Le discours est rodé. Bien livré. Presque rassurant.
Pascal Vincent a pris le micro ce matin pour expliquer l’arrivée de Samuel Montembeault à Laval comme s’il s’agissait d’une simple étape logique, presque naturelle, dans un processus de remise en confiance.
Sur papier, tout est propre. Dans les faits, personne n’est dupe.
Vincent a même ressorti un souvenir de son passage à Columbus pour appuyer son point.
« Quand je coachais Columbus, on venait jouer contre le Canadien de Montréal. On n’était pas très heureux quand c’était Sam Montembeault dans le filet. Il était dur à battre, puis il a été vraiment très bon », a-t-il affirmé .
Une phrase lancée comme une preuve d’autorité, comme si elle devait, à elle seule, clore le débat.
Sauf que ce rappel-là sonne creux.
Parce que cette version idéalisée de Montembeault n’a jamais été la norme dans la Ligue nationale. Elle a existé par séquences. Par pics. Jamais sur la durée.
Pascal Vincent poursuit d’ailleurs en reconnaissant, à demi-mot, le vrai problème.
« Je pense qu’il faut juste qu’il y ait des répétitions sur un bout de temps qu’il n’a pas joué. […] Il faut qu’il retrouve ses paramètres de match qu’on ne peut pas retrouver dans les pratiques » .
Voilà la vérité, enfin dite sans détour : Montembeault n’est pas là pour dominer la Ligue américaine.
Il est là parce qu’il n’était plus capable de suivre le rythme, mentalement et techniquement, à Montréal.
Et c’est là que le malaise s’installe.
Parce que si on regarde froidement la carrière de Samuel Montembeault, sans filtre émotionnel, sans la parenthèse flatteuse de l’an dernier, le portrait est limpide.
Une moyenne de buts alloués qui oscille presque toujours au-dessus de 3,00.
Une seule saison sous les 2,80, et encore, brièvement.
Cette année, il est à 3,65.
Il y a deux ans 3,14.
Avant ça, 3,77.
En Floride, 3,34 et 3,04. Ce n’est pas le parcours d’un gardien constant. C’est celui d’un gardien qui survit par séquences.
Même chose pour le pourcentage d’arrêts.
Le meilleur de sa carrière n’est même pas celui que plusieurs idéalisent.
Sa moyenne en carrière tourne autour de 0,897.
L’an dernier, 0,903. Respectable, oui. Exceptionnel, non.
Et certainement pas suffisant pour justifier le ton quasi protecteur adopté ce matin.
Vincent insiste pourtant : « Ce n’est pas une question de résultats. Le but, ce n’est pas d’enlever de la pression, mais de l’aider à retrouver son rythme de match » .
Encore une fois, le message est clair, mais la lecture entre les lignes l’est encore plus.
On ne descend pas un gardien numéro un présumé à Laval simplement pour “retrouver des paramètres”.
On le fait quand le plafond est atteint, quand la confiance est fissurée, quand la direction n’a plus le luxe d’attendre.
Et c’est là que personne ne croit vraiment Pascal Vincent.
Pas parce qu’il ment ouvertement, mais parce qu’il présente une version édulcorée d’une décision organisationnelle lourde de sens.
Jacob Fowler a été retiré de Laval pour une raison. Montembeault y a été envoyé pour une autre. Et ces deux réalités ne sont pas interchangeables.
La vérité, c’est que Montembeault apporte aujourd’hui exactement ce qu’il a toujours apporté dans la LNH : une certaine stabilité ponctuelle, jamais durable.
Rien de plus. Rien de moins.
Laval n’est pas une récompense. C’est un filet de sécurité. Une tentative de réparation.
Alors oui, Pascal Vincent peut bien rappeler Columbus, les matchs difficiles, les souvenirs flatteurs.
Mais les chiffres, eux, ne mentent pas.
Et l’organisation non plus. Samuel Montembeault n’est pas arrivé à Laval par hasard.
Il y est arrivé parce qu’à Montréal, la patience est terminée.
Ouch...
