Il y a un an, et quelques mois, Martin St-Louis quittait précipitamment les bancs du Centre Bell pour rejoindre son fils Mason, hospitalisé à la suite d'une grave blessure.
Ce n’était pas qu’un accident sur la glace : Mason avait été transporté d’urgence à l’hôpital, son état suffisamment inquiétant pour que Martin quitte aussitôt Montréal afin d’être à son chevet.
L’organisation du Canadien avait respecté son silence, mais tout le monde comprenait que quelque chose de grave se passait.
Pendant quelques jours, le hockey avait cessé d’exister pour lui.
Il n’était plus l’entraîneur du CH, il redevenait un père, inquiet, vulnérable, impuissant devant la douleur de son fils. Ce moment-là a marqué un tournant dans sa vie, une prise de conscience de ce qui compte réellement.
Un moment de douleur brute, de doute, de vertige, où l'entraîneur-chef du Canadien s'était rappelé que, derrière les victoires, les rituels d'avant-match et la pression du marché montréalais, il y avait une chose infiniment plus précieuse : sa famille.
Mais samedi, un nouveau chapitre s'est ouvert pour les St-Louis.
Mason, 17 ans, a été repêché par le Phénix de Sherbrooke, au 7e tour du repêchage de la LHJMQ.
Un moment chargé d'émotion, de gratitude, de résilience.
Parce que ceux qui suivent cette famille savent à quel point chaque pas en avant de Mason est un exploit.
Parce que l'enfant qu'on avait vu alité et vulnérable en 2024, on le retrouve aujourd'hui debout, fort, et porteur d'une ambition qui transcende la simple passion du hockey.
Ce n'est pas un premier choix. Ce n'est pas un joueur vedette. Mais c'est un jeune homme qui, dans les dernières années, a tout donné pour remonter la pente, se rebâtir, et retrouver son élan.
Avec 20 buts et 33 aides en 33 matchs pour les Bruins de Brunswick School, il a non seulement regagné son niveau, il l'a élevé.
Et cette sélection par Sherbrooke, c'est bien plus qu'une opportunité : c'est un hommage silencieux à sa détermination.
Et quelque part, au même moment, Martin, lui, vivait aussi une reconnaissance professionnelle.
Après avoir mené le CH en séries pour la première fois depuis 2021, il a été nommé parmi les trois finalistes pour le Jack Adams.
Une nomination qu'il a accueillie avec son humilité habituelle, presque en retrait, lui qui préfère toujours parler de l'équipe plutôt que de sa propre personne.
Il y a donc, en ce début d'été 2025, un étrange équilibre cosmique.
Martin et Mason, le père et le fils, chacun dans leur trajectoire respective, mais unis par un même esprit de combativité, de passion, et surtout, de famille.
On sait que Martin n'est pas du genre à s'épancher publiquement.
Il garde ses émotions pour lui, généralement. Mais on peut imaginer sans trop se tromper que cette sélection de Mason, aussi modeste soit-elle dans la hiérarchie du repêchage, a réchauffé son cœur d'une façon qu'aucune nomination ne saurait faire.
Ce sont ces petits miracles de la vie, ces moments d'accalmie dans le tumulte d'une carrière, qui permettent à des hommes comme Martin St-Louis de tenir le cap.
Le hockey est une métaphore, mais la vie reste le véritable combat. Et samedi, la vie a offert un clin d'œil bien mérité à un père et à son fils.
Et c’est peut-être ça, la vraie leçon que cette histoire nous rappelle.
Au-delà des trophées, des nominations, des contrats ou des repêchages, il y a la force tranquille de ceux qui traversent la tempête avec dignité.
Martin St-Louis n’a jamais crié sur tous les toits ce qu’il vivait en coulisses, mais chaque décision, chaque absence, chaque regard discret en disait long sur le poids qu’il portait.
Il aurait pu tout abandonner. Il aurait pu claquer la porte, dire que la famille passait avant tout, et personne ne lui aurait jeté la pierre.
Mais il a choisi une autre voie. Celle de l’équilibre, aussi fragile soit-il. Celle du cœur divisé entre deux passions : ses fils et le hockey.
Aujourd’hui, avec Mason repêché dans la LHJMQ, il doit sentir que le cercle se referme, doucement.
Pas comme une fin, mais comme un nouveau départ. Une page qui se tourne après des mois de peur, de doutes, de sacrifices silencieux.
Il n’y a pas de médaille pour ça.
Pas de conférence de presse. Pas de trophée à soulever.
Mais dans le regard de son fils, dans cette sélection tardive au 7e tour, il y a probablement plus de fierté que dans toutes les accolades qu’il a reçues dans sa carrière.
Et pour les partisans du Canadien, c’est un rappel que derrière l’entraîneur se cache un homme, un père, un cœur qui bat ... pour sa famille avant tout.
Pensées sincères à la famille St-Louis.
Que cette énergie positive continue de porter leurs pas. Loin des projecteurs, c'est souvent là que se construisent les plus grandes victoires.
AMEN