La nouvelle a fait l’effet d’un choc électrique dans le vestiaire du Canadien : Kirby Dach est toujours en rééducation, cinq mois après sa plus récente opération au genou.
Le Canadien n’a donc pas de deuxième centre prêt à jouer à l’aube du camp d’entraînement, et le pire dans tout ça? Il le savait. Et n’a rien fait.
Rien. Même pas un coup de fil à Jack Roslovic, pourtant l’un des meilleurs joueurs encore sans contrat sur le marché.
22 buts, 39 points, 54,1 % d’efficacité aux mises au jeu, capable de jouer à l’aile ou au centre, rapide, intelligent, doté d’un flair offensif certain… et toujours sans contrat. Et ce, en plein mois d’août.
Alors que la situation au centre du Canadien vire au cauchemar 9Dach en réhabilitation, Newhook instable, Evans limité, et Kapanen ou Beck trop jeunes), plusieurs se demandent : pourquoi Roslovic n’est-il même pas considéré?
La réponse est sans pitié: Jack Roslovic n’est tout simplement pas un joueur “Martin St-Louis.”
Un joueur productif, mais perçu comme “soft”.
Jack Roslovic n’a rien d’un mauvais joueur. Au contraire. Il a inscrit 22 buts sans bénéficier de temps régulier sur l’avantage numérique. Il joue vite, il voit le jeu, il crée des occasions. C’est un joueur NHL de calibre top 6, sans le moindre doute.
Mais voilà. Dans l’univers de Martin St-Louis, les statistiques ne valent rien si elles ne sont pas accompagnées de douleur, d’intensité, et de sacrifice physique.
Et c’est là que Roslovic s’écroule.
Seulement 14 mises en échec en 81 matchs. Un des attaquants les moins physiques de toute la LNH, selon les statistiques avancées. Seuls 16 attaquants ont distribué moins de mises en échec par tranche de 60 minutes.
Dans un système où l’on exige de « salir son nez », ce genre de joueur est banni.
Ce n’est pas une attaque gratuite. C’est une conclusion froide, soutenu par les chiffres et les comportements.
Le message est clair depuis le jour 1 : Martin St-Louis veut des guerriers. Des joueurs capables de bloquer des tirs, de foncer dans les coins, de gagner des bagarres à un contre un. Il veut des soldats, pas des joueurs de finesse qui reculent quand le jeu devient rude.
C’est pour cette raison que le Canadien a tourné le dos à Trevor Zegras. C’est pour ça que Patrik Laine a été rapidement ramené sur terre après son acquisition. C’est pour ça que même un joueur aussi productif que Roslovic n’a pas reçu le moindre appel.
Parce qu’à Montréal, sous Martin St-Louis, être talentueux ne suffit pas.
Une équipe construite pour faire mal, pas pour briller.
Voici ce que devrait être la ligne de centre du Canadien aujourd’hui :
Nick Suzuki
Kirby Dach (blessé)
Jake Evans
Joe Veleno
C’est tout sauf inspirant.
Et pourtant, le Canadien préfère miser sur cette réalité précaire que de transiger son identité. Parce que le style prime sur le talent. Parce que le caractère prime sur les statistiques.
Même si Roslovic a marqué plus de buts que tous ces joueurs sauf Suzuki, il ne "fit" pas. Point final.
Et puis, il est droitier, comme Suzuki, Dach et Evans. Le CH cherche un centre gaucher pour équilibrer ses trios. Un profil plus difficile à dénicher.
Roslovic a joué pour Columbus, les Rangers et les Hurricanes en deux ans. Trois équipes, trois systèmes, aucune stabilité. Il a été échangé deux fois en pleine saison. Et même après une campagne de 22 buts, aucune équipe n’a cru bon le re-signer rapidement.
Ça en dit long. Dans la LNH, on ne se fie pas qu’aux points. On analyse le comportement. La constance. L’intensité. Et Roslovic, malgré ses qualités, traîne une étiquette d’attaquant de location.
Pas de long terme. Pas de vision claire. Juste un joueur de passage.
Et le Canadien ne veut pas de passagers.
Le public comprend la logique.
Même les partisans, d’abord outrés par l’inaction de Hughes, commencent à saisir le message. Ce n’est pas un oubli. Ce n’est pas une erreur. C’est une stratégie cohérente avec la philosophie de St-Louis.
Le CH veut bâtir une équipe difficile à affronter. Une équipe qui impose sa volonté physique. Une équipe qui ne se fera pas brasser en séries.
Parce qu’en séries, les joueurs comme Roslovic disparaissent. Parce que contre la Floride ou Boston, les lignes trop habiles et pas assez robustes se font dévorer.
Dans un monde parallèle, peut-être que Roslovic aurait pu compléter une ligne avec Demidov et Bolduc. Ça aurait été beau sur papier. Rapide. Technique. Créatif.
Mais dans la réalité brutale de la LNH, cette ligne se serait fait marcher dessus physiquement et défensivement.
La vision de Martin St-Louis est non négociable, peu importe si Dach est déjà fini au mois d'août.
On peut ne pas être d’accord avec l’idéologie. On peut dire que le Canadien manque une occasion en or. Que Roslovic coûterait probablement 3 millions maximum, et qu’à ce prix-là, on ne risque pas grand-chose.
Mais Martin St-Louis ne dérogera pas.
Depuis son arrivée, il martèle toujours le même message : jouer de la bonne manière. Avec constance. Avec effort. Avec conviction. Et ce message est maintenant tatoué sur la colonne vertébrale du CH.
C’est pour ça que Roslovic n’aura jamais sa chance à Montréal.
Pas pour ses chiffres.
Pas pour ses points.
Mais pour ce qu’il ne fait pas.
Il ne frappe pas.
Il ne sacrifie pas.
Il ne dérange pas.
Et dans l’ère Martin St-Louis, ça ne pardonne pas.
Le Canadien de Montréal préfère attendre une ouverture pour Mason McTavish ou pousser utiliser Newhook ou Zachary Bolduc au centre plutôt que d’offrir un contrat d’un an à un joueur talentueux mais perçu comme inutile dans leur système.
Jack Roslovic n’est pas un joueur du CH. Il ne le sera jamais.
Pas parce qu’il ne sait pas jouer.
Mais parce qu’ici, on ne paie pas pour le luxe.
On paie pour les fondations.
On paie pour la guerre.
On paie pour les soldats.