Pittsburgh est en deuil.
Il y a des nouvelles qui frappent comme une gifle en plein visage. À Pittsburgh, l’annonce est tombée comme un couperet : Mario Lemieux n’arrivera pas à racheter les Penguins.
Lui, le sauveur éternel de cette franchise, l’homme qui a payé de sa propre poche pour maintenir l’équipe en vie à la fin des années 1990, est désormais tenu à distance.
Et à sa place? Une famille d’affaires de Floride, les Hoffmann, prête à débourser les 1,75 à 1,8 milliard de dollars exigés par Fenway Sports Group.
Pour les partisans des Penguins, c’est un drame. Pour le Québec, c’est une lueur d’espoir. Parce que si Lemieux avait repris le contrôle, Sidney Crosby aurait fini sa carrière à Pittsburgh, point final. Mais avec les Hoffmann, rien n’est écrit.
Mario Lemieux, c’est le numéro 66. C’est l’homme qui a marqué l’histoire de la LNH par son talent, mais aussi par son flair financier.
En 1999, alors que les Penguins étaient en faillite, Lemieux attendait toujours 32,5 millions de dollars de salaires différés. Plutôt que de poursuivre, il a transformé cette dette en actions.
Résultat : il est devenu propriétaire majoritaire de l’équipe pour presque rien, redressant la franchise et la menant à trois autres Coupes Stanley sous l’ère Crosby-Malkin-Letang.
En 2021, il a vendu ses parts majoritaires à Fenway Sports Group pour près de 900 millions de dollars. Une opération qui lui a rapporté environ 350 millions, tout en conservant une minorité symbolique. Un deal digne d’un businessman-shark, comme on aime l’appeler.
Mais aujourd’hui, ce flair s’est transformé en défaite. Lemieux a tenté un coup bas : offrir bien en dessous des 1,8 milliard réclamés par Fenway, un véritable « lowball » dans le jargon des affaires. Et Fenway a dit non.
Pour les fans des Penguins, l’échec de Lemieux est vécu comme une trahison du destin. Beaucoup espéraient un retour du sauveur, celui qui avait ressuscité le club. L’idée de le voir reprendre le contrôle donnait une illusion de stabilité dans un contexte chaotique.
Mais cet espoir s’est effondré. Et dans les bars de Pittsburgh, c’est la consternation.
« Sans Mario, on est foutus », lâchent déjà certains partisans. Parce qu’ils savent que Lemieux avait une seule obsession : garder Crosby à vie à Pittsburgh.
Avec lui aux commandes, jamais le numéro 87 n’aurait porté un autre chandail que celui des Penguins.
Qui sont donc ces Hoffmann qui viennent briser le rêve?
Originaires du Missouri, installés en Floride, les Hoffmann ont bâti un empire colossal. Leur société, Hoffmann Family of Companies, possède plus de 200 entreprises dans 30 pays. Agriculture, aviation, transport, immobilier, médias, hôtellerie… leur portefeuille est spectaculaire. Ils emploient plus de 17 000 personnes à travers le monde.
Et surtout, ils connaissent déjà le sport. En 2019, ils ont racheté les Everblades de la Floride dans la ECHL et leur aréna.
Résultat? Trois championnats consécutifs de la Coupe Kelly dans l’ECHL entre 2022 et 2024. Une gestion sans faille, une rentabilité record, et une fréquentation en hausse constante. Les Hoffmann ne se contentent pas d’acheter : ils transforment en or.
Le patriarche, David Hoffmann, est un self-made man. Parti de rien, fils d’un camionneur laitier du Missouri, il a bâti sa fortune grâce à une firme de recrutement avant d’investir massivement dans divers secteurs.
Sa valeur nette est estimée à près de 2 milliards de dollars. Ses fils Geoff et Greg, aujourd’hui co-CEO, poursuivent son œuvre.
Les Hoffmann ne débarquent pas par hasard. Leur stratégie est claire : ajouter une équipe de la LNH à leur portefeuille sportif.
Pittsburgh, malgré ses trois années hors des séries, reste un marché solide, une marque mondiale, et un club au palmarès prestigieux (5 Coupes Stanley).
Fenway Sports Group, propriétaire depuis 2021, voulait 1,8 milliard. Les Hoffmann ont accepté de payer. Point final. C’est ce qui a tué les ambitions de Lemieux.
Pour les fans, le contraste est cruel. Lemieux, c’était la maison, la famille, l’identité. Les Hoffmann, c’est une famille d’affaires de Floride. Des étrangers. Des investisseurs. Des banquiers.
À Pittsburgh, on dit déjà que l’âme du club se perd. Que Crosby ne sera plus protégé. Que les Hoffmann voudront rentabiliser avant tout, et que leur gestion ne reposera pas sur l’héritage émotionnel, mais sur les colonnes de profits.
C’est une commotion. Une vraie. Et dans cette commotion, un détail inquiète tout le monde : que vont-ils faire de Crosby?
Sidney Crosby, capitaine depuis 2007, a tout donné à Pittsburgh. Trois Coupes, deux médailles d’or olympiques, un héritage digne de Gretzky. Mais aujourd’hui, il est au cœur d’un dilemme.
Mario Lemieux voulait le garder à vie. Les Hoffmann, eux? Personne ne le sait. Leur logique pourrait être plus froide, plus comptable. Si l’équipe ne performe pas, s’ils veulent reconstruire, Crosby pourrait être sacrifié à la date limite de 2026.
Et c’est là que Montréal entre en scène.
À Montréal, les rumeurs enflent depuis un an. Elliotte Friedman, Nick Kypreos, Eric Engels, tout le monde en parle : Crosby pourrait finir au CH.
Si Mario Lemieux avait repris les Penguins, ce rêve était mort. Mais avec les Hoffmann, tout est possible.
Il faut aussi souligner l’ironie. Lemieux, l’homme qui a fait fortune en transformant 20 millions de dettes en parts de franchise en 1999, vient de se faire battre à son propre jeu.
Il a voulu « lowballer » Fenway, offrir en dessous de la valeur réelle, espérant répéter son coup de 1999. Mais cette fois, le marché a changé.
Les franchises de la LNH valent désormais près de 2 milliards. Le Lightning de Tampa Bay s’est vendu à ce prix récemment. Les expansions d’Atlanta et Houston s’annoncent à 2 milliards chacune.
Bref, Lemieux a perdu.
L’échec de Lemieux, c’est une aubaine pour Montréal. Parce que les Hoffmann ne sont pas mariés à Crosby. Ils n’ont pas cette relation de mentor à élève. Pour eux, Crosby est une légende, oui, mais aussi un actif. Un actif qui peut rapporter des choix, des espoirs, et de la flexibilité salariale.
À Pittsburgh, les partisans pleurent. Ils voulaient Mario. Ils se retrouvent avec les Hoffmann. Ils voulaient la sécurité émotionnelle. Ils héritent de l’incertitude financière.
À Montréal, au contraire, on exulte en silence. Parce qu’une fenêtre historique vient de s’ouvrir.
La réalité, c’est que si Sidney Crosby finit par accepter d’être échangé et qu’il choisit le CH comme destination, il ne vaudra pas grand-chose sur le marché.
Pas parce qu’il n’a plus de valeur sportive, mais parce que les Penguins n’auront pas le luxe de demander la lune. À ce stade de sa carrière, c’est Crosby lui-même qui décidera où il veut finir son parcours.
Si son choix est Montréal, Kent Hughes n’aura pas besoin de sacrifier un David Reinbacher, un Adam Engström ou un Michael Hage. Ces joyaux resteront intouchables.
Le Canadien pourra se contenter d’offrir des espoirs de seconde main comme Joshua Roy et Owen Beck, d’ajouter un contrat lourd comme celui de Josh Anderson, et de "saupoudrer" quelques choix de deuxième ou troisième ronde.
Rien de plus. C’est un scénario cruel pour Pittsburgh, car le club n’aura aucun levier de négociation : quand une légende impose sa destination, le marché s’effondre. Et ce sera un une blessure au coeur de plus pour les partisans des Penguins, condamnés à voir leur capitaine quitter la ville sans réelle compensation, pendant que Montréal récolterait le jackpot.
L’histoire retiendra peut-être ce moment comme le tournant. Le jour où Lemieux a échoué, et où Crosby a commencé à glisser vers le CH.
Pittsburgh est en deuil... mais Montréal pourrait renaître...