sur la route, c’était grâce à l’équipe. Mais quand on perdait à Québec, c’était toujours ma faute. »
Cette tension a alimenté des années de ressentiment chez le gardien, qui voyait en Roy un homme insensible, incapable de reconnaître ses erreurs ou d’encourager ses joueurs.
Patrick Roy, fidèle à lui-même, avait réagi à ces accusations avec classe et calme, minimisant l'histoire.
« J’étais dur avec lui, peut-être un peu trop parfois. Mais on agit avec ce qu’on pense savoir. Mon intention a toujours été de les aider, de les soutenir avec passion »
« Je lui disais : “Aujourd’hui, tu peux me détester, mais avec le temps, vous m'aimeras peut-être” »
Mais Domingue continuait sa croisade.
« Personne ne sait ce que j’ai vécu », avait-il affirmé, insistant sur son droit d’exprimer sa vérité. Mais au fil du temps, la colère a fini par s’estomper.
Il avait même nargué Roy en rappelant le triste évènement du 2 décembre 1995, où Patrick Roy avait été humilié par Mario Tremblay qui avait décidé de le laisser sur la glace pour 9 buts.
Lorsqu'il est sorti de la glace, Roy est directement allé voir Ronald Corey pour lui dire qu"il avait joué son dernier match à Montréal.
Domingue était allé loin pour ridiculer Roy.
« Je n'ai jamais rien dit, ce qui se passait dans le vestiaire y restait. Je n'ai pas fait comme au Forum de Montréal contre Detroit, je n'ai pas abandonné mon équipe, ni les partisans et la ville »
Aujourd’hui, Louis Domingue semble avoir tourné la page. Les rancunes de jeunesse se sont adoucies, et un certain respect mutuel semble avoir émergé entre les deux hommes.
Roy, désormais grand-père, apparaît lui aussi transformé. Un clip viral de cet été l’a montré jouant au hockey-balle avec ses petits-enfants, leur disant affectueusement qu’ils étaient « meilleurs que lui ».
Ce moment léger semble avoir offert un aperçu d’un Roy plus apaisé, moins porté vers les explosions qui ont marqué sa carrière d’entraîneur.
Pour Domingue, ce changement est évident.
« Je suis certain qu’il est une personne différente aujourd’hui », a-t-il confié récemment à The Athletic
« Tout le monde évolue. On apprend à être un meilleur parent, un meilleur coéquipier, et je crois qu’il a aussi grandi. »
Le chemin parcouru par Domingue illustre à quel point le pardon peut être un acte de rédemption personnelle. Ce n’est plus le jeune homme frustré de 22 ans qui parle aujourd’hui, mais un adulte qui a appris à composer avec ses blessures du passé.
« J’ai ma propre opinion sur Patrick Roy, mais je suis passé à autre chose », a-t-il affirmé avec sérénité.
Roy et Domingue n’ont peut-être jamais échangé d’excuses formelles, mais il semble que le poids du passé s’est enfin allégé. Domingue, tout comme Roy, a compris que le hockey, tout comme la vie, est une suite d’apprentissages constants.
Anthony Duclair, l'attaquant des Islanders qui connaît Patrick Roy par coeur, approuve:
« Je pense que là où il m’a beaucoup aidé, c’est dans la préparation. Il entraîne avec la même passion et la même intensité qu’il avait comme joueur. Il attend de toi la même chose. Alors tu finis par attendre ça de toi-même »
« Certains n’ont pas compris le message. Il fallait être fort mentalement. Si tu pouvais endurer ce que Patrick demandait, tu pouvais réussir n’importe où »
Si Domingue avait été moins sensible et plus fort mentalement, aurait-il connu une plus belle carrière?
Au final, la réponse importe peu. L'important est que ces deux hommes ont fini par la faire la paix.
Sans même se parler.