Pauvre Phil Danault. Il pensait être le héros du dernier match.
Mais la LNH l'a fait passer de héros... à zéro...
ll y a quelque chose de cruel, presque injuste, dans la façon dont l’histoire s’est retournée contre Ti-Phil en l’espace de quelques secondes.
Pendant un bref instant, le scénario était écrit pour lui. Le retour du Québécois à Montréal, la pression, le stress, la nervosité avouée, puis ce moment clé en toute fin de match à Tampa Bay : une mise au jeu capitale, une séquence brouillonne, le CH qui reprend possession, le but de Slafkovsky qui suit à trois secondes de la fin du match.
Dans l’imaginaire collectif, le raccourci était tentant. Danault avait “gagné” la mise au jeu. Il avait été décisif.
Danault, le héros du retour...
Même son agent, Allan Walsh, a publié le but en affirmant que son client était "Super Man":
Phil Danault wins the Ozone faceoff with 7 seconds left in the 3rd period and Montreal scores. https://t.co/GIlPooyaSG pic.twitter.com/LWGOtcIiP2
— Allan Walsh🏒 (@walsha) December 29, 2025
Sauf que la réalité, elle, est beaucoup plus froide. Beaucoup plus précise. Et surtout, beaucoup plus impitoyable.
Danault n’a pas gagné cette mise au jeu. Il l’a perdue. La rondelle n’est pas allée là où elle aurait dû aller pour qu’on puisse lui attribuer le moindre mérite technique.
Elle a été récupérée par Juraj Slafkovsky, profitant d’un avantage numérique causé par le retrait du gardien Jacob Fowler pour un 6e attaquant.
Ce détail change tout. Absolument tout. Parce qu’il enlève à Danault la dernière petite illusion de contrôle qu’on voulait lui prêter.
La LNH lui a retiré officiellement la mise au jeu. Il n’y a pas eu de geste de spécialiste. Il n’y a pas eu de moment signature. Il y a eu une perte, suivie d’un chaos favorable.
Et pourtant, dès la sirène finale, la machine médiatique québécoise s’est emballée.
Les questions ont fusé. Les micros se sont tendus. Les joueurs se sont fait demander, les uns après les autres, ce que “l’arrivée de Phil Danault” allait changer dans le vestiaire.
Comment “Phil” allait stabiliser le groupe. Comment “Phil” allait amener de l’expérience, du calme, du vécu. Comme si la narration avait été décidée d’avance, indépendamment de ce qui s’était réellement produit sur la glace.
Comme si on avait besoin, presque désespérément, que Danault soit une réussite immédiate.
C’est là que le malaise s’installe.
Parce que pendant que les médias tentent de construire un récit rassurant, les faits, eux, racontent autre chose. Danault a terminé son match en étant catastrophique défensivement.
Le Québécois se dit rouillé, mais les fans des Kins le disent fini à la corde. Sur le 3e but du Lightning, il a complètement raté sa couverture et fut le fautif direct:
Nick Paul makes it 3-0 in the second period! ⚡️ pic.twitter.com/sRZpF6IfVP
— TSN (@TSN_Sports) December 28, 2025
Et malgré son un pourcentage flatteur de 72 % évoqué ici et là, la mise au jeu la plus importante de la soirée, celle que tout le monde retient, il ne l’a pas gagnée. On lui a retiré son moment.
Dans un sport où les détails font foi de tout, c’est impossible à balayer du revers de la main.
La réalité fait mal.
Il n’est plus un jeune joueur qu’on protège. Il n’est plus un espoir qu’on développe. Il est un vétéran de 32 ans, acquis au prix d’un choix de deuxième ronde élevé.
Et contrairement à son premier passage à Montréal, il arrive dans une équipe qui n’a ni le luxe du temps ni la patience du passé. Chaque présence compte. Chaque mise au jeu est scrutée. Chaque erreur est amplifiée.
Le plus fou dans tout ça, c’est que Danault semblait lui-même conscient du poids qu’il portait. Il a parlé de stress. Il a parlé de tension. Il a parlé d’un “bon stress”, certes, mais un stress quand même.
Or, ce stress-là ne va pas disparaître. Au contraire. Il va s’intensifier. Parce que plus on tente de le présenter comme un pilier indispensable, plus le contraste devient violent quand le jeu ne suit pas.
Danault était déjà un joueur unidimensionnel défensivement il y a 5 ans à Montréal. Imaginez 5 ans plus tard... s'il est devenu nuisible défensivement...
Au moins, on voit qu'il est protégé comme jamais au Québec. On le voit surtout dans cette obsession médiatique à vouloir absolument valider la transaction, à prouver que le Canadien n’a pas payé trop cher, à démontrer que l’expérience vaut mieux que l’élan de la jeunesse d'Owen Beck.
Mais le hockey ne fonctionne pas à l’émotion. Il fonctionne à l’exécution.
Perdre une mise au jeu clé, ce n’est pas dramatique en soi. Ce qui l’est davantage, c’est tout ce que cette séquence symbolise.
Elle symbolise l’écart entre le récit qu’on veut imposer et la réalité du jeu. Elle symbolise la fragilité du statut de Danault dans ce deuxième chapitre montréalais. Et elle symbolise surtout une vérité que personne n’ose encore dire tout haut : Danault n’a plus droit à l’erreur.
Les partisans des Kings de Los Angeles l’avaient prévenu. Ils parlaient de demi-secondes perdues. De lectures un peu plus lentes. D’un joueur encore intelligent, mais moins tranchant.
À Montréal, on a voulu croire que c’était du ressentiment, de l’exagération, de la frustration post-transaction. Mais plus les matchs avancent, plus ces avertissements résonnent.
Le plus dur pour Danault, ce n’est pas d’avoir perdu une mise au jeu. C’est de l’avoir perdue au moment précis où tout le monde voulait y voir une victoire.
C’est de se retrouver coincé entre une image de sauveur qu’on tente de lui coller et une réalité de joueur sur la pente descendante.
À Montréal, l’amour est conditionnel. Il dure tant que le rendement suit. Et pour Danault, le compte à rebours a commencé plus vite que prévu.
Parce que le récit est peut-être flatteur, mais la glace, elle, ne ment jamais.
