Il y a des moments où il vaut mieux tourner sa langue sept fois avant de parler. Jean-Nicolas Blanchet du Journal de Montréal doit profondément regretter de ne pas l’avoir fait.
Pendant des semaines, il n’a cessé de crier que l’expérience Patrik Laine devait se terminer, que le Finlandais était un poids mort pour le Canadien, qu’il fallait le renvoyer chez lui sans plus tarder.
Il a même osé prétendre que Laine était nuisible à la culture de l’équipe, qu’il ne méritait plus d’être sur la glace, que sa place était en dans les gradins ou ailleurs.
Pour lui, l’expérience Patrik Laine à Montréal est un échec retentissant. Il martèle l’idée que le Canadien serait une bien meilleure équipe sans lui, et il a même suggéré que la direction devrait le renvoyer chez lui plutôt que de continuer à lui accorder du temps de jeu.
Mais sur quoi repose exactement son argumentaire? Pourquoi s’acharne-t-il autant sur Laine?
Blanchet ne cesse de répéter que Patrik Laine est une catastrophe à forces égales. Il avance des statistiques inquiétantes :
Seulement trois buts marqués à cinq contre cinq en 36 matchs.
Un différentiel catastrophique qui le place parmi les pires attaquants de la LNH.
Un manque d’engagement flagrant dans le jeu défensif.
Blanchet reproche aussi à Laine son attitude jugée nonchalante. Il l’accuse de ne pas avoir le feu sacré, d’être trop confortable dans son rôle d’attaquant spécialisé en avantage numérique, et de ne pas démontrer l’intensité requise pour jouer dans un marché exigeant comme Montréal.
Blanchet remet en question l’influence de Laine sur la culture du vestiaire, affirmant que son manque de combativité va à l’encontre des valeurs que Martin St-Louis tente d’inculquer.
Il considère que Laine n’est pas un élément positif pour la construction du Canadien, et que même ses prouesses en avantage numérique ne justifient pas son apport global à l’équipe.
Il estime que sa nonchalance influence négativement les jeunes joueurs et qu’il représente tout ce que Martin St-Louis tente d’éliminer dans l’ADN du Canadien.
Un autre point soulevé par Blanchet est que Laine prend la place de jeunes joueurs qui pourraient mieux s’intégrer dans la culture du Canadien.
Selon lui, un joueur comme Joshua Roy mériterait d’avoir plus d’opportunités plutôt que de voir Laine monopoliser du temps de jeu en avantage numérique sans apporter d’aide ailleurs.
Face à cette critique assassine, plusieurs analystes ont défendu Patrik Laine, notamment Mark de Foy, qui compare son rôle à celui d’un frappeur de choix au baseball.
Il est vrai que Laine n’est pas un joueur complet et qu’il ne brille pas à cinq contre cinq. Mais ce qu’il apporte en avantage numérique est exceptionnel.
16 buts en 36 matchs, ce qui le place sur un rythme de 36 buts sur une saison complète.
Un pourcentage d’efficacité historiquel lorsqu’il reçoit une rondelle dans son bureau.
Un tir qui force les adversaires à respecter son tir et qui ouvre des opportunités pour les autres joueurs du Canadien.
Comparons son rôle à celui d’un frappeur de choix au baseball. Est-ce qu’un DH (Designated Hitter) doit exceller en défense pour être utile? Non. Son travail, c’est de frapper des circuits.
C’est la même chose pour Laine.
Il est certain que Martin St-Louis aimerait voir plus d’efforts défensifs, mais son tir est une arme qui permet au Canadien de gagner des matchs.
Contrairement aux affirmations de Blanchet, plusieurs joueurs ont manifesté de la joie et du respect envers Laine après ses buts récents. Son but contre la Floride a été célébré par Cole Caufield avec une intensité qui prouve son intégration au groupe.
L’acharnement de Jean-Nicolas Blanchet est révélateur d’un problème plus profond dans la couverture médiatique du Canadien.
Certains journalistes semblent incapables d’apprécier les qualités d’un joueur sans se focaliser uniquement sur ses défauts.
Mais voilà. Patrik Laine a répondu sur la glace.
Un but sublime samedi soir après un match de deux points à Seattle. Une implication dans toutes les sphères du jeu. Une équipe qui célèbre avec lui.
Et soudainement, toute la crédibilité de Jean-Nicolas Blanchet s’est effondrée en direct.
La tension était déjà tendue en studio. Jean-Charles Lajoie, jamais du genre à se laisser marcher sur les pieds, ne pouvait pas laisser passer ça.
Il a confronté Blanchet, lui a rappelé que les joueurs du Canadien eux-mêmes célébraient Laine, qu’il était clairement intégré à l’équipe, et que l’histoire de “Laine nuisible au vestiaire” était une fabrication pure et simple.
Et c’est là que tout a explosé.
Blanchet, piégé par ses propres déclarations, a tenté de se défendre maladroitement, répétant que Laine était unidimensionnel, qu’il ne contribuait qu’en avantage numérique, et que le Canadien ne pouvait pas se permettre d’avoir un joueur aussi limité.
Mais Lajoie ne l’a pas lâché. Et il a raison.
Le journaliste voit les gars après son but? Il voit comment ils sont contents pour lui? Il voit comment ils célèbrent? Ça, c’est pas un joueur mis à l’écart! Ça, c’est un gars qui fait partie du groupe! Quand est-ce qu'il va arrêter de dire n’importe quoi?
Blanchet, visiblement en perte de contrôle, a commencé à bafouiller. Il tentait de justifier ses propos en parlant de l’attitude de Laine, mais le mal était fait.
Cet affrontement en studio prouve un problème plus profond dans le traitement médiatique de Patrik Laine.
La presse québécoise s’est acharnée sur lui comme jamais.
Que ce soit TVA Sports, RDS, Le Journal de Montréal, tous ont eu leur moment où ils ont fait de Laine leur punching bag préféré.
Et aujourd’hui, alors qu’il joue son meilleur hockey depuis son arrivée, certains refusent encore de lui donner le moindre crédit.
Pourquoi? Par orgueil.
Parce qu’admettre qu’ils ont eu tort exigerait une humilité que bien peu de journalistes semblent posséder.
Mais ce qui est le plus fascinant, c’est que Laine n’a pas eu besoin de parler. Il a répondu avec son jeu. Il a répondu avec ses coéquipiers qui célèbrent avec lui.
Il a répondu avec une performance qui fait mentir tous ses détracteurs. Jean-Nicolas Blanchet a voulu faire de Laine un bouc émissaire.
Mais aujourd’hui, il est celui qui se retrouve dans l’embarras.
Car le vestiaire du Canadien a choisi son camp.
Et ce camp n’est pas celui de Blanchet et de ceux qui voulaient faire disparaître Laine.