Pensées pour Pierre-Karl Péladeau et la famille de TVA Sports: le coeur brisé

Pensées pour Pierre-Karl Péladeau et la famille de TVA Sports: le coeur brisé

Par David Garel le 2025-07-21

Dans les couloirs de TVA Sports, on ne doit pas parler très fort en ce moment.

C’est ce genre de silence lourd, pesant, où chaque employé baisse les yeux, comme s’il venait de perdre quelque chose qu’il croyait acquis.

On sent presque la commotion émotive. Pas celle d’un joueur sur la glace, mais celle d’une équipe de production qui vient de se faire rayer de la carte sans avertissement. 

Dans son classement annuel des équipes de diffusion de la LNH, The Athletic a balayé TVA Sports sous le tapis. Aucune mention. Nada. Zéro. Rien.

Le média américain, reconnu pour son sérieux et son influence auprès des fans de hockey à travers le continent, a ignoré du revers de la main une chaîne qui a pourtant investi des centaines et des centaines de millions de dollars dans la couverture de la LNH.

Pire encore, TVA Sports était bel et bien là, sur le terrain, en séries éliminatoires. Présent. Visible. Impliqué. Mais The Athletic a décidé que ça ne valait même pas une ligne.

Et ça, pour Pierre Karl Péladeau, c’est une douleur que même le prix incroyable de l’action de Québecor ne peut soulager.

Le classement mentionne TSN. Il consacre littéralement un paragraphe entier à Pierre Houde et Marc Denis (10e au total), soulignant leur professionnalisme, leur popularité, et même la reconnaissance du Temple de la renommée pour Houde. On comprend que ce duo iconique de RDS mérite tous les éloges. On le sait.

Mais pendant qu’on lance des fleurs à RDS, pendant qu’on décrit avec tendresse l’amour des partisans pour Houde, The Athletic ne prend même pas la peine d’écrire le nom « TVA Sports ».

Même pas un astérisque. Même pas un commentaire sur la qualité ou la faiblesse de leur travail. Juste… le vide.

C’est brutal. Et profondément injuste.

Rappelons-le : TVA Sports a obtenu les droits nationaux de diffusion de la LNH au Canada en 2014. Un contrat de 12 ans. Une opération financière massive orchestrée par Péladeau lui-même, pour faire de TVA un pilier du sport professionnel au Québec.

On parle ici d’une volonté stratégique de Québecor de rivaliser avec les géants anglais, de faire rayonner la culture sportive francophone et de se positionner comme un acteur incontournable du hockey nord-américain.

Mais aujourd’hui, après toutes ces années, après toutes ces dépenses, The Athletic ne reconnaît même pas leur existence. Comme si TVA Sports n’avait jamais rien fait. Comme si leur implication était négligeable.

Ce qui rend cet affront encore plus cruel, c’est le contexte. Alors que TVA Sports s’enfonce dans les déficits (230 à 300 millions de pertes), et que plus de 680 employés ont été remerciés dans l’ensemble du Groupe TVA depuis deux ans, l’action de Québecor, elle, grimpe en flèche.

Les investisseurs, eux, sont ravis. L’action QBR.B se porte mieux que jamais. Les résultats boursiers explosent, notamment à cause des compressions et des sacrifices consentis. Mais pour les employés, pour les passionnés, pour les artisans de l’information sportive… c’est une trahison silencieuse.

Pierre Karl Péladeau détient 92 % de Québécor Média. Sur le 1,5 milliard $ de retour de capital annoncé récemment, on estime que lui seul pourrait avoir touché personnellement plus de 1,3 milliard.

Et malgré cette fortune colossale, il continue de superviser des mises à pied massives, de couper dans les budgets… et maintenant, il doit regarder TVA Sports être complètement ignoré par le plus prestigieux des classements médiatiques.

C’est un cauchemar pour lui. Un supplice. Et une honte pour toute la structure.

Tout ça pour ça?

On pourrait se dire que TVA Sports n’a peut-être pas livré la marchandise. Mais ce serait profondément malhonnête.

TVA Sports a été présent sur le terrain pendant les séries. Ils ont envoyé des journalistes, diffusé des segments en direct, couvert les moindres rebondissements.

Même au concours de circuits de la MLB, TVA Sports y était, malgré les critiques sur la qualité sonore, l’effort était réel. Et encore, la chaîne continue de se battre avec les moyens qu’on lui laisse.

Mais malgré tout, dans le cœur du public, le vent tourne. RDS est devenu l’équivalent du bon vin vieilli. Et TVA Sports? Pour certains, un projet déchu. Un enfant abandonné.

La réaction sur les réseaux sociaux est sans appel : 

« Est-ce que TVA Sports existe encore? »

« Pas surpris qu’ils aient été oubliés… »

« Ils n’ont jamais su se démarquer. »

Est-ce la fin?

Pierre Karl Péladeau déclarait récemment que la dernière année de TVA Sports était peut-être amorcée. Une déclaration choc, dans un silence de mort, au moment où les compressions venaient de faire tomber le couperet sur des dizaines d’employés.

Aujourd’hui, ce scénario semble plus proche que jamais. Si une chaîne ne peut même plus obtenir une mention dans un classement de diffusion… à quoi bon?

Même les pertes de TVA dans son ensemble, estimées à près de 60 millions $ en 2023-2024 selon le CRTC, sont en grande partie causées par le poids financier de TVA Sports. Et malgré tout, Pierre Karl refuse de couper dans ses propres revenus.

On le sait : chez Québecor, on coupe à la base, jamais au sommet. Péladeau vit une vie austère, dit-on. Pas de jets privés. Pas de yachts. Mais une chose est certaine : son salaire, lui, reste intact.

Et pourtant… malgré la débandade, malgré l’oubli, il faut défendre TVA Sports.

Parce que ce sont eux qui ont tenté de casser le monopole. Parce que ce sont eux qui ont donné une voix à des analystes francophones dans un monde dominé par l’anglais.

Parce que ce sont eux qui ont embauché des gens passionnés, dévoués, capables de livrer du contenu différent. Parce que ce sont eux qui, même dans la tempête, ont continué à produire.

TVA Sports mérite mieux. Pas forcément des louanges. Mais au moins, une reconnaissance. Une ligne. Une mention.

En 2025, dans le Québec médiatique, c’est tout ce que ça prend pour survivre.

The Athletic a signé l’avis de décès de TVA Sports sans même prendre la peine de leur envoyer une invitation aux funérailles. 

Une ligne oubliée dans un classement… mais une ligne qui fait mal comme une trahison. Parce que quand tu donnes tout ce que tu as, que tu saignes pour exister dans un monde hostile, et qu’on t’ignore quand vient le temps des récompenses… ce n’est pas seulement un oubli.

C’est un jugement. Et il est sans appel.