Il y a des moments dans une carrière où un joueur ne se contente pas de parler — il allume littéralement une mèche qu’il aurait mieux fait d’ignorer.
Et aujourd'hui, c’est exactement ce que Patrik Laine et Ivan Demidov viennent de faire.
À la veille d’une série historique entre le Canadien de Montréal et les Capitals de Washington, alors que l’atmosphère devrait être à la prudence, au respect, à l’analyse froide du monstre qu’est Alex Ovechkin, nos deux électrons libres ont préféré foncer tête baissée dans le piège.
Lors de sa rencontre avec les journalistes samedi matin, on a demandé à Patrik Laine ce que ça lui faisait de jouer contre son idole de jeunesse, Alex Ovechkin.
Et sa réponse est entrée directement au Panthéon de l’insolence en séries :
“Je m'en fiche complètement.” Oui. Tu as bien lu. Il s'en fout.
Le gars qui a modelé son tir sur celui d’Ovi. Le gars qui a grandi en regardant le #8 empiler les buts comme des Big Macs. Ce gars-là… n’en a rien à foutre.
Même pas un minimum de “c’est un honneur”, ou un “j’ai hâte de l’affronter, mais je suis concentré sur mon équipe”.
Non.
Juste un dégelé verbal, brut, sans nuance, balancé comme un missile croisé en pleine zone neutre.
Et ce n’est pas une mauvaise traduction, non. C’est bel et bien ce qu’il a dit, droit dans les yeux, avec son air désinvolte de gars qui s’apprête à jouer au ping-pong, pas à affronter une légende vivante.
Et comme si ce n’était pas suffisant, Ivan Demidov, son coéquipier fraîchement débarqué de Russie, n’a pas fait mieux quand on lui a demandé s’il avait grandi en regardant Ovechkin.
“Non. Moi, c’était plus Malkin que je regardais. J'aime beaucoup plus Malkin qu'Ovechkin.”
BOOM. Une deuxième claque au visage du Tsar. Venue de son propre peuple.
Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux.
Sur X (Twitter), plusieurs partisans des Capitals ont déjà commencé à ressortir des vidéos d’Ovechkin qui détruit ses adversaires en séries.
On y voit des mises en échec violentes, des tirs en pleine lucarne, des gestes de vétéran dominant, du genre à faire comprendre en une seule période pourquoi ce gars-là a 897 buts dans la LNH.
Et c’est là que tu te dis : mais bon Dieu, Chantal, où étais-tu?
Chantal Machabée, on a besoin de toi.
Urgence nationale.
Il faut sortir Patrik Laine de devant les caméras immédiatement. On savait déjà qu’il avait un historique de déclarations douteuses, mais là, ce n’est plus drôle.
Tu viens de fournir toute la motivation du monde à un gars qui cherche exactement ça pour redevenir une menace.
Et Ivan Demidov, lui, on le comprend. Il est jeune, il débarque, il essaie de se faire discret tout en étant honnête. Mais même là, l’alignement des planètes est un peu trop parfait.
On parle d’un Russe de 19 ans, survolté par l’adrénaline de ses débuts, qui va affronter un autre Russe de 39 ans… avec une vendetta personnelle bien plantée en 2010.
Parce que oui, les Canadiens ont déjà brisé le rêve d’Alex Ovechkin.
Et si tu crois qu’il a oublié ce printemps-là, en 2010, où le CH a éliminé Washington en 7 matchs avec Jaroslav Halak qui devenait une divinité en arrêtant tout ce qui bougeait?
Tu te trompes lourdement.
Cette année-là, les Capitals avaient terminé premiers de la LNH. Ils étaient les favoris pour la Coupe Stanley.
Ovechkin jouait du hockey de rêve aux côtés de Bäckström, Green, Semin, et Bruce Boudreau menait le banc avec la langue sortie.
Mais le Canadien, avec Halak en feu, Cammalleri qui marquait à tous les matchs et un système défensif impeccable, a refermé la porte. Brutalement.
C’est le genre de traumatisme qui reste dans les os, même 15 ans plus tard.
Alors imagine un peu Ovechkin lisant les propos de Laine dans sa chambre d’hôtel, à l’aube d’une série où il veut tout donner avant de tirer sa révérence.
Imagine sa réaction.
Et maintenant, demande-toi si tu penses vraiment que ce gars-là va se laisser marcher dessus.
Parce que si Alex Ovechkin a un dernier coup de théâtre dans le ventre, c’est cette semaine que ça va se produire.
Et ce qui est peut-être encore plus ironique dans tout ça, c’est que ni Laine ni Demidov n’ont voulu être désobligeants. Ce n’était pas de la haine. Ce n’était même pas de l’arrogance volontaire.
C’était… de la franchise mal placée.
Mais en séries éliminatoires, il n’y a rien de plus dangereux qu’un vétéran humilié.
Et là, on vient de lui donner toute la matière pour nourrir sa rage.
Oui, le CH a de belles chances de causer une surprise.
Oui, Lane Hutson et Ivan Demidov représentent le futur.
Oui, Patrik Laine peut marquer à tout moment avec son tir foudroyant.
Mais quand tu déclenches une guerre psychologique avec le meilleur marqueur de tous les temps, il faut que tu assumes la tempête qui s’en vient.
Et tu sais quoi?
Ça commence lundi soir.
Au Capital One Arena. Devant Ovechkin. Devant les caméras. Devant le monde entier.
Et là, il ne suffira plus de parler.
Il faudra répondre.
Misère