Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, continue de faire parler de lui avec sa position inflexible concernant la diffusion des matchs de hockey.

Tandis que Sportsnet, propriété de Rogers, accepte de partager ses signaux avec CBC pour permettre à un plus grand nombre de téléspectateurs, y compris ceux qui n'ont pas de câble, d'accéder aux parties du samedi soir, Québecor refuse toujours de faire de même avec Radio-Canada.

Cette décision s'inscrit dans une série de critiques cinglantes que Péladeau a récemment formulées contre la société publique.

Lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de Québecor, il a vivement dénoncé le soutien financier accordé à Radio-Canada, se plaignant des 42 millions de dollars reçus par la société publique alors que les médias privés, comme TVA et TVA Sports, peinent à survivre face à une baisse généralisée des revenus publicitaires.

Rappelons ses propos:

« La situation demeure critique, considérant la baisse des revenus publicitaires qui affecte l’ensemble de l’industrie des médias. Il est insensé que CBC Radio-Canada a reçu récemment 42 millions en compensation pour la perte de revenus publicitaires ». (crédit: la Presse)

Pour Péladeau, cette disparité constitue une distorsion flagrante de la concurrence. Il accuse le soutien gouvernemental à Radio-Canada de créer une situation déséquilibrée, mettant en péril la viabilité des médias privés.

"Pendant que nous devons supprimer 600 postes pour survivre, CBC Radio Canada reçoit 42 millions de dollars en subventions. La situation est insensée."

Cette position a mis de l'huile sur le feu de sa volonté de ne pas faciliter l'accès de Radio-Canada aux diffusions sportives, une décision qui semble directement influencée par sa critique constante de la société publique.

La tension entre Péladeau et Radio-Canada se reflète également dans les débats politiques actuels. Les rumeurs selon lesquelles le gouvernement conservateur pourrait envisager de fermer Radio-Canada une fois au pouvoir en 2025 ajoutent du poids à ses arguments.

Les déclarations de Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, promettant de protéger Radio-Canada tout en dénonçant la CBC, ont suscité railleries et moqueries, en particulier de la part de Justin Trudeau et des autres partis politiques.

Mais ils peuvent rire tant qu'ils veulent. Il est assuré à cent pour cent que Poilievre sera majoritaire en 2025 et son objectif premier est bel et bien de fermer Radio-Canada. Dans ce dossier, Péladeau est son allié pour le meilleur et pour le pire.

Dans ce contexte, la position de Péladeau semble être une manœuvre stratégique pour accentuer la pression sur Radio-Canada et le gouvernement.

Son refus de permettre le partage des matchs du Canadien de Montréal le samedi soir avec la société publique illustre son approche agressive pour défendre les intérêts de Québecor et ses médias associés.

Péladeau utilise cette controverse pour renforcer son message sur la nécessité de réévaluer le soutien financier à Radio-Canada et de promouvoir une concurrence plus équitable dans le paysage médiatique.

Pour l'instant, il semble déterminé à maintenir cette position, indépendamment des implications pour l'accès des téléspectateurs aux matchs de hockey, et à continuer de jouer un rôle central dans la bataille pour le contrôle et la survie des médias privés au Canada.

En pleine période d'inflation, où les gens ont de la difficulté à mettre du pain sur la table, le sport reste un refuge précieux pour se changer les idées et échapper aux difficultés quotidiennes.

Il est d'autant plus regrettable que, dans cette guerre médiatique sans fin, les anglophones aient accès aux matchs de hockey du samedi soir via le câble tandis que les francophones se retrouvent exclus.

Ce déséquilibre accentue encore plus la fracture médiatique au Canada. Tandis que les abonnés de CBC peuvent regarder les parties en direct, les téléspectateurs de TVA Sports, eux, doivent faire face à la réalité que les matchs ne sont pas diffusés sur les réseaux publics dans leur langue.

Cette situation ne fait qu'ajouter à la frustration des amateurs de hockey francophones, qui se retrouvent une fois de plus écartés des événements sportifs majeurs simplement en raison de décisions politiques et commerciales.

Les tensions entre les deux géants médiatiques, Québecor et Radio-Canada, semblent s’intensifier, amplifiant les frustrations des consommateurs qui cherchent désespérément des moyens de suivre leurs équipes favorites sans devoir débourser des sommes supplémentaires.

Dans ce contexte, la position intransigeante de Péladeau apparaît comme une tentative de maintenir un avantage concurrentiel pour Québecor, mais elle contribue également à creuser le fossé entre les communautés linguistiques du pays.

Le sport, qui devrait être un terrain de rassemblement et d’unité, se transforme en un champ de bataille médiatique où les consommateurs sont pris en otage.

Les décisions stratégiques prises par Péladeau influence non seulement le paysage télévisuel négativement, mais aussi le quotidien des Québécois qui trouvent dans le sport un moyen d'évasion et de divertissement essentiel...mais qui sont pris à la gorge malgré eux par ces tensions médiatiques.

Péladeau n'en a que faire. Pour lui, sa seule priorité est que Radio-Canada ferme ses portes. Dans ce sens, il se soucie guère des gens qui n'ont pas le câble...

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