Voilà. On l’a dit, on le répète, mais cette fois on l’appuie avec du concret qui claque: Montréal a tendu un piège au reste de la ligue et ils sont tombés dedans les deux pieds.
Preuve choc? Un gamin de 18 ans, filiforme comme une échalote sur patins, vient d’arracher une passe sur le but égalisateur de Salavat en match préparatoire KHL… en jouant centre, lui qui était repêché ailier.
Et ce n’est pas un hasard, pas un éclair sans lendemain.
C’est la trace digitale de Nick Bobrov et de Martin Lapointe sur un dossier monté comme un casse du siècle.
Deux mois plus tard, à la veille des camps nord-américains, alors que tout le monde s’étire en gymnase et poste des “day one” sur Instagram, le kid reste en Russie, grimpe une marche, gagne de la confiance, et valide l’intuition du CH: ce choix de 2e ronde n’était pas un “reach”, c’était un vol chirurgical, froid, assumé.
Les 31 autres? Humiliés, parce qu’ils ont vu la même cassette que nous, mais ils n’avaient ni l’accès, ni les tripes.
Reprenons la scène, sans poudre aux yeux. Le club visait ce joueur dès la première ronde.
Oui, première. Lapointe l’a déjà laissé entendre noir sur blanc après le repêchage: Zharovsky était coché au 16e et au 17e rang sur la planche du CH.
Sauf que ces deux choix ont servi de monnaie pour aller chercher Noah Dobson. La plupart des équipes auraient remballé le dossier, classé la chemise, bougé à la case suivante.
Pas Montréal. Montréal a fait ce que les bons prédateurs font: suivre, vérifier, tester, attendre la faille. La faille, c’était le facteur russe qui tétanise la LNH depuis des années: incertitudes de contrat, KHL, politique, distance.
Les mêmes peurs qui font déraper des salles de repêchage entières ont figé les échelons.
Mais quand tu as Bobrov dans l’organigramme, c’est un autre jeu.
Lui marche les arénas, parle la langue, lit les non-dits, connaît les agents, connaît les familles.
Et surtout, il sait quoi valider et auprès de qui. Quand le CH se déplace en Floride au camp tenu par Dan Milstein, quand Lapointe passe “à cinq minutes de condo” pour voir le kid, quand l’entraîneur Viktor Kozlov est dans la pièce, ce n’est pas du tourisme.
C’est du renseignement. On n’est plus sur YouTube et les coups de fil timides; on est dans le terrain, les regards, l’évaluation à courte distance.
Résultat: feu vert. Et malgré un coup de patin encore perfectible ... Lapointe n’a jamais masqué qu’il est exigeant là-dessus ... l’organisation a jugé que le cerveau, la vision et les mains valaient l’investissement. Point.
Oui, le profil fait jaser: 6’1, 163 lb tout mouillé, le genre de silhouette qui fait soupirer les vieux scouts.
Mais la rondelle colle à sa palette comme si elle avait signé un bail. Créativité, feintes, lecture du tempo, petites passes veloutées sur un pas et demie… ça ne s’enseigne pas.
Ça s’observe, ça s’extrait, ça s’entoure, et ça se développe. Ce que vous voyez aujourd’hui en août, c’est une première brique posée exactement là où le CH voulait qu’elle soit posée: une mention d’aide décisive en prépa KHL, au centre, dans un rôle qui élargit son éventail.
Et la ligne n’est pas une traînée d’étoiles filantes: le printemps dernier, rappel surprise en séries KHL avec le Ufa, sept matchs pour goûter au vrai pace adulte, une passe, mais surtout une carte de visite propre déposée sur le bureau des coachs.
Avant ça, une saison dans la MHL à 50 points en 45 matchs. Ce n’est pas une “hype” vide, ce sont des jalons.
C’est ici que l’humiliation commence pour les autres.
Parce qu’il ne s’agit pas d’un billet à gratter tombé par miracle dans la bonne main. Montréal a investi du jus, de la sueur et des kilomètres pour réduire l’incertitude alors que les autres s’y noyaient.
Pendant que des clubs biffaient le passeport rouge “par principe”, le CH grattait l’info utile: quel est l’entourage? où en est le patin? est-ce que la tête travaille à la vitesse pro? comment réagit-il sous pression réelle, hors highlight?
Quand tu accumules ces réponses, la “peur du Russe” se transforme en avantage de marché.
Et l’instant où le nom glisse jusqu’en deuxième ronde, c’est bouton rouge, exécution. Pas besoin de refaire l’historique: combien d’équipes, avec les mêmes picklists, ont choisi “safe” et dorment mal depuis?
On les entend déjà rationaliser: “oui, mais le patin… oui, mais la KHL…” Pendant ce temps, le kid coche des cases dans le meilleur championnat hors LNH.
L’autre couche de la preuve, c’est la polyvalence joliment imprévue.
Zharovsky fut repêché ailier, on le voit centre en prépa KHL. Ce n’est pas le CH qui l’a déplacé, évidemment, mais c’est exactement le type d’évolution que Montréal anticipait en pariant sur l’intelligence de jeu plutôt que sur la fiche de mesures.
Un joueur qui comprend le timing, les angles, qui démarre le jeu une demi-seconde plus tôt que son adversaire, tu peux le brancher au milieu quand il prend du coffre.
Est-ce que ça veut dire “centre NHL garanti”? Non. Ça veut dire que la matrice est plus riche que ce que les listes timorées lui prêtaient en juin. Et ça, c’est de la valeur pure.
Et qu’on se comprenne: personne ici n’écrit que le gamin débarque à Brossard demain matin pour prendre une chaise.
On sait tous qu’il demeure en Russie cette saison, que c’était prévu, que ce n’est pas une surprise.
Ce n’est pas une fuite, c’est un plan. Le hockey se gagne de plus en plus avec des paris renseignés sur des profils haut IQ, et c’est précisément ce qui s’est passé.
Le CH n’a pas “eu de la chance”, il a gagné à la table parce qu’il avait plus d’informations pertinentes que les autres joueurs.
Ça s’appelle humilier 31 équipes, non pas en les ridiculisant en public, mais en les laissant se regarder dans le miroir quand le film repasse.
On peut aussi parler de contexte montréalais, parce que tout se lit à travers cette lentille. Le club a repêché un bijou imprévu au 62e rang dans la même cuvée que d’autres débats sans fin.
Ça change la conversation ici. Ça permet à Kent Hughes de monter son échiquier autrement.
Quand tu ajoutes un cerveau créatif de plus au pipeline derrière Demidov, derrière un Lane Hutson qui va nourrir l’attaque en continu, tu acceptes plus facilement que tous n’entreront pas par la même porte, au même moment.
La patience cesse d’être une posture et devient une stratégie.
Et pendant que le kid prend des minutes d’homme cet hiver au Ufa, Montréal gagne du temps pour décider où et quand l’importer, avec quelle marche d’intégration, sur quel trio, à quelle position.
Les autres clubs, eux, se demandent encore s’il fallait le prendre… ou s’ils n’auraient pas dû appeler Milstein eux aussi cet été-là.
Petit rappel utile pour ceux qui aiment les chiffres bruts: 50 points en 45 en MHL, une entrée en séries KHL à 18 ans avec une mention, et la semaine dernière, une assistance en prépa KHL pour forcer la prolongation, le tout testé au centre.
On ne vous vend pas une prophétie, on assemble des faits concrets qui valident un scouting report: vision + mains + cerveau = marge de progression.
Le coup de patin? Oui, il doit grimper. Mais à Montréal, on connaît des exemples qui ont fermement progressé avec du travail ciblé ... inutile d’en faire un épouvantail.
Ce que Lapointe martèle depuis des années, c’est que certains profils “prennent” quand on les met au bon four. Et celui-ci a déjà commencé à lever.
Alors, c’est quoi, la “preuve CHOC”, au fond?
C’est la convergence de trois lignes droites... la traque assumée par Bobrov et Lapointe, jusqu’à la validation en personne avec les bons interlocuteurs...
Le marché tétanisé par ses propres peurs qui laisse descendre un talent que Montréal tenait en première ronde...
Le terrain qui donne raison à l’évaluation, avec un été où l’on voit le joueur gagner du galon dans une ligue adulte et élargir son rôle.
Si vous voulez l’image: le CH a construit un pont pendant que les autres dessinaient des panneaux “route barrée”.
Quand la rivière a monté en juin, Montréal a traversé. Les autres ont regardé l’eau.
On sait comment ce film se joue à Montréal: si, dans deux ans, Zharovsky débarque et colle 45 points de créativité pure sur un troisième trio avant de grimper, tout le monde jurera qu’il “savait”. Ce qu’on vous dit aujourd’hui, c’est que cette histoire-là ne naîtra pas d’un éclair.
Elle est déjà en marche. Et si vous cherchez qui a appuyé le bouton au bon moment, regardez du côté du duo qui a monté le dossier, un recruteur en bottes de marche et un directeur du développement qui n’a pas peur de dire tout haut qu’il vise le talent même quand le patin n’est pas encore poli.
Les 31 autres peuvent invoquer la prudence, le contexte, le calendrier. Nous, on appelle ça autrement: un casse réussi.
Montréal est reparti avec le tableau. Et la caméra de sécurité? Elle tourne encore...
AMEN