Honte à RDS. Honte à Gaston Therrien. Honte à Norman Flynn. Honte aux médias québécois.
Hier soir, devant des milliers de téléspectateurs, on a assisté à un spectacle dégradant. Pas sur la glace. Non. Sur le plateau de L’Antichambre.
Un segment de télévision sportive qui, au lieu d’analyser un match, s’est transformé en tribunal improvisé contre un seul homme : Patrick Laine.
La haine. La rage. L’acharnement. Les mots ne suffisent plus pour décrire ce qu’on a vu, ce qu’on a entendu. Norman Flynn en furie, littéralement hors de lui, accusant Patrick Laine d’avoir coûté le match.
Gaston Therrien, fidèle à lui-même, ajoutant une couche de mépris, de suffisance, d’ignorance crasse. Ils ne parlaient plus de hockey. Ils vomissaient leur frustration. Ils lynchaient un joueur… en direct.
Et pendant qu’ils faisaient leur cirque, personne ne les a arrêtés. Personne n’a ramené la discussion sur un terrain professionnel. Personne n’a osé dire : « Vous allez trop loin. »
Parce que c’est ça, aujourd’hui, le traitement médiatique de Patrick Laine à Montréal : un mélange toxique de mépris, de mauvaise foi et de deux poids, deux mesures.
Encore une fois, Laine a amassé une passe cruciale. Encore une fois, il a produit offensivement là où plusieurs échouent soir après soir. Et encore une fois, malgré sa contribution, c’est lui qu’on crucifie à l’antenne.
Pendant que Mike Matheson, lui, multiplie les revirements, les erreurs coûteuses, les performances invisibles sans jamais se faire traîner dans la boue.
Pourquoi? Parce qu’il parle Français. Parce qu’il est de Montréal. Parce qu’il est “un des nôtres”.
Mais Laine? Il est Européen. Froid. Distant. Il ne donne pas de grandes entrevues. Il ne fait pas des blagues en québécois. Alors il devient la cible parfaite. Le bouc émissaire rêvé.
Mais c’est honteux.
Et dans tout ça, est-ce que quelqu’un pense à la fiancée de Patrick Laine, Jordan Leigh? Est-ce que quelqu’un, ne serait-ce qu’une seconde, a envisagé l’impact de cette haine publique sur son entourage immédiat?
Elle, qui vit chaque jour les montagnes russes émotionnelles de son amoureux. Elle, qui le voit rentrer à la maison après un match, vidé, brisé, démoli par des commentaires qu’il n’a pas mérités.
Elle, qui tente de le soutenir, de le rassurer, alors qu’à chaque soir où elle ouvre la télé ou lit les réseaux sociaux, elle voit l’homme qu’elle aime se faire détruire, ridiculiser, humilié.
Ce n’est pas seulement Laine qu’on attaque, c’est tout un foyer qu’on empoisonne. C’est une femme qui, elle aussi, a quitté sa vie, ses repères, pour venir s’installer à Montréal et prendre soin de son homme qui a vécu une terrible dépression. Elle voit maintenant son quotidien englouti par la violence médiatique.
Ce que RDS, TVA Sports, le 98,5 FM et tous les autres font à Patrick Laine, c’est plus que de l’analyse. C’est de la persécution. Et ça dure depuis des semaines.
Quand Laine est arrivé à Montréal, il sortait d’un enfer personnel. Le deuil de son père. Une profonde dépression. Une pause volontaire de la LNH. Un homme brisé, qui avait pourtant le courage de recommencer.
Il consulte une thérapeute trois fois par semaine. Il s’est débarrassé de ses voitures de luxe. Il prie avant les matchs. Il tente de reconstruire sa vie. Et malgré ça, malgré tout ça, les médias ne lui laissent aucun répit.
On l’accuse d’être paresseux. D’être lent. D’être mou.
Mais ce que vous appelez “mou”, c’est peut-être une personne qui lutte chaque jour pour fonctionner normalement.
Ce que vous appelez “manque d’émotion”, c’est peut-être un homme qui dissocie pour ne pas sombrer. Ce que vous appelez “pas fiable”, c’est peut-être une personne qui vit avec des séquelles invisibles.
Mais vous, dans vos studios, vous ne voyez rien. Vous jugez. Vous pointez du doigt. Vous exécutez.
Et le plus tragique, c’est que Patrick Laine livre la marchandise.
Il n’est pas une passoire défensive comme Matheson. Il ne fait pas semblant de jouer comme certains surpayés du vestiaire.
Il marque des buts. Il amasse des passes. Il produit sur le jeu de puissance. Il gagne des matchs. Il élève le niveau de l’équipe. Sans lui, le Canadien ne serait même pas dans la course aux séries.
Et pourtant, aucune reconnaissance. Aucun respect.
On se rappelle encore Louis Jean, dans son confort du 98,5 FM, qui affirmait sans nuance que l’avenir de Laine était terminé à Montréal. Pas une supposition. Une condamnation. Froidement. Brutalement.
Mais la vraie question, elle est là : pourquoi? Pourquoi cette haine persistante contre Laine?
Est-ce parce qu’il est différent? Parce qu’il ne se conforme pas à l’image que vous voulez d’un joueur du Canadien? Est-ce parce qu’il ne sourit pas assez? Parce qu’il ne fait pas partie du petit cercle des médias montréalais?
Est-ce parce qu’il ne donne pas de “quotes” faciles à manipuler? Parce qu’il ne flatte pas les égos des chroniqueurs en chef?
Peu importe la raison, le constat est accablant : Patrick Laine est victime d’un système médiatique brisé.
Et ce système, RDS l’incarne à la perfection.
Hier, sur le plateau, Gaston Therrien, encore lui, la voix fatiguée du hockey québécois, a livré une performance d’un autre siècle. Une tempête de reproches absurdes, une incompréhension totale du jeu, un ton de supériorité déconnectée.
Et comme si ce n’était pas assez, Norman Flynn a pris le relais avec une colère digne d’une vendetta personnelle.
Mais personne ne parle du coup illégal de Matt Roy sur Laine. Personne ne mentionne que ce contact a empêché Laine de faire l’effort “souhaité”. Personne ne met ça en contexte. Parce qu’à RDS, on ne fait plus dans la nuance. On fait dans le narratif.
Et ce narratif est simple : Laine, c’est le problème.
Honte à vous.
Parce que lorsque Laine partira, et il partira, vous viendrez pleurnicher à la radio pour vous demander pourquoi Montréal n’arrive jamais à garder ses étoiles. Vous accuserez les agents. Vous accuserez les partisans. Vous accuserez les blessures.
Mais jamais vous ne vous accuserez vous-mêmes.
Et c’est là tout le scandaleParce que vous, vous avez les micros. Vous avez la tribune. Vous avez le pouvoir. Mais vous l’utilisez pour détruire. Pour humilier. Pour enfoncer quelqu’un qui ne demande qu’à respirer.
Patrick Laine mérite mieux.
Il mérite un marché qui l’accepte. Une ville qui comprend que la fragilité n’est pas une faiblesse. Une organisation qui le protège au lieu de le sacrifier sur l’autel de l’opinion publique.
Et il mérite, surtout, que vous fermiez vos micros avant de salir ce que vous ne comprenez pas.
Parce que ce que vous faites, ce n’est pas du journalisme. Ce n’est pas de l’analyse. C’est de la cruauté.
Et un jour, il faudra en répondre.