Avec la course aux séries qui bat son plein, Patrick Roy se retrouve encore une fois sous les projecteurs, et pas pour les bonnes raisons.
Dimanche soir, lors d’un match crucial contre les Ducks d’Anaheim, l’entraîneur-chef des Islanders a pris une décision qui a fait grincer bien des dents : il a retiré son gardien Marcus Hogberg avec encore 12 minutes à faire en troisième période.
Une stratégie qui est devenue la marque de commerce de Roy au fil des années, mais qui, soyons honnêtes, n’a jamais fonctionné.
La critique n’a pas tardé à pleuvoir. Sur les réseaux sociaux et dans les médias de Long Island, les partisans des Islanders n’en reviennent tout simplement pas.
Pourquoi s’entêter à utiliser une méthode qui a prouvé maintes fois son inefficacité?
Un coup de génie ou une obsession maladive?
Patrick Roy n’est pas étranger à ce genre de décision. Depuis son premier passage dans la LNH avec l’Avalanche du Colorado, il a toujours aimé jouer avec le feu, retirant son gardien bien avant la fin du match dans l’espoir de provoquer une remontée spectaculaire.
Mais dimanche, face aux Ducks, cette décision a encore une fois coûté cher. Une minute plus tard, Sam Colangelo enfilait un but dans un filet désert, portant la marque à 4-0. Fin de l’histoire.
Même Colangelo, visiblement amusé par la situation, a déclaré après le match :
« Je me tiens beaucoup avec Trevor Zegras et Mason McTavish. Tout ce qu’on fait, c’est regarder du hockey. J’avais remarqué qu’ils retiraient leur gardien assez tôt. Oui, c’est assez inhabituel, mais je sais que c’est dans leurs pratiques. »
Si même un jeune joueur comme Colangelo voit venir à des kilomètres la stratégie de Patrick Roy, c’est qu’il y a un problème.
Les partisans des Islanders sont en furie
Après la rencontre, les critiques n’ont pas manqué. Roy est-il en train de perdre la tête? C’est la question que tout le monde se pose à Long Island.
Ce qui agace particulièrement les partisans, c’est que Roy a sacrifié un match important alors qu’il avait déjà fait un choix controversé plus tôt.
En effet, plutôt que d’envoyer Ilya Sorokin devant le filet après sa brillante performance contre San Jose, Roy a préféré donner le départ à Marcus Hogberg, un gardien de bas-étage.
L'excuse des deux matchs en deux soirs n'a pas passé.
Sorokin lui-même n’a jamais caché qu’il voulait jouer des matchs consécutifs. Il est le meilleur joueur des Islanders, leur seule vraie chance de faire les séries, et pourtant, Roy l’a laissé sur le banc dans un moment critique.
Ce n’est pas la première fois que Roy se tire dans le pied avec cette tactique douteuse. En 2015, avec l’Avalanche, il avait retiré son gardien avec 10 minutes à faire contre Ottawa, permettant à Mika Zibanejad de sceller la victoire des Sénateurs avec un but dans un filet désert.
L’an dernier, il avait tenté la même chose contre St. Louis. Pavel Buchnevich avait complété un tour du chapeau grâce à cette erreur.
Et pourtant, Roy continue de s’entêter.
La frustration monte au sein des partisans et des analystes. On commence sérieusement à se demander si Roy ne prend pas ces décisions simplement pour attirer l’attention.
Au, fait, Patrick Roy est-il en manque d’attention?
Soyons clairs : Patrick Roy adore être sous les projecteurs.
C’est un homme de spectacle, un compétiteur, un leader charismatique. Mais cette obsession de vouloir forcer une remontée spectaculaire, est-ce réellement pour le bien de l’équipe ou simplement pour prouver qu’il est un visionnaire incompris?
Est-ce le signe d’un entraîneur qui commence à se tanner? Est-il en train de se plier à Lou Lamoriello après des mois de tension? Ou bien perd-il simplement pied sous la pression de cette course aux séries?
Patrick Roy voulait prouver qu’il pouvait faire des miracles. Mais à force de prendre des risques inutiles et de saboter ses propres chances, il pourrait bien être celui qui empêche les Islanders d’atteindre leur objectif.
Et si les Islanders manquent les séries, les partisans ne lui pardonneront jamais.
Patrick Roy a toujours été un combattant, un homme de défis, un entraîneur capable de transcender une équipe. Mais à force de se battre contre le vent dans la face, on commence à voir des fissures dans l’armure du légendaire gardien devenu coach.
Les signes d’un Roy à bout de souffle? Ils s’accumulent.
D’abord, il y a la relation glaciale avec Lou Lamoriello, qui continue de prendre des décisions sans consulter son entraîneur. Roy voulait que les Islanders soient acheteurs à la date limite des transactions, mais son DG a préféré démanteler l’équipe en envoyant Brock Nelson au Colorado pour entamer une reconstruction qu’il aurait dû amorcer il y a des années.
Ensuite, il y a les résultats sur la glace. Les Islanders, malgré quelques séquences encourageantes, sont toujours à la traîne dans la course aux séries.
Chaque victoire est suivie d’une défaite inexplicable. Chaque espoir est rapidement anéanti par un revers évitable.
Et puis, il y a les comparaisons. Les médias de Long Island n’arrêtent pas de parler de Martin St-Louis, le coach du Canadien qui, lui, n’a aucun problème avec son DG, qui a un vestiaire soudé derrière lui et qui est perçu comme un génie à Montréal.
Chaque jour, Patrick Roy entend parler de St-Louis.
Chaque jour, il voit des articles vantant la philosophie moderne du coach du CH.
Chaque jour, il voit des experts expliquer que même si le Canadien ne fait pas les séries, St-Louis mérite le Jack Adams.
Pendant ce temps, lui, se bat pour garder une équipe à flot dans un océan de problèmes.
Il y a quelques semaines encore, Patrick Roy aurait balayé ces comparaisons du revers de la main. Mais là, on sent que ça commence à le peser.
L’homme qui avait toujours un regard de feu derrière le banc commence à avoir le regard vide. L’homme qui faisait des déclarations fracassantes devant les médias commence à bafouiller des phrases sans saveur.
Et quand on lui parle de Brock Nelson, quand on lui demande comment il se sent, plutôt que de monter au front, plutôt que de protéger son joueur, Roy a lâché un simple : “Business is business.”
Ce n’est pas du Patrick Roy.
C’est comme si Roy lui-même savait que peu importe ce qu’il dira, il ne gagnera pas la bataille contre Lamoriello.
Patrick Roy est un compétiteur né. Mais il est aussi un homme lucide.
Il sait que cette équipe des Islanders n’a pas d’avenir.
Il sait que les partisans commencent à douter de lui.
Pire encore, il sait que pendant ce temps, à Montréal, Martin St-Louis est en train de bâtir un empire.
Là où Roy se heurte à un vestiaire vieillissant et à un DG qui refuse d’évoluer, St-Louis travaille avec une équipe jeune, dynamique et en pleine ascension.
Là où Roy doit forcer ses joueurs à y croire encore, St-Louis, lui, n’a aucun mal à faire acheter son message.
Et ça, Roy le voit. Il le sent. Il est en train de comprendre que sa situation est sans issue.
Son rêve, c’était de gagner avec les Islanders. Son rêve, c’était de bâtir quelque chose de grand à New York.
Mais la réalité le rattrape brutalement. Il ne contrôle rien. Il est le pion de Lamoriello et il ne peut rien faire pour changer ça.
Et cette réalité, elle doit le hanter chaque soir.
Jusqu’ici, Roy avait toujours été un bulldozer, refusant de plier devant l’adversité. Mais pour la première fois, il donne l’impression d’un homme qui vacille.
Il sait que son équipe n’a pas d’avenir.
Il sait qu’en ce moment même, à Montréal, Martin St-Louis vit exactement ce qu’il voulait vivre lui-même.
Et ça, ça doit le déchirer de l’intérieur.