Les rumeurs enflent autour de Mike Matheson.
Il y a des histoires qui finissent toujours par éclater. Et à Montréal, celle de Mike Matheson est en train de devenir la plus vicieuse de toutes.
Le vétéran défenseur, pilier de l’organisation depuis deux saisons aux yeux de Martin St-Louis, voit son nom circuler partout.
À Anaheim, on le veut. À Seattle, on l’évalue. Dans les bureaux de Kent Hughes, on en discute sérieusement. Et chez ESPN, on va même jusqu’à prédire que Mike Matheson récoltera plus de points que Noah Dobson en 2025-2026.
Oui, vous avez bien lu : selon ESPN, Matheson produira 44 points (7 buts, 37 passes), alors que Dobson plafonnerait à 43 points (9 buts, 34 passes).
Encore plus absurde, on prédit que Matheson jouera plus de minutes (25:00) que Dobson (23:36). Pour les Américains, Matheson reste une valeur sûre, un « workhorse » qui transporte la rondelle et mange des minutes lourdes.
À Montréal? On rit jaune. Parce qu’ici, tout le monde sait que Dobson est déjà le défenseur numéro un, que Lane Hutson est protégé comme le joyau de demain, et que Matheson est désormais relégué au rôle de bouche-trou dans une défensive saturée.
Mais cette perception américaine, même fausse, est une aubaine pour Kent Hughes. Parce qu’elle gonfle la valeur de Matheson sur le marché, alors que son rôle réel au sein du CH s’amenuise dangereusement.
Tout a basculé en un an.
En 2023-2024, Matheson avait explosé avec 62 points en 82 matchs, un sommet qui le plaçait parmi l’élite offensive des défenseurs de la LNH. Martin St-Louis l’utilisait 27 minutes par soir, souvent dans des situations désespérées, avec des responsabilités de quart-arrière sur l’avantage numérique.
Mais l’arrivée de Lane Hutson a tout changé. Dès qu’on a confié la première vague du powerplay au prodige de 21 ans, Matheson s’est effacé. Résultat : 31 points en 80 matchs seulement en 2024-2025. Sa production a été coupée de moitié. Son temps de jeu a fondu. Et sa visibilité offensive s’est évaporée.
Ce déclin n’est pas une question de talent, mais de hiérarchie. À gauche, le CH est congestionné : Hutson, Guhle, Struble, Engström, Xhekaj.
À droite, Dobson, Reinbacher, Carrier verrouillent la rotation. Où loger Matheson dans ce casse-tête? Sur une troisième paire, avec quelques miettes en deuxième vague.
Pour son agent, la situation est intenable :
« Si tu enlèves 8 minutes par match à Matheson, tu lui coupes deux millions par année sur son prochain contrat. »
À 31 ans, le défenseur est dans la dernière année de son pacte actuel. Il rêve de décrocher un dernier gros contrat (6,5 à 7 M$ sur 4 ou 5 ans). Mais s’il passe la saison à 17 minutes de jeu sans produire, sa valeur chutera brutalement.
Les Ducks d’Anaheim suivent le dossier de près. Et ce n’est pas un hasard : la transaction Carey Price a libéré de l’espace au CH, et du côté des Ducks, on explore activement l’idée d’ajouter un défenseur expérimenté.
Sur papier, Anaheim est déjà blindé à gauche : Jackson Lacombe, Olin Zellweger, Pavel Mintyukov. Trois jeunes bourrés de talent, destinés à devenir des piliers à long terme. Mais à droite, c’est le désert : Radko Gudas, Jacob Trouba, Drew Helleson. Une brigade lente, lourde, incapable de relancer l’attaque.
C’est là que Matheson devient une cible : il est gaucher, mais peut jouer à droite. Mobile, bon transporteur de rondelle, il offrirait exactement ce qui manque aux Ducks.
Et le nom qui revient sans cesse dans les discussions? Mason McTavish.
Oui, Anaheim continue de demander la lune. Un scénario qui circule à l’interne implique :
Mike Matheson,
Un choix de premier tour 2026 non protégé,
contre Mason McTavish.
Pour Kent Hughes, c’est inacceptable. Il veut protéger son premier choix, surtout avec le repêchage 2026 jugé exceptionnel.
Le DG du CH n'acceptera jamais de se sortir de la loterie Gavin McKenna avant même que la saison ne commence. On n'est jamais à l'abri d'une mauvaise saison.
Mais Anaheim joue dur : on sait que McTavish vit un bras de fer avec son équipe, qu’il refuse un contrat à rabais, et que son clan est en furie. Les Ducks utilisent même des tactiques d’intimidation, laissant filtrer qu’ils n’ont « aucun problème » à le faire sécher à la maison.
En coulisses, tout le monde sait que McTavish rêve de Montréal. Mais pour l’instant, Anaheim continue de tester la patience de Hughes.
À Seattle, l’intérêt est différent. Le Kraken n’a pas un besoin criant à gauche : Vince Dunn, Jamie Oleksiak et Ryan Lindgren composent déjà un top 3 solide, quoique Oleksiak est de plus en plus lent pour la LNH d'aujourd'hui. Mais à droite, la hiérarchie repose sur Adam Larsson, Brandon Montour et Cale Ryker Evans.
Matheson pourrait jouer ce rôle hybride : gaucher utilisé à gauche ou à droite, capable d’offrir de la mobilité à une défensive rigide. Mais l’ajustement ne serait pas aussi naturel qu’à Anaheim.
En revanche, l’actif que le CH lorgne à Seattle est clair : Jared McCann.
Auteur de 40 buts en 2022-2023, McCann est sous contrat à 5 M$ pour encore deux ans. Un profil parfait pour jouer derrière Suzuki, comme centre du deuxième trio. Les discussions ne sont pas mortes. Mais pour Seattle, céder McCann coûtera cher. Et l’ajout de Matheson, sans autres pièces, ne suffira pas.
La priorité de Seattle est bel et bien un choix de 1ère ronde 2026 et Seattle semble beaucoup plus ouvert pour un choix non-protégé.
Le plus surprenant dans toute cette saga reste la perception américaine. Quand ESPN affirme noir sur blanc que Matheson produira plus que Dobson, ça choque à Montréal. Ici, on sait que Dobson sera l’animateur numéro un du powerplay, que son rôle est protégé et que Matheson glissera dans l’ombre.
Mais pour le marché, cette perception est de l’or. Hughes peut se présenter à Anaheim ou Seattle en brandissant ces projections comme argument :
« Regardez, mon gars vaut encore plus que vous pensez. »
Cauchemar ou bénédiction pour Mike Matheson, qui a la ville de Montréal tatoué sur le coeur?
Matheson aime Montréal. Sa famille aussi. Mais derrière le sourire public, la tension est évidente. Son entourage sait que la saison qui s’en vient est cruciale. S’il reste dans l’ombre, il perdra des millions sur son prochain contrat.
Kent Hughes le sait. Et c’est pour ça que son nom circule autant. Parce que Matheson est devenu un actif en sursis.
Trop précieux pour le laisser dépérir dans un rôle de troisième paire.
Trop coûteux à prolonger à 6,5 M$ par année sur quatre ans.
Trop convoité à Anaheim, Seattle oui ailleurs pour ignorer le marché.
Hughes a donc trois options :
Le prolonger à rabais (court terme, 4-5 M$).
L’échanger maintenant, pendant que sa valeur reste gonflée par ESPN et les besoins criants ailleurs.
Attendre… au risque de voir sa valeur s’effondrer d’ici la date limite.
À Montréal, les émotions brouillent souvent le jugement. Matheson, Québécois fier, leader discret, joueur apprécié, représente tout ce que les fans veulent voir d’un vétéran.
Mais la réalité est brutale : la fenêtre du CH s’ouvre en 2027-2030, pas en 2026. Et dans cette fenêtre, les minutes doivent appartenir à Dobson, Hutson, Guhle et Reinbacher.
Donner 6,5 M$ à Matheson sur 4 ans, c’est condamner Kent Hughes sur sa masse salariale.
Kent Hughes n’a pas le droit de refaire les erreurs de Marc Bergevin. Pas de prolongation cadeau. Pas de contrat nostalgique. Pas de sentimentalisme.
Le choix est simple : tu le signes à rabais… ou tu l'échange..
Parce qu’à Montréal, la nouvelle réalité est claire : on ne paie plus pour le passé. On paie pour l’avenir.