Pensées pour Juraj Slafkovsky et sa famille

Pensées pour Juraj Slafkovsky et sa famille

Par David Garel le 2024-10-11

Le début de saison de Juraj Slafkovsky avec le Canadien de Montréal a été un véritable cauchemar.

Attendu comme un joueur clé pour cette saison, l’ailier slovaque n’a pas réussi à répondre aux attentes, accumulant les erreurs et les performances décevantes depuis le camp d'entraînement jusqu'aux deux premiers match de la saison régulière.

Dany Dubé a été cinglant en analysant son jeu sur les ondes du 98,5 FM :

« On n'a pas vu grand-chose du premier trio. Je suis déçu de la performance de Slafkovsky ce soir.  La gestion de la rondelle, ça a été pénible. »

Selon Dubé, l'attaquant a eu du mal à prendre de bonnes décisions et ses revirements fréquents ont nui à l'équipe.

«On n'a pas vu grand-chose du premier trio, mais surtout de Slafkovsky. Je n'ai pas trouvé qu'il a joué un grand match."

"Il y a eu beaucoup, beaucoup de revirements. Ils n'ont pas pris de bonnes décisions avec la rondelle. Ça a été difficile le long des rampes pour les joueurs du Canadien. Je trouve que ça prenait trop de temps de créer des surnombres.»

Slafkovsky est confronté à une pression constante. Dès son arrivée à Montréal, le jeune joueur devait non seulement justifier le choix controversé du Canadien, mais aussi endosser le rôle de visage de la reconstruction de l’équipe.

Ce qui aurait pu sembler comme une progression naturelle pour un talent brut comme lui 'est transformé en un lourd fardeau.

Le joueur de 20 ans, qui avait déjà connu une attention médiatique intense en Slovaquie, voit désormais sa carrière scrutée à la loupe par les partisans et les médias montréalais. Les attentes sont immenses, et ses erreurs sur la glace n’échappent à personne.

Encore plus depuis la signature de son immense contrat qui était beaucoup trop précipité. 7,6 M$ par année, ça te met une pression sans bon sens.

En plus de la pression liée à Montréal, Slafkovsky doit composer avec des problèmes personnels qui viennent aggraver la situation.

En Slovaquie, ses parents sont victimes de harcèlement médiatique. Les journaux locaux ne manquent jamais une occasion de faire les manchettes avec les moindres faits et gestes de la famille.

Il y a même des gens qui vont sonner à leur maison, que ce soit le jour ou la nuit.

N'ayons pas peur des mots. Sa famille vit une véritable tourmente en Slovaquie. Depuis qu’il a été choisi au tout premier rang du repêchage en 2022, l’attention autour de lui s’est intensifiée, faisant de lui l’athlète le plus surveillé de son pays.

Chaque geste, chaque déplacement est scruté à la loupe, et cette surveillance ne se limite pas qu'à la performance sportive.

La vie privée de Slafkovsky et celle de sa famille sont également devenues des sujets d'intérêt public.

En Slovaquie, le jeune joueur de hockey est considéré comme une figure légendaire, le futur sauveur du hockey national, un statut qui fait de lui une cible constante pour les médias.

Cette pression médiatique se traduit par un harcèlement quotidien pour sa famille. Les journalistes slovaques n’hésitent pas à publier des photos de sa maison, de sa mère en bikini ou encore des endroits fréquentés par ses proches.

Sa petite soeur est parfois suivie quand elle va à l'école.

La salle de sport de sa mère, Gabriela, a fait l’objet de reportages, tout comme la résidence familiale située en banlieue de Košice, qui est maintenant bien connue de la population en raison de sa médiatisation abusive.

Gabriela est une ancienne nageuse de haut niveau qui a représenté la Slovaquie aux Championnats d'Europe et continue de participer à des triathlons tout en travaillant comme entraîneuse de natation et instructrice de pilates.

Elle ne peut plus travailler et s'entraîner en paix, car les médias la dérangent constamment.

La situation va même jusqu'à des actes plus intrusifs. Les parents de Slafkovsky subissent fréquemment des appels téléphoniques de la part des journalistes, qui cherchent constamment à obtenir des informations exclusives ou à recueillir des réactions, notamment après les matchs de Juraj.

À cela s’ajoute le fait que des jeunes, parfois des inconnus, n'hésitent pas à venir sonner à la porte de la maison familiale pour demander des autographes ou simplement tenter de l'apercevoir.

Cette intrusion dans leur quotidien est perçue comme un cauchemar par la famille, qui a de plus en plus de mal à préserver une certaine intimité.

Juraj lui-même a expliqué que lorsqu’il retourne en Slovaquie, il est obligé de se cacher. Pour éviter l’attention excessive, il privilégie les restaurants appartenant à des amis où il peut entrer discrètement par l’arrière et dîner dans des pièces privées.

Sortir dans des lieux publics, comme les bars ou même les magasins, est devenu une une activité trop pénible qu’il préfère éviter.

Faire ses courses avec sa petite sœur, par exemple, se transforme rapidement en séance photo non désirée, où les passants demandent des selfies ou le filment à son insu.

Cette attention permanente n’est pas seulement difficile pour lui, mais elle affecte aussi le moral de ses parents, qui se trouvent parfois à devoir défendre leur fils face à des critiques virulentes, même lorsqu’il s’agit de simples contre-performances sportives.

La moindre erreur de Juraj sur la glace déclenche des vagues de commentaires négatifs et de jugements méchants dans les médias locaux, amplifiant le sentiment d’être constamment jugé non seulement en tant qu’athlète, mais aussi en tant qu’individu.

Vous rajoutez les critiques de Montréal et Slafkovsky doit avoir une santé mentale parfois chancelante.

L’attitude de Slafkovsky face à cette pression est partagée entre courage et frustration. D'un côté, il comprend que cette fascination provient de l’amour que les Slovaques et les Montréalais portent au hockey et de leur espoir de le voir réussir à la hauteur des légendes comme Peter Bondra, Marián Hossa ou Zdeno Chára.

De l'autre, il qualifie ce climat de toxique, car il affecte non seulement son bien-être, mais aussi celui de sa famille. Cette situation l’a même poussé à refuser de donner des entrevues à certains journalistes slovaques, qu’il considère comme étant trop intrusifs ou sensationnalistes.

Ce que Juraj Slafkovsky et sa famille traversent en Slovaquie est bien plus qu’un simple défi sportif. C’est une épreuve personnelle, où la ligne entre la vie publique et la vie privée est floue, et où chaque instant de leur quotidien est susceptible d’être exploité à des fins médiatiques.

Pour Juraj, cette situation exige une force mentale considérable, non seulement pour continuer à performer sur la glace, mais aussi pour protéger sa famille de l’influence écrasante de la célébrité dans un petit pays où le hockey est roi.

Cette intrusion dans la vie privée pèse lourd sur le jeune joueur, qui a récemment exprimé sa frustration face à ce qu’il considère comme un environnement toxique.

Pour lui, les médias slovaques amplifient les critiques à chaque contre-performance, rendant la situation difficile non seulement pour lui, mais également pour ses proches.

Les performances décevantes de Slafkovsky cette saison ne sont donc pas seulement le reflet de son jeu sur la glace, mais également le résultat d’un contexte personnel troublé.

En plus des difficultés à gérer la pression de ses attentes professionnelles, il semble affecté par les tensions extérieures, ce qui nuit à sa concentration et à sa confiance.

Le joueur, pourtant reconnu pour sa personnalité forte et sa capacité à se dépasser sous pression, semble aujourd’hui fragilisé.

Cette situation délicate rappelle que le cheminement des jeunes joueurs dans la LNH n’est pas linéaire. Il est facile d’oublier que Slafkovsky n’a que 20 ans et qu’il est encore en pleine adaptation à un niveau de jeu bien plus exigeant que ce à quoi il était habitué.

Voilà pourquoi le contrat de Kent Hughes, soit 8 ans pour 7,6 M$ par année, était peut-être une erreur. Cela enfonce encore plus Slaf face à la pression qui vient de partour.

Dans le cas de Slafkovsky, cette adaptation est d’autant plus compliquée par l’impact constant de la pression externe, qu’elle soit due aux attentes des partisans, aux décisions de l’entraîneur ou aux nouvelles venues de Slovaquie.

Pour un joueur de son talent, il ne fait aucun doute qu’il pourra se relever de ce début de saison difficile. La direction de l’équipe et les partisans doivent lui offrir un environnement où il peut apprendre de ses erreurs sans être constamment pointé du doigt.

Martin St-Louis, qui a lui-même connu des périodes difficiles au cours de sa carrière, peut jouer un rôle essentiel en lui donnant les outils nécessaires pour surmonter cette épreuve.

Mais ce début de saison atroce est inquiétant. Surtout quand on sait à quel point sa famille vit des moments difficiles en ce moment.

Quand on voit Slafkovsky aussi perdu sur la glace, on se dit qu'il est tracassé par ce qui se passe en Slovaquie. Nos pensées ont avec lui et sa famille.

En espérant qu'il retrouve une sérénité sur la glace...et dans sa vie...