Le Centre Bell est prêt à accueillir les Flyers de Philadelphie pour un duel crucial dans la course aux séries, mais ce samedi soir, quelque chose cloche.
Quelque chose manque. Quelqu’un manque. Josh Anderson, le guerrier, l’homme au coeur plus gros que ses épaules de tank, n’est pas sur la glace.
Il n’est pas dans l’alignement. Il n’est même pas présent pour l’échauffement.
Silence radio. Puis, la bombe tombe : Josh Anderson s’absente pour des raisons familiales.
C’est évidemment la panique douce chez les partisans.
L’homme qui donne tout à chaque soir, qui a littéralement saigné pour ce chandail, n’est pas là. Mais ce qui rend la nouvelle encore plus poignante, c’est qu’on apprend dans les minutes suivantes qu’il ne s’agit pas d’une blessure, ni d’une sanction.
Non. Josh Anderson est simplement en train de vivre le plus grand moment de sa vie : sa conjointe est sur le point d’accoucher. « Any day now », disait-il après le match contre Boston.
Eh bien, ce jour, c’est aujourd’hui.
Et pendant que Josh Anderson devient père pour la première fois, un autre jeune homme, lui, entre par la grande porte.
Un Finlandais discret, presque timide, au nom pas encore tatoué dans le coeur des fans : Oliver Kapanen. Le fils d’une lignée de hockey, le produit d’une culture de rigeur et de responsabilité. Jeté dans la mêlée.
Il n’y a rien de plus hockey30.com que ce genre de scénario.
Une légende qui laisse sa place pour une naissance, un kid qui prend le relais, un match crucial, un moment de vérité. C’est du roman savon version patinoire.
On pourrait presque entendre la musique de fin d’épisode des Feux de l’Amour.
Oliver Kapanen n’est pas né d’hier. Mais pour les fans montréalais, c’est presque un visage inconnu.
Un centre naturel, capable de jouer intelligemment dans les deux sens de la patinoire, de gagner ses mises au jeu, de lire le jeu avec une patience chirurgicale.
Mais est-ce suffisant pour combler l’absence de Josh Anderson? La vérité, c’est que non.
Personne ne remplace Josh Anderson. Pas dans l’énergie, pas dans la robustesse, pas dans la hargne. Mais peut-être, juste peut-être, que ce soir, Kapanen peut apporter autre chose.
Une touche de fraîcheur. Un style différent. Un moment inattendu. Une étincelle.
Car il faut se le dire, le Canadien n’a plus droit à l’erreur. Avec les Rangers qui viennent de se faire pulvériser 4-0 par les Devils, le CH est à deux petits points d’avance.
Le match de ce soir contre les Flyers, c’est une finale avant la finale. Et Kapanen, par la force du destin, se retrouve jeté dans ce contexte explosif.
C’est là que Martin St-Louis entre en scène. Le coach-poète, l’homme des messages d’inspiration et des entretiens à double sens.
S’il y a bien un moment pour transformer une difficulté en opportunité, c’est maintenant. C’est une occasion en or pour St-Louis de faire vibrer son vestiaire.
De dire : « On joue pour Josh ce soir. On joue pour celui qui met son corps en jeu soir après soir. Et toi, Oliver, tu nous montres pourquoi t’es ici. »
Mais au fond, ce match ne parle pas juste de hockey. Il parle d’héritage. Il parle de passage de flambeau. Il parle de destin.
Josh Anderson qui laisse momentanément sa place à un gars qui veut construire sa propre place. Et peut-être que dans cinq ans, on parlera de ce match comme le début d’une nouvelle ère.
Peut-être qu’on dira : « Tu te rappelles du match contre les Flyers quand Anderson était absent pour la naissance de son enfant? C’est là que Kapanen a commencé à tout changer. »
D’ici là, le père Anderson vit le plus beau jour de sa vie. Et au Centre Bell, son nom flottera dans les esprits, même s’il n’est pas sur la feuille de match.
Ses coéquipiers joueront pour lui. Les fans chanteront plus fort. Et Oliver Kapanen, dans un coin tranquille du vestiaire, enfilera son casque en sachant que ce soir, c’est son moment.
Bonne chance, Oliver. Et toutes nos pensées vont à Josh et sa famille. Ce soir, tout le monde joue pour deux.
À suivre...