Quelque chose s’est cassé : Ivan Demidov sacrifié par Martin St-Louis

Quelque chose s’est cassé : Ivan Demidov sacrifié par Martin St-Louis

Par André Soueidan le 2025-12-23

Parfois, ce n’est même pas le résultat qui choque.

C’est la décision qui précède le match.

Celle qui est prise calmement, autour d’une table, avec des tableaux, des chiffres, des adjoints.

Celle qui, une fois la rondelle déposée sur la glace, n’a déjà plus aucun sens.

Quelque chose s’est cassé entre Ivan Demidov et Martin St-Louis. Pas publiquement. Pas verbalement. Mais hockeyment.

Parce qu’on parle ici d’un joueur qui, depuis plusieurs matchs, est tout simplement le moteur offensif le plus constant du Canadien.

Celui qui crée, qui attire la couverture, qui force les ajustements défensifs adverses.

Celui qui rend les choses dangereuses, même quand tout le reste stagne.

Ivan Demidov, c’est le joueur que tu veux sur la glace quand tu veux faire mal.

Et pourtant, avant même que le match commence, on décide de le tasser.

Pas parce qu’il joue mal. Pas parce qu’il manque d’effort.

Pas parce que la chimie ne fonctionne pas.

Non. On le sort pour « essayer quelque chose ».

Pour relancer un autre joueur. Pour équilibrer. Pour gérer.

Résultat? On casse une formule gagnante.

La première unité fonctionnait. Les automatismes étaient là. Les entrées de zone étaient propres. Les options multiples forçaient les défenseurs à hésiter.

Avec Demidov sur la glace, rien n’était prévisible. Sans lui, tout le devenait.

Le pire dans tout ça, ce n’est même pas que l’avantage numérique ait été inefficace. Le pire, c’est la logique derrière la décision.

Tu enlèves ton joueur le plus dangereux pour le placer avec des profils qui n’amplifient pas ses forces.

Tu le mets dans une unité où tout repose sur lui, où les adversaires savent exactement quoi couper. Tu simplifies le travail défensif de l’autre équipe.

C’est du sabotage tactique. Pas volontaire, mais réel.

Et le message envoyé est encore plus dérangeant. Parce que quand tu fais ça, tu dis une chose très claire à ton joueur : peu importe ce que tu produis, peu importe ton impact, tu es interchangeable.

Tu es une pièce qu’on peut déplacer pour régler d’autres problèmes.

Même quand tu es le meilleur sur la glace.

Ivan Demidov, fidèle à lui-même, a trouvé le moyen de répondre sur la glace.

À cinq contre cinq. Encore.

Parce que le talent, lui, ne se cache pas longtemps. Mais ce n’est pas le point. Le point, c’est pourquoi on l’a placé dans cette position-là au départ.

En troisième période, alors que le Canadien menait 3-2, la game t’a littéralement donné une démonstration en direct. Avantage numérique de 5 contre 3 pendant 40 secondes, temps d’arrêt, et là ... comme par magie Martin St-Louis remet Ivan Demidov avec les vrais joueurs qui savent quoi faire de cette rondelle-là.

Résultat? Ça clique tout de suite.

Demidov bouge la rondelle, la séquence se construit comme elle devrait toujours se construire, et sur le but de Cole Caufield, c’est exactement ça qui arrive : Demidov remet en arrière à Noah Dobson, le tir part, le bâton se fait casser, Caufield récupère une rondelle morte et a tout le temps du monde pour la glisser à travers Swayman.

Quand t’es rendu à devoir attendre un 5 contre 3 et un temps d’arrêt pour remettre ton meilleur créateur à la bonne place, tu viens littéralement d’avouer que tu t’étais trompé.

On ne parle pas ici d’un ajustement en cours de match.

On parle d’une décision de préparation. D’une réflexion posée. D’un choix assumé. Et c’est là que ça devient inquiétant.

Parce que ce Canadien-là, quand il joue bien, c’est quand il s’appuie sur ce qui fonctionne.

Pas quand il s’auto-sabote pour relancer des dossiers qui ne répondent plus.

Briser une dynamique gagnante pour « envoyer un message », c’est rarement une bonne idée.

Surtout quand le message est envoyé au mauvais joueur.

Après le match, Martin St-Louis a été directement confronté à la question que tout le monde se posait.

Pourquoi avoir touché à une formule qui fonctionnait, pourquoi avoir déplacé Ivan Demidov alors que tout roulait autour de lui?

La réponse a été courte, froide, presque mécanique. Pas émotionnelle. Pas relationnelle. Purement tactique.

« C’est simplement la façon dont l’autre équipe défend en désavantage numérique. Ce n’est ni une rétrogradation, ni une promotion. C’est juste la manière dont ils tuent les pénalités. On voulait les attaquer différemment. »

Et c’est là que le malaise s’installe.

Et quand la seule fois où tu réunis enfin les bonnes pièces, ça mène directement à un but, la question n’est plus pourquoi les avoir séparées. La vraie question devient : pourquoi les avoir cassées au départ.

Peu importe le score final. Peu importe la feuille de pointage.

Ce match-là aura laissé une trace. Une impression de décision inutile. Une impression de rupture. Une impression que, pour une raison obscure, on a choisi de compliquer ce qui était simple.

Et ça, c’est exactement le genre de chose qui finit par coûter cher.

Pas aujourd’hui. Mais plus tard.

Misère...