- Elisabeth Rioux fait JASER...
- Et met Quebecor dans l'EMBARRAS....
- Alors que l'INFLUENCEUSE la PLUS POPULAIRE du Québec...
- A créé une BOMBE MÉDIATIQUE en accusant son ex-conjoint de violence conjugale...
- LCN, QUB RADIO et TVA l'ont pratiquement traité de PROSTITUÉE de sa VIE PRIVÉE et qu'elle l'avait cherché.
- Le DEVOIR a tellement été SCANDALISÉ..
- Qu'il a publié une lettre COUP de POING..
Mardi dernier, d’abord à LCN, puis sur les ondes de QUB Radio, une animatrice et ses collègues ont choisi de s’en prendre à une survivante de violence conjugale qui se trouve aussi être une influenceuse.
Vous êtes peut-être au courant, peut-être pas.
Si vous êtes âgé de 15 à 35 ans et que vous possédez un compte Instagram, il y a de fortes chances que vous connaissiez Élisabeth Rioux et sa situation. Pour les autres, voici de quoi il en retourne.
Élisabeth Rioux, c’est une influenceuse sur Instagram, notamment connue pour être à la tête d’une compagnie de bikinis. Elle est suivie par plus de 1,7 million de personnes sur les réseaux sociaux.
Ça, c’est la façon dont elle aurait pu être décrite. Avec des faits. Des réalisations. Sans jugements de valeur.
Mais non.
À LCN comme à QUB radio, on a choisi de la décrire comme une jeune écervelée, comme une fille qui n’a plus rien à cacher, comme une fille qui doit son succès entièrement au fait qu’elle publie des photos d’elle en bikini sur lesquelles on voit ses fesses. Comme une fille insignifiante qui aurait eu recours à des chirurgies esthétiques et qui publierait des photos retouchées.
On pourrait se demander si ces dires sont véridiques, si les personnes qui ont tenu ces propos en ondes ont fait une véritable recherche avant de parler d’Élisabeth Rioux. On pourrait se demander aussi si c’était pertinent ou nécessaire de la décrire de la sorte. On pourrait également se demander si le fait de la dénigrer pour ces raisons ne serait pas une manifestation claire du sexisme ordinaire et de la culture du viol.
Enfin, passons. Comment se fait-il qu’on parle de cette influenceuse dans les médias traditionnels ?
Élisabeth Rioux a dénoncé publiquement les comportements violents de son ex-partenaire vis-à-vis d’elle et de leur enfant, sur sa propre page Instagram. Elle a d’ailleurs partagé une photo de son cou et de son menton avec des bleus pour soutenir ses propos et a affirmé avoir déjà porté plainte à la police. Des proches ont également corroboré la situation. Bref, elle a eu le courage d’exposer son histoire de violence conjugale aux yeux de tous et de toutes.
Ça, c’est la façon dont la situation aurait pu être décrite, et encore là, la chronique manquerait de contexte.
On aurait pu se servir de l’histoire de l’entrepreneure pour collectivement aborder la question de la violence conjugale. Spécifiquement en ces temps de confinement, où on le sait très bien, les violences faites aux femmes sont en hausse. On aurait pu parler des organismes qui sont débordés, du fait qu’il manque de places d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale. Mais non.
Dans les médias, on a jugé plus pertinent de parler des fesses d’Élisabeth Rioux, de sa supposée superficialité, de l’impact dit négatif qu’elle aurait sur les jeunes. On a jugé plus pertinent de se moquer du nom de son enfant. On a jugé plus pertinent de parler de son accouchement qui a été filmé.
On a aussi jugé plus pertinent de basher le mode de vie des influenceuses, de remâcher le débat entre médias traditionnels et réseaux sociaux, plutôt que de parler de sa situation de violence conjugale.
L’animatrice, qui se dit habituellement féministe, s’inquiète des valeurs que ces influenceuses pourraient transmettre à nos filles. Est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt s’interroger sur les valeurs que les médias traditionnels pourraient transmettre, eux aussi, à nos filles ? Parce qu’une survivante qui s’affirme, qui se reconstruit, n’est-ce pas là un modèle inspirant ?
Est-ce qu’on ne pourrait pas s’inquiéter plutôt que les seules victimes de violence conjugale qui sont considérées comme valides par notre société soient celles qui correspondent à notre idée de la « bonne fille » ? Est-ce qu’on ne pourrait pas s’inquiéter plutôt du fait que les femmes doivent être des « victimes parfaites » pour être crues ? Pour que leurs histoires soient entendues ?
Pour mériter le soutien des autres, il faudrait apparemment être habillée modestement, ne pas avoir bu, ne pas en montrer « trop » sur Instagram, ne pas avoir parlé ouvertement de sexualité sur Facebook.
Est-ce qu’on ne pourrait pas s’inquiéter plutôt du fait qu’en publiant des photos de leurs fesses sur Instagram, les femmes deviennent automatiquement étiquetées comme des victimes non crédibles ? Parce que c’est le cas d’Élisabeth Rioux. Elle met son corps de l’avant pour vendre des maillots de bain et donc on décrédibilise automatiquement son histoire.
Combien de vagues de dénonciations est-ce que ça va nous prendre pour qu’on arrête d’examiner le passé et les agissements des victimes de violences sexuelles ou conjugales afin de juger de la véracité de leurs témoignages ?
« Qu’est-ce que tu publies sur ta page Instagram ? » Est-ce que c’est la nouvelle question qu’on pose aux victimes en ajout aux non moins problématiques « Qu’est-ce que tu as porté ce soir-là ? » ou encore « Qu’est-ce que tu as fait pour le provoquer et le rendre violent ? »
Est-ce que « Qu’est-ce que t’as dit dans ta story ? » devient le nouveau « T’aurais dû t’y attendre, avec ton attitude ! » Sur quoi les enquêteurs et enquêtrices, les avocats et avocates et les juges vont-ils et vont-elles se baser désormais ? Nos comptes Facebook et Instagram vont-ils être fouillés et nos selfies examinés à la recherche de raisons pour remettre en doute nos dénonciations ? Est-ce déjà pratique courante ? Notre utilisation d’emojis de pêches et d’aubergines pourra-t-elle être citée à la cour ?
Par ailleurs, les plates excuses de l’animatrice n’effacent pas le message envoyé. Le mépris du métier d’influenceuse (une autre dévalorisation d’un travail majoritairement féminin, tiens !), la banalisation de la violence conjugale, la réaffirmation de la culture du viol rendent très difficile la prise au sérieux des victimes, encore plus lorsqu’elles ne représentent pas la « victime parfaite ». Malgré les excuses, ces messages ont été entendus et restent dans les esprits.
Ce que cette animatrice et ses collègues nous disent, c’est qu’en tant que femmes, on ne sera jamais véritablement libres. On ne pourra jamais vraiment porter ce qu’on veut. On ne pourra jamais vraiment dire ce qu’on veut. On ne sera jamais à la hauteur, jamais assez crédibles. Parce que ce ne sont pas les victimes qui choisissent ce qui est acceptable ou non. Ce sont les autres qui choisissent si la violence que l’on subit vaut la peine d’être écoutée. Et ça, ce n’est vraiment pas un message qu’on aimerait transmettre à nos filles.
Parce qu’on n’est peut-être pas toutes influenceuses, mais le continuum des violences faites aux femmes, on sait malheureusement toutes ce que c’est.
Si vous ou une personne autour de vous est victime de violence conjugale, entrez en contact avec SOS violences conjugales.