Patrik Laine écarté en février: l’attaquant abandonné par Montréal

Patrik Laine écarté en février: l’attaquant abandonné par Montréal

Par Marc-André Dubois le 2025-06-19

On aurait pu espérer que la misère de Patrik Laine atteindrait enfin un sommet moral.

Qu’après avoir été humilié dans son propre vestiaire, ignoré à son anniversaire, exclu de son mariage alors que la majorité de ses coéquipiers vont snober le plus beau joueur de sa vie, et rejeté par la chambre, il aurait au moins droit à un été tranquille. Mais non. Montréa en a décidé autrement.

Voilà maintenant qu’on parle de le garder dans l’alignement… pour mieux le simuler blessé. De le transformer en marionnette de stratégie salariale. De le placer sur la liste des blessés à long terme, non pas pour le soigner, mais pour tricher. Oui, tricher.

Et la proposition vient de partout : forums de partisans, médias sportifs, même des chroniqueurs bien en vue comme Kevin Dubé (Journal de Québec) osent le dire à haute voix.

C’est désormais clair : plusieurs croient que pour gagner comme les Panthers de la Floride, le Canadien doit tricher comme les Panthers de la Floride.

Le plan? Inspiré directement du « modèle Mark Stone ». On garde Laine jusqu’au mois de février. Ensuite, pouf, une mystérieuse rechute. Un médecin complaisant. Une blessure « qui ne guérit pas ». Et hop! sur la LTIR. Les 8,7 millions de dollars de son contrat disparaissent temporairement du plafond salarial. Magie!

Puis, à la date limite, Kent Hughes a soudainement 8,7 millions à dépenser. Peut-être plus si Brendan Gallagher, lui, est « malencontreusement » pris pour dopage comme Aaron Ekblad. Oui, vous avez bien lu. Certains proposent même d’envoyer Gallagher devant le comité antidopage à exprès.

Comme le note Kevin Dubé avec un sarcasme à peine voilé :

« Il faudrait, dans un monde idéal, que Gallagher se fasse prendre à partir du 62e match de l’année. »

Ainsi, sa suspension de 20 matchs soulagerait le CH de son 6,5 millions sur la masse salariale. Il pourrait ensuite revenir en séries, reposé, comme une fleur.

Et pendant ce temps, Kent Hughes aurait eu les mains libres pour ajouter Sidney Crosby à la date limite des transactions. Après tout, il a exactement le même salaire que Crosby (8,7 M$).

Rappelons que les Panthers ont justement profité de la suspension d’Ekblad pour aller chercher Seth Jones, et que celui-ci a rejoint l’équipe juste à temps pour les séries. Les Golden Knights ont utilisé la même ficelle avec Mark Stone deux années de suite. Et aujourd’hui? Deux Coupes. Aucune punition.

Alors, pourquoi pas Montréal?

Pourquoi pas Laine comme sacrifice d’un système perverti? Pourquoi pas Gallagher comme pion volontaire d’une stratégie de contournement du plafond?

Mais ce qu’on oublie dans toutes ces moqueries, c’est que derrière ces millions, derrière cette machination, il y a un être humain.

Patrik Laine n’est pas une clause comptable. C’est un homme, brisé, isolé, abandonné par ses coéquipiers et déjà condamné à l’exil.

C’est un joueur, présent en Floride pour voir la conquête de la Coupe Stanley de son bon ami Aleksander Barkov, qui a répondu à un partisan des Panthers avec dignité, en disant :

« Je pense que je suis bien à Montréal, on vous a battu quatre fois en saison régulière. » Un trait d’humour, certes, mais qui démontre encore qu’il veut croire, malgré tout.

Il a défendu cette équipe, ce chandail, cette ville. Il a refusé l’humiliation. Il a continué à s’entraîner ici. Il a affiché sa loyauté. Et on veut le « garder » pour mieux le briser?

On parle d’un homme qui a été loyal alors que la ville entière voulait le jeter. Qui passe son été avec sa fiancée, Jordan Leigh, dans les festivals, les rues du Plateau, les terrasses du Mile-End, pendant qu’on ourdit son élimination en coulisse.

Et tout ça pourquoi? Pour faire comme les Panthers. Pour contourner un système déjà injuste.

Brendan Gallagher, quant à lui, est transformé en caricature grotesque. On l’imagine se faire injecter des produits dopants juste avant le 62e match pour se faire suspendre au bon moment.

Une suspension sans solde qui libère son cap hit, comme Ekblad à Miami. L’idée est non seulement cynique, mais profondément indigne d’un joueur qui a tout donné au CH.

Alors oui, peut-être que certains ont raison de dire que Bill Zito et Paul Maurice méritent tout le crédit pour deux Coupes consécutives. Mais à quel prix? Et à quel point faut-il "tricher" l’esprit du sport pour atteindre la gloire?

La LNH est au bord d’une crise d’intégrité. Les Oilers sont sous enquête pour la gestion de la blessure d’Evander Kane. Les Panthers ont été pointés du doigt pour Tkachuk. Vegas, avec ses manœuvres à répétition, a dégoûté des millions de partisans. Et maintenant, les fans du Canadien de Montréal se préparent à imiter ces tricheurs sans aucune honte.

Il y a une ligne qu’on ne franchit pas. Et aujourd’hui, le Canadien regarde cette ligne droit dans les yeux. Pire : il prépare son saut.

On peut gagner sans renier son âme. On peut reconstruire sans écraser les plus fragiles. Et surtout, on peut refuser de sacrifier des hommes pour un trophée.

Mais il faut vouloir. Et Montréal, en ce moment, veut tricher. Veut faire semblant. Veut copier. Sans se regarder dans le miroir.

Patrik Laine mérite mieux que d’être une fraude comptable. Gallagher mérite mieux que d’être un dopé volontaire. Et les partisans du CH méritent mieux que des manipulations honteuses copiées de la Floride.

Et si c’est ça le prix pour gagner la Coupe?

Alors qu’on la laisse aux Panthers.