Pensées pour José Théodore: Louis Morissette rédige un message public

Pensées pour José Théodore: Louis Morissette rédige un message public

Par David Garel le 2025-05-12

C’était supposé être une conversation légère. Un moment de détente entre deux beaux-frères. Un épisode de plus du populaire balado La poire et le fromage animé par Louis Morissette, qui recevait cette fois José Théodore, l’ancien gardien vedette du Canadien, maintenant chroniqueur respecté au 98.5 FM.

Ce que personne n’avait vu venir, c’est que ce qui devait être une banale discussion a tourné en commotion virale. Une heure et demie de contenu… devenu le moment médiatique le plus bizarre de l’année sur la toile québécoise.

Des centaines de commentaires YouTube. Des dizaines de blagues douteuses. Et une tempête de neige imaginaire… en Floride.

Dès les premières minutes, on comprend que quelque chose cloche. José Théodore est visiblement surexcité, agité, désorganisé.

Il parle à un rythme effréné, passe du coq à l’âne, multiplie les anecdotes, les gestes, les expressions faciales intenses. À certains moments, Louis Morissette lui-même semble incapable de le suivre. Il rit nerveusement, hoche la tête, tente de garder un fil qui se brise à vue d’œil.

Et puis, les commentaires ont commencé à exploser. D’abord sur YouTube. Puis sur Reddit. Puis sur X. Le Québec en entier s’est demandé : “Mais qu’est-ce qui se passe avec Théo?”

Certains commentaires étaient cruels. D’autres, franchement malveillants. Mais tous tournaient autour de la même insinuation : que José Théodore était sous l’influence d’une substance pendant l’enregistrement.

"Les changements climatique frappent encore avec une tempête de neige en Floride"

"Tbk ! l a neigé beaucoup dans la tête à José !"

“Le soleil tape fort en Floride!”

“Il y a de la poudre dans sa poudre! ”

“Il est allé skier dans la tempête de neige!”

Le mot “poudre”, "tempête de neige", "ski" ou ses nombreux synonymes codés, a été mentionné des dizaines de fois. L’allusion était claire. Trop claire. Et même si aucune preuve ne permet d’appuyer ces rumeurs, la perception publique s’est emballée.

À un point tel que Louis Morissette lui-même a dû intervenir dans la section des commentaires pour défendre son beau-frère :

“Guys!!!! Clairement vous ne connaissez pas le vrai José. Ça c’est mon beau-frère depuis 24 ans. Intense, baveux et très bon raconteur. Y’a le Théo ‘média de masse’ pis y’a le Théo dans la vraie vie. Pis y’est de même à 9 heures le matin… pas besoin de poudre! ”

Un message qui se voulait rassurant. Et sans doute sincère. 

Car il y a une autre question qui flotte dans l’air, et que plusieurs internautes ont posée : comment Louis Morissette a-t-il pu diffuser cette entrevue? 

Ne s’est-il pas rendu compte, au montage, que quelque chose n’allait pas? Était-ce de l’insouciance? De la négligence? Ou une volonté délibérée de provoquer un buzz, même au détriment de son propre beau-frère?

Plusieurs commentateurs se sont indignés :

“Si c’est de la famille, retirez cet épisode.”

“Louis devrait prendre plus soin de son frère, c’est triste.”

“Pourquoi laisser ton beau-frère se faire démolir comme ça?”

Et le plus grand malaise de tous : Louis n’a rien supprimé. Parce que le supprimer, ce serait avouer qu’il y avait un problème. Et à ce stade, le mal est fait. Le clip a été vu, partagé, remixé, moqué. C’est devenu un moment viral aux répercussions bien réelles.

Soyons clairs ici : il est hautement improbable que José Théodore ait été sous l’effet d’une quelconque substance. Ce genre d’accusation est grave. Injuste. Et franchement irrespectueux.

Théodore est connu pour être un passionné intense, un raconteur flamboyant, un homme énergique qui vit le hockey dans chacune de ses fibres.

Il a toujours été un peu “trop” pour les plateaux formatés. Et c’est probablement ce qu’on a vu ici : le vrai Théo, brut, sans filtre, sans script. Un feu roulant.

Mais dans une époque où l’image prime sur l’intention, il n’en fallait pas plus pour déclencher une tempête.

Ce podcast a aussi ravivé une vieille image que Théodore tente de faire oublier depuis longtemps : celle des “Trois Amigos”.

Lui, Mike Ribeiro et Pierre Dagenais, au cœur de toutes les rumeurs de nightlife à Montréal dans les années 2000. Des histoires de partys, de soirées endiablées, de frasques qui ont collé à leur réputation comme une étiquette impossible à décoller.

Et soudainement, en 2024, un simple podcast a suffi à ramener cette image. Même si Théodore est aujourd’hui père de famille, entrepreneur, analyste sérieux au 98.5, installé en Floride, le public ne lui a pas pardonné ce moment de faiblesse médiatique. 

C’est injuste. C’est cruel. Mais c’est la réalité d’un Québec qui n’oublie jamais ses légendes… surtout quand elles trébuchent.

Le plus troublant dans toute cette histoire, c’est l’ambiguïté de la réaction publique. Oui, les commentaires sont moqueurs, parfois méchants.

Mais ils sont aussi fascinés. Car derrière les blagues sur la “poudre” et le “baril de Red Bull”, il y a une vraie affection pour José Théodore. Une admiration. Une nostalgie.

“Une machine de guerre José. Je suis positivement épuisé!”

“Théo pas de filtre est vraiment bon! Le beau-frère a d’la misère à suivre!”

“José est tout simplement magique!”

“Je veux ce podcast là à toutes les semaines.”

Même ceux qui critiquent, restent scotchés à l’écran. Ce n’est pas du rejet. C’est une commotion. Un choc entre ce qu’on attendait et ce qu’on a eu.

Ce podcast ne devrait pas être vu comme un “bad trip viral”, mais comme le miroir inconfortable de notre société médiatique. 

José Théodore n’a pas livré une performance polie. Il a été brut, bordélique, vrai. Et oui, il avait l’air intense. Trop intense. Mais peut-être parce qu’il ressent encore tout avec la même passion qu’il mettait sur la glace.

Louis Morissette, de son côté, devra apprendre qu’on ne laisse pas un frère s’exposer comme ça sans protection.Même dans un cadre léger. Même si c’est “pour le fun”. Il avait une responsabilité. Et il l’a laissée filer.

La grande erreur, dans tout ça, c’est peut-être justement la proximité entre les deux beaux-frères. Un podcast, normalement, c’est une entrevue, un échange entre deux personnes capables de se relancer, de garder une certaine distance critique pour que la conversation reste fluide et compréhensible.

Or, ici, les frontières se sont complètement effacées. C’était plus une réunion de famille qu’un podcast structuré. Louis Morissette, trop familier, trop dans le non-dit, n’osait pas recadrer son beau-frère quand celui-ci dérapait verbalement.

Il riait nerveusement, perdait le fil, laissait Théodore s’enliser dans ses anecdotes éclatées sans jamais reprendre le contrôle.

Résultat : on assiste à un étrange déballage privé en public, où la complicité "belle-fraternelle" étouffe complètement le format.

Et dans ce chaos, c’est José Théodore qui en paie le prix, livré à lui-même sous les projecteurs d’un public qui n’était pas prêt à le voir dans cet état.

Quant à nous, public québécois? Peut-être qu’on pourrait commencer par écouter sans juger. Et reconnaître que derrière les grands gardiens, il y a aussi des hommes qui trébuchent. Qui vivent. Qui explosent parfois. Mais qui restent, malgré tout, des héros à leur manière.

Parce que s’il y a une chose que ce podcast a prouvé, c’est que José Théodore est encore, 20 ans plus tard, capable de faire vibrer le Québec comme personne.