Derrière les succès d’Arber et Florian sur la glace, se cache une épopée marquée par la guerre, l’exil et la reconstruction.
Leur père, Jack Xhekaj, a fui le Kosovo dans les années 1990, alors que la répression serbe mettait en péril l’existence même de son peuple.
Aujourd’hui, il assiste avec fierté à l’ascension de ses fils dans le hockey professionnel, une réussite qui témoigne de la force d’une famille ayant tout sacrifié pour un avenir meilleur.
Une entrevue émouvante a percé le top 25 histoires de réfugiés ayant marqué le Canada (25at25). lLa famille Xhekaj a partagé son parcours bouleversant.
Derrière les visages déterminés d’Arber et Florian Xhekaj sur la glace se cache une histoire familiale à déchirer le coeur, un récit de survie, de sacrifice et de résilience qui nous arrache les larmes.
Leur père, Jack Xhekaj, a grandi au cœur du Kosovo, à Drenas, une région marquée par la guerre et l’oppression. Aujourd’hui, il regarde ses fils se battre sur la patinoire avec une fierté immense, portant en eux l’héritage d’une lutte bien plus grande que le hockey.
Jack a connu l’enfer. Dans les années 1990, alors que l’ombre de Slobodan Milošević s’étendait sur le Kosovo, l’ethnie albanaise était victime d’une répression brutale.
Arrestations arbitraires, tortures, disparitions… Son propre père a passé 19 mois dans une prison serbe pour le simple fait d’être albanais et d’avoir osé exprimer ses opinions.
Amnesty International décrivait alors des traitements d’une cruauté indescriptible infligés aux prisonniers. Mais la famille Xhekaj n’a jamais plié. Ils ont résisté, comme tant d’autres, au sein du Kosovo Liberation Army (KLA), luttant pour la liberté et la dignité.
L’horreur ne s’arrêtait pas là. Pendant la guerre de 1999, les sœurs de Jack, comme tant d’autres jeunes femmes albanaises, devaient s’enduire de boue pour se rendre moins attirantes et échapper aux viols systématiques perpétrés par les soldats serbes.
Les souvenirs de cette époque les hantent encore aujourd’hui. Pendant ce temps, Jack, déjà exilé au Canada, vivait un supplice à distance, ne sachant pas si ses proches allaient survivre.
Mais plutôt que de sombrer dans le désespoir, il a choisi d’aider. Engagé auprès de la Croix-Rouge canadienne lors de la crise du Kosovo, il a servi d’interprète pour les réfugiés arrivant à Halifax dans le cadre de l’« Opération Parasol ».
Il se souvient encore des histoires qu’il traduisait, ces récits de familles brisées, d’enfants traumatisés, de pertes irréparables.
« Ce n’était pas juste un reportage à la télévision. J’étais là, j’entendais ces témoignages de mes propres oreilles. Des choses que l’on peine à croire possibles dans ce siècle… »
Aujourd’hui, Jack Xhekaj savoure le chemin parcouru. Ses enfants sont la preuve vivante de la résilience de leur peuple.
Arber, défenseur des Canadiens de Montréal, et Florian, espoir du Rocket de Laval, incarnent cette ténacité héritée de leur père et de leurs ancêtres.
Leur rudesse sur la glace, leur détermination, c’est cet héritage albanais qui s’exprime d’une autre manière.
« Nos fils ont cette flamme en eux. Sur la glace, ils se battent comme nous nous sommes battus pour notre liberté », confie Jack, la voix tremblante d’émotion.
Mais la famille Xhekaj, c’est bien plus que le hockey. La mère des garçons, d’origine tchèque, travaille dur, changeant des pneus chez Costco.
Et leurs sœurs, elles aussi, ont tracé leur propre chemin. L’une est en formation pour devenir hôtesse de l’air, tandis que l’autre combat les incendies de forêt dans le nord du Canada, un métier encore largement dominé par les hommes.
Un reportage de la CBC a récemment mis en lumière ces femmes courageuses qui, comme Sophia Xhekaj, s’imposent dans ce milieu extrême.
Cette réussite familiale, Jack ne la considère pas comme un exploit personnel, mais comme le symbole de toute une communauté.
« Les Kosovars réfugiés au Canada ont prouvé leur valeur : avocats, médecins, journalistes… Tout le monde s’en sort incroyablement bien », dit-il, empli de gratitude.
Arber et Florian, eux, ne rêvent que d’une chose : porter un jour le même chandail en NHL. « Jouer ensemble dans la même équipe, c’est notre plus grand rêve », confie Arber.
Et en attendant, ils portent fièrement leur double identité : Canadiens de naissance, Albanais de cœur.
Leur histoire est celle d’un combat pour la survie, d’une fuite vers un avenir meilleur, et d’un héritage que personne ne pourra jamais leur enlever.
Un héritage de courage, de loyauté et de fierté, qui les pousse chaque jour à se battre sur la glace… et dans la vie.
Un héritage gravé dans le cœur et le sang.
Arber et Florian Xhekaj ont hérité de bien plus que la rudesse sur la glace. Leur férocité n’est pas simplement une question de style de jeu, mais une émanation directe d’une histoire marquée par la résistance.
Grandir avec un père qui a connu la guerre et l’exil, c’est porter sur ses épaules un passé qui forge le caractère.
Jack Xhekaj ne s’est jamais plaint de son sort. Il a vu son père enfermé pour avoir défendu ses droits, il a vu ses sœurs se cacher sous la boue pour échapper aux pires horreurs, il a vu son peuple souffrir.
Mais ce qu’il a toujours enseigné à ses enfants, c’est l’honneur et la dignité. C’est ce qui anime Arber lorsqu’il se dresse devant un adversaire plus imposant que lui.
C’est ce qui pousse Florian à se jeter dans la mêlée sans hésitation. Pour eux, chaque coup encaissé est un rappel que leur famille a déjà surmonté bien pire.
Le hockey n’a jamais été un simple jeu dans la famille Xhekaj. C’était un moyen de prouver qu’ils avaient leur place. Arber, longtemps ignoré au repêchage, a dû se frayer un chemin avec ses poings, mais surtout avec son acharnement.
Son père, lui, a dû apprendre une nouvelle langue, reconstruire sa vie de zéro, et devenir un modèle pour ses enfants.
« Nos fils ont cette flamme en eux. Sur la glace, ils se battent comme nous nous sommes battus pour notre liberté », dit Jack avec émotion. Ce n’est pas une simple métaphore. Pour lui, chaque bataille gagnée sur la glace est une victoire symbolique sur le passé.
Si les Xhekaj portent fièrement leurs origines albanaises, c’est aussi parce qu’ils ont découvert en grandissant à quel point leur peuple est soudé.
Quand Arber a brisé les barrières pour atteindre la LNH, ce n’est pas seulement son entourage qui l’a applaudi, mais toute la diaspora albanaise au Canada et à travers le monde.
« J’ai rencontré des gens qui ne suivaient même pas le hockey, et pourtant, ils me soutiennent comme si j’étais de leur famille », raconte Arber.
Cette fidélité sans faille lui donne une responsabilité supplémentaire : représenter les siens avec fierté.
Les projecteurs sont souvent braqués sur Arber et Florian, mais la force des Xhekaj ne s’arrête pas à eux. Leur sœur, Sophia, a choisi un chemin encore plus audacieux.
Elle combat les feux de forêt dans le Nord du Canada, un domaine encore largement masculin.
Si elle a pu briser les barrières, c’est parce qu’elle a grandi dans une famille où la peur n’a jamais eu sa place. Où l’on apprend à ne jamais reculer, que ce soit face à un incendie ou à un adversaire sur la glace.
Dans la tempêtede la guerre du Kosovo, alors qu’il avait trouvé refuge au Canada, Jack Xhekaj aurait pu choisir de tourner la page.
Mais il a décidé d’aider ceux qui fuyaient à leur tour. Il a travaillé comme interprète pour la Croix-Rouge et l’armée canadienne lors de l’Opération Parasol, un programme d’urgence qui a permis de relocaliser des milliers de Kosovars.
Il traduisait les témoignages des réfugiés, des récits si déchirants qu’ils hantaient ses nuits. Il a vu arriver des familles brisées, des enfants perdus, des survivants marqués à jamais.
Mais il a aussi vu l’espoir renaître chez ces gens qui, comme lui, allaient reconstruire leur avenir sur une terre nouvelle.
Arber et Florian Xhekaj ne savent pas encore si leur rêve de jouer ensemble dans la LNH se réalisera. Mais ce qui est certain, c’est que leur histoire ne s’arrête pas au hockey.
Ils incarnent un héritage fait de combat et de sacrifice, une histoire de survie qui transcende le sport. Leur nom, Xhekaj, sera toujours associé à bien plus qu’un style de jeu rugueux.
Il sera le symbole d’un peuple qui refuse de plier, d’une famille qui a tout risqué pour un avenir meilleur, et d’un héritage qui continue de brûler dans leurs veines à chaque fois qu’ils touchent la glace.
Oui...nous avons les larmes aux yeux...