Pire scénario pour Patrik Laine: une transaction surprise

Pire scénario pour Patrik Laine: une transaction surprise

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-02

Georges Laraque ne croit pas à la “renaissance” de Patrik Laine. Il l’a répété sur les ondes de BPM Sports, et il met même de l’argent là-dessus : selon lui, Laine ne jouera pas plus de 40 matchs cette saison à Montréal… et il ne finira pas l’année ici.

« Je le vois pas jouer plus que 40 games »

Au micro, Laraque ne tourne pas autour du pot. Il balance :

« Moi, je le vois pas jouer plus qu’à 40 games cette année. Je pense pas qu’il va jouer toute l’année ici. Jm pense qu’au deadline, il s’en va. Je suis désolé, là. J’oublie pas ce qui est arrivé l’année passée. Je m’en fous qu’il soit en forme, comme on entend tout ça. J’y crois pas à partir de là.

J’ai regardé comment c’était l’année passée. Un gars qui est un one-trick pony, seulement en avantage numérique… À 5 contre 5, on le voit pas. Pour gagner, t’as besoin de plus qu’un gars bon en avantage numérique. T’as besoin d’un gars impliqué dans les deux sens, un gamer, un gars d’équipe, un gars qui est tout le temps là. Oui, en avantage numérique, il est super… Dans les séries contre Washington, oubliez pas : quand Laine est parti de l’avantage numérique, les stats étaient meilleures avec Demidov. »

Le message est sans pitié : la belle histoire d’été, la forme retrouvée, les vidéos virales à Brossard avec Demidov… Laraque n’achète pas. Laine sera transigé de manière... surprenante...

Pour lui, le fond du dossier n’a pas bougé : à 5 contre 5, Laine n’a pas été un facteur, la confiance de l’entraîneur s’est effondrée en fin de saison, et le CH ne peut pas se permettre de bâtir sa saison sur un spécialiste d’avantage numérique.

Il faut se rappeler anciens propos de Laraque, tenus à chaud quand la saison s’est terminée. Big Georges voyait la fin écrite dans le ciel.

Il parlait d’une « conclusion inévitable », d’un rachat de contrat assuré, d’un vestiaire glacé et d’un point de rupture avec Martin St-Louis.

Il évoquait la colère de Laine, "benché" même à 6 contre 5, et une fracture interne amplifiée par l’engueulade avec Brendan Gallagher qui avait enguirlandé le Finlandais pour sa paresse.

Il poussait le scénario jusqu’à une transaction-choc de type "salaire indésirable" pour équilibrer une éventuelle folie à la Crosby. Bref, Laine dehors coûte que coûte, sinon on aurait droit à un cirque permanent pendant un an.

C’était sa lecture de la situation en mai dernier. Mais c’est utile pour comprendre la suite : Laraque n’a jamais cru à un avenir stable de Laine à Montréal. Les derniers propos à BPM ne sortent pas de nulle part ; ils prolongent une ligne sans pitié tenue depuis avril envers l'attaquant.

Le précédent des séries contre Washington est gravé : troisième période sur le banc, pas de présence à 6 contre 5. Pour Laraque, quand ça casse à ce point-là, ça ne se recolle pas en un été.

Laine est un monstre sur le "power play". Personne ne débat ça. Mais le CH veut gagner sa part de minutes à forces égales. Et Laraque le redit : la courbe de possession et d’impact sans l’avantage numérique ne militait pas pour lui. Son « one-trick pony » résume tout.

Avec Suzuki, Caufield, Slafkovsky dans le béton sur le 1er trio, Bolduc qui pousse pour une audition afin de jouer avec Demidov, Laine pourrait voir la glace lui glisser sous les pieds.

Si Laine ne domine pas vite à 5 contre 5, il devient nuisible. D’où la thèse : vitrine d’octobre à février… puis départ à la date limite.

Laine a passé l’été à Montréal. Il s’est entraîné tous les jours à Brossard avec Demidov, a multiplié les activités publiques (Pierrefonds, fondation From Us To You, défilé caritatif), a répété vouloir rester, a parlé santé mentale avec sérieux. Il dit n’avoir jamais été aussi en forme, vise les séries, assume le marché de Montréal.

Là encore, Laraque nuance : les mots ne changent pas le film.

« J’m’en fous qu’il soit en forme, comme on entend», dit-il. Son barème, c’est l’implication match après match. Pas la tournée de juillet et août.

Sans même forcer, on voit le scénario que Laraque suggère :

Octobre-novembre : top 6, PP1, maxi-exposition avec Demidov pour gonfler la valeur.

Décembre-janvier : si le 5 contre 5 ne suit pas, on continue de lui donner du temps en avantage numérique, mais on l'écarte du 2e trio.

Février-mars-date limite des transactions: vente avec retenue salariale si nécessaire (et/ou retour type choix + espoir), surtout si Bolduc s’impose.

Dans ce schéma, arriver à 40 matchs… c’est déjà beaucoup. Entre pépins physiques, soirs sur le banc et transaction vers l’Ouest, le total peut plafonner vite. C’est exactement le pari de Laraque.

Pourquoi son discours fesse aussi fort?

Parce qu’il n’a jamais retourné sa veste. Depuis la sortie de route printanière, Laraque reste cohérent : il ne croit ni au fit sportif, ni au « reset culturel » autour de Laine.

Parce qu’il met l’enjeu tactique au centre : « gagner » passe par des ailiers complets, pas par un pur "canon PP."

Parce qu’il assume la date limite comme issue naturelle : Kent Hughes n’attachera pas le futur à un profil jugé instable si le marché offre un rendement honnête.

Le 5 contre 5 : « On le voit pas ».  Là, il vise l’effort sans rondelle, la première pression, la retraite sous contrôle, la bataille de territoire. Ce sont les axes que St-Louis réclame en premier.

Le “gamer factor” : « un gars d’équipe, un gars qui est tout le temps là ». Allusion claire à la disponibilité, à la tolérance à la douleur, et… aux choix du coach durant le money time (Washington en séries).

Le PP post-Laine : « Les stats étaient meilleures avec Demidov ». Message : le CH a d’autres solutions à la pointe du losange. Si Demidov est là et si Caufield retrouve son bureau, Laine n’est plus indispensable.

Soyons "fair". Il existe un chemin, étroit, mais réel, qui fait sauter le plafond des 40 matchs à Montréal :

Impact immédiat à 5 contre 5, avec Demidov comme électrochoc (récupérations + finitions).

Stabilité physique (zéro pépin au genou/haut du corps) qui lui donne 70+ matchs joués.

Acceptation des usages : minutes plus “sales”, mises en échec acceptées, présence sur la deuxième vague certains soirs sans perdre l’engagement.

Effet vitrine inversé : le CH gagne, la ligne produit, Hughes ne bouge pas au "deadline".

Tout ça doit arriver en même temps. C’est là que Laraque met son pari : la combinaison est trop fragile pour tenir jusqu’en mars.

Le DG a deux leviers :

L’économie : pas question de se marier, même à rabais (8 ans/40 M$) tant que le 5 contre 5 n’est pas régulier. Court terme ou rien, sinon on attend la saison.

La date limite : si Laine score mais reste seulement "situational", retenue salariale (1–2 M$) et flip à une équipe en manque de sniper PP. Le CH récupère un 2e tour + espoir B et libère sa carte pour Bolduc.

Lire Laraque, c’est comprendre que le club garde la main. Pas de statut spécial pour une main lourde en PP si le reste ne suit pas.

Laraque n’y croit pas. Il parie gros qu’on ne verra pas plus de 40 matchs de Patrik Laine sous le chandail du CH cette année, par blessures, par choix de l’entraîneur, ou par transaction.

Et il appuie où ça fait mal : à forces égales, la cassette n’a pas changé, Demidov rend l'avantage numérique viable sans lui, et St-Louis a déjà montré ce qu’il fait quand la confiance s’évapore.

Est-ce trop dur pour un gars qui a fait un gros été, qui s’entraîne à Brossard tous les jours, qui dit aimer Montréal et qui peut marquer 40 buts? Peut-être.

Mais sur le plan hockey pur, les 60 minutes qui comptent, le standard est clair : être un facteur tous les soirs. Pas un luxe intermittent.

Laraque remet la barre là. Et son 40 n’est pas un chiffre sorti d’un chapeau : c’est la somme de l’historique, du système St-Louis, de la concurrence interne, et d’un marché où Hughes n’hésitera pas à monnayer un canon PP si le reste de la partition ne joue pas.

À partir d’aujourd’hui, la balle est dans le camp de Laine. Il a 40 matchs pour faire mentir Georges Laraque.