Pierre-Karl Péladeau s’est vengé: commotion pour la famille Péladeau

Pierre-Karl Péladeau s’est vengé: commotion pour la famille Péladeau

Par David Garel le 2025-04-06

Il y a quelques mois à peine, le nom de Pierre-Karl Péladeau était sur toutes les lèvres, mais rarement pour les bonnes raisons.

On dénonçait la chute libre de TVA Sports, les congédiements massifs dans l’ensemble de Groupe TVA, les pertes financières horribles de l’entreprise, et surtout… les salaires mirobolants versés à Péladeau lui-même et à sa famille.

La société Québecor, fleuron médiatique québécois, semblait à genoux. Entre 200 et 300 millions de dollars de pertes cumulées pour TVA Sports depuis sa création en 2011, des vagues successives de 547 licenciements en 2023 (après 240 autres quelques mois plus tôt), et une hémorragie d’abonnés et de revenus publicitaires, la tempête paraissait insurmontable.

Mais ce dimanche, en ce début d’année 2025, une donnée change tout : l’action de Québecor a grimpé de près de 20 % en Bourse depuis le début de l’année.

Un véritable électrochoc. Une revanche brutale, presque cinématographique, pour Pierre-Karl Péladeau… et un camouflet direct à ses détracteurs.

L’indignation avait atteint son paroxysme lorsque les données officielles de rémunération de Québecor pour 2023 ont été rendues publiques.

Pierre-Karl Péladeau : 4 944 125 $ en rémunération totale, en hausse de 57 % par rapport à 2022. Ce montant comprend :

798 900 $ en salaire de base

423 000 $ en rémunération liée à son intérim à la direction de Groupe TVA

3 703 125 $ en options d’achat d’actions et rémunérations incitatives à long terme

Jean B. Péladeau, vice-président à la convergence opérationnelle de Québecor Média :

1 902 200 $, dont :

456 000 $ en salaire

1 250 000 $ en options d’achat

196 200 $ en autres formes de rémunération

Érik Péladeau, administrateur de Québecor inc. :

920 700 $, dont :

159 700 $ en honoraires d’administrateur

761 000 $ en rente de retraite pour ses 32 années de service

Autrement dit, la famille Péladeau à elle seule a encaissé plus de 7,7 millions de dollars en une seule année, pendant que des centaines d’employés perdaient leur emploi. Une image qui a choqué une grande partie de la population.

Ajoutez à cela le salaire annuel de 400 000 $ pour Jean-Charles Lajoie à TVA Sports, alors que son émission cumule des cotes d’écoute insignifiantes, et vous obtenez un cocktail explosif.

Certaines sources affirment que le salaire de Lajoie a été coupée d'une grosse partie en lien avec le cauchemar financier de TVA Sports, mais nous n'avons pas réussi à confirmer l'information. 

On se souvient aussi de l’aveu surprenant de Guy Jodoin, animateur de Le Tricheur, affirmant être devenu millionnaire grâce à ses multiples contrats télévisés.

Dans ce climat de précarité pour les employés, ces confessions ont été perçues comme des gifles publiques.

Les accusations pleuvaient : gestion orgueilleuse, dilapidation d’actifs, entêtement à maintenir en vie une chaîne déficitaire par caprice personnel.

Lors de la divulgation de sa rémunération, Pierre-Karl Péladeau a vécu un véritable déluge médiatique et personnel. Sur les réseaux sociaux, les critiques n’ont pas tardé à pleuvoir.

Son salaire de 4,9 millions de dollars, révélé au grand jour dans un contexte de congédiements massifs chez TVA, a déclenché une onde de choc dans l’opinion publique.

Les commentaires acerbes se sont multipliés. Certains l’ont qualifié de « sans coeur », d’autres de « patron déconnecté », incapable de compassion envers les centaines d’employés remerciés.

Mais ce qui a le plus blessé Péladeau, selon ses propres confidences sur ses plateformes sociales, c’est l’attaque dirigée contre sa famille.

Son fils Jean B. Péladeau, dont la rémunération atteignait 1,9 million de dollars, a été la cible de railleries et d’insultes, tout comme son frère Érik Péladeau, qui touchait près d’un million en rente de retraite.

« Vous êtes une dynastie de profiteurs », écrivait-on sous ses publications.

Ce n’était plus seulement une attaque contre un dirigeant d’entreprise : c’était devenu un lynchage familial et identitaire, une remise en question publique de l’héritage des Péladeau.

Même Sylvain Chamberland, ancien vice-président de Québecor Média et ex-directeur de l’information à TVA et à Radio-Canada, avait déclaré publiquement que le sport était le “dada” de Pierre-Karl Péladeau, et que les 300 millions de pertes de TVA Sports, bien que spectaculaires, n’étaient que des « peanuts » dans l’ampleur de l’empire Québecor.

Mais ce qui semblait autrefois être un "dada en ruines", a aujourd’hui l’allure d’un pari stratégique.

Alors que les critiques s’intensifiaient, que les employés manifestaient leur colère, et que les médias rapportaient la chute de TVA comme inévitable, l’action de Québecor prend 20 % en Bourse en début d’année 2025.

L’effet de levier est clair : malgré la chute de TVA Sports, l’acquisition stratégique de Freedom Mobile (pour 2,85 milliards $) commence à porter ses fruits.

En parallèle, pendant que BCE (Bell), le grand rival de Québecor, s’effondre en Bourse et que ses analystes réclament maintenant une charcuterie du dividende, Québecor avance, solidifie sa base d’abonnés en télécom, et envoie un message fort au marché.

Rappelons que BCE détiendra la majorité des droits de diffusion du Canadien de Montréal à compter de 2026, avec 50 à 60 matchs réservés à RDS, tandis que TVA Sports sera largement écarté.

Pourtant, sur le plan boursier, c’est TVA Sports qui, contre toute attente, semble donner une leçon à son rival.

Cette montée fulgurante de l’action de Québecor provoque un retournement narratif spectaculaire. Les mêmes qui accusaient Péladeau de couler son empire pour un caprice sportif doivent maintenant reconnaître la résilience d’un stratège qui, contre vents et marées, refuse de baisser les bras.

Il faut aussi le souligner : malgré tous ses défauts, Pierre-Karl Péladeau n’apparaît même pas dans la liste des 100 PDG les mieux rémunérés du Canada. Selon le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), en 2023, les PDG du top 100 ont gagné en moyenne 13,2 millions de dollars chacun – 2,7 fois plus que Péladeau.

Le seuil minimal pour faire partie de ce club sélect a même atteint 6,9 millions, bien au-dessus du salaire de Péladeau. Autrement dit, PKP est loin d’être le pire éléphant dans la pièce.

Il y a quelques mois, on ne pouvait pas croire qu’une entreprise médiatique québécoise de cette envergure allait aussi mal.

On ne pouvait pas croire que son patron, aussi critiqué, aussi décrié, s’accrochait à un projet aussi déficitaire. Et surtout, on ne pouvait pas croire qu’il se versait ce genre de salaire dans un tel contexte.

Pendant que Bell encaisse les coups en Bourse, Québecor flambe. Pendant que les critiques se multiplient dans les journaux, les courbes boursières montent. Pendant que TVA Sports est exclue du futur contrat télé de la LNH… Québecor prouve qu’elle n’a pas dit son dernier mot.

Aujourd’hui, alors que l’action de Québecor grimpe de 20 %, que BCE vacille en Bourse, et que les projecteurs reviennent sur les réussites stratégiques du groupe , Pierre-Karl Péladeau mène une revanche puissante.

Pas seulement pour lui, mais pour sa famille entière. Cette remontée spectaculaire, sur fond de critiques passées, lave l’affront qu’il a dû encaisser publiquement.

Lui qu’on accusait de maintenir TVA Sports en vie par pur orgueil, lui qu’on disait aveuglé par ses « caprices personnels », lui qu’on accusait de s’enrichir pendant que les techniciens et les recherchistes perdaient leur emploi… se retrouve aujourd’hui validé par le marché. Il n’a jamais demandé pardon, il n’a jamais baissé les yeux – et maintenant, ce sont ses détracteurs qui doivent regarder les chiffres en silence.

Sa revanche est là, claire, chiffrée, tangible. Elle est boursière, elle est stratégique, et elle est profondément personnelle.

Comme quoi, il ne faut jamais sous-estimer un homme prêt à perdre 300 millions… pour gagner le dernier mot.