La disparition de Radio-Canada Sports, annoncée jeudi matin, ne semble être que le premier pas dans une stratégie plus vaste de Pierre-Karl Péladeau pour démanteler la société publique dans son ensemble.
La nouvelle, dévoilée lors d'une rencontre réservée aux employés permanents, a été marquée par l'annonce du départ de plusieurs figures clés du service des sports, dont François Messier, directeur général de la section, ainsi que Christian Doucet et Catherine Dupont, deux autres cadres importants.
Ces départs, qui suivent ceux de plusieurs journalistes vétérans, laissent présager un avenir incertain pour Radio-Canada Sports.
La vice-présidente Dany Meloul a tenté de rassurer les employés en affirmant que Radio-Canada continuerait de couvrir les événements sportifs, mais les changements annoncés, notamment l'intégration du journalisme sportif au service général de l'information et la réaffectation de la programmation sportive événementielle au secteur Culture, Variétés et Société, soulèvent de nombreuses questions.
Pendant ce temps, Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, intensifie sa critique de Radio-Canada, qu'il accuse de bénéficier d'un traitement de faveur injuste en recevant des fonds publics alors que les médias privés, tels que TVA et TVA Sports, luttent pour leur survie.
Péladeau continue de dénoncer les 42 millions de dollars alloués à Radio-Canada comme une distorsion de la concurrence.
Ces critiques interviennent alors que la tension politique autour de l'avenir de Radio-Canada s'intensifie à Ottawa. Les rumeurs selon lesquelles un futur gouvernement conservateur pourrait envisager de fermer la société publique en 2025 ajoutent une dimension supplémentaire à cette situation déjà complexe.
Les déclarations et les commentaires de Pierre Poilievre font croire que le plan est bel et bien de supprimer Radio-Canada en entier dès qu'il est élu au pouvoir en 2025.
Dans ce contexte, Pierre-Karl Péladeau semble déterminé à pousser son avantage. En capitalisant sur les débats actuels et en mobilisant l'opinion publique, il se positionne non seulement comme un défenseur des médias privés, mais aussi comme un acteur clé dans le remodelage du paysage médiatique canadien.
Sa volonté de voir disparaître Radio-Canada pourrait bien trouver un écho dans les décisions politiques à venir, laissant entrevoir un avenir où la voix publique canadienne serait réduite au silence.
Jeudi matin, dans une réunion tenue à huis clos et réservée uniquement aux employés permanents, Dany Meloul, vice-présidente principale des Services français de Radio-Canada, a confirmé les craintes qui planaient depuis des mois.
François Messier, le directeur général des Productions et Sports, a quitté ses fonctions au lendemain des Jeux olympiques de Paris, marquant ainsi la fin d'une ère pour la section sports de la société d'État.
Messier, qui était un pilier de l'organisation, a été remplacé temporairement par Martin Bonenfant, un vétéran de l'information à Radio-Canada, mais son départ laisse un vide considérable dans la structure de la société.
Mais ce n'est pas tout. Le départ de François Messier n'est que l'un des nombreux bouleversements au sein de Radio-Canada Sports.
Christian Doucet, rédacteur en chef, a annoncé qu'il tirera sa révérence le 31 octobre, tandis que Catherine Dupont, première directrice du service des sports et de la production olympique, quittera ses fonctions le 27 septembre.
Ces départs viennent s'ajouter à ceux de sept vétérans journalistes : Guy D’Aoust, Robert Frosi, Diane Sauvé, Philippe Crépeau, Jean St-Onge, Jean-François Chabot, et Michel Chabot.
Ces figures emblématiques de Radio-Canada ont tous choisi de prendre leur retraite, probablement en raison des incertitudes grandissantes quant à l'avenir de leur secteur.
La réorganisation annoncée ne fait qu'accentuer l'inquiétude. L'intégration de l'équipe des sports au service général de l'information et la redéfinition du secteur Culture, Variétés et Société, qui inclura désormais la programmation sportive, signalent un démantèlement progressif du service des sports tel qu'il était connu.
Même si la direction tente de rassurer les employés en affirmant qu'il n'y aura pas de mises à pied immédiates, l'absence de successeur permanent à François Messier et les réaffectations en cours laissent présager des temps difficiles pour ceux qui restent.
La situation à Radio-Canada continue de se détériorer, alors que la direction persiste dans sa stratégie de démantèlement, tout en accordant des primes exorbitantes à ses cadres.
Pierre-Karl Péladeau, président de Québecor, n'a pas manqué de saisir cette opportunité pour renforcer son discours en faveur de la fermeture totale de la société d'État.
En effet, des documents obtenus grâce aux lois sur l'accès à l'information révèlent que CBC/Radio-Canada a versé 18,4 millions de dollars en primes pour l'exercice 2023-2024, alors même que le radiodiffuseur public supprimait des centaines de postes.
Ce montant, en nette augmentation par rapport aux 14,9 millions de dollars versés l'année précédente, a été distribué à 1194 employés, dont une large part aux cadres de l'organisation.
Les chiffres sont frappants : plus de 3,3 millions de dollars ont été alloués à seulement 45 cadres, leur octroyant une prime moyenne de plus de 73 000 $.
Cette somme est non seulement supérieure au revenu familial médian après impôts en 2022, selon Statistique Canada, mais elle représente également une augmentation substantielle des primes par rapport à l'année précédente.
À cela s'ajoute une répartition de plus de 10,4 millions de dollars entre 631 gestionnaires et 4,6 millions de dollars pour 518 autres employés.
Pendant ce temps, le département des sports de Radio-Canada est en pleine désintégration, avec des départs en chaîne, des réaffectations floues et un avenir plus qu'incertain pour les journalistes sportifs restants.
Ces décisions, couplées au "don" de primes aussi élevées, soulèvent de sérieuses questions sur les priorités de la direction de Radio-Canada.
Comment justifier de telles rémunérations supplémentaires alors que 141 employés ont été licenciés et que 205 postes vacants ont été supprimés?
Pierre-Karl Péladeau n'a pas hésité à dénoncer ces pratiques.
Selon lui, non seulement Radio-Canada reçoit un financement public injuste, mais en plus, elle gaspille cet argent en primes aux cadres tout en détruisant son propre département des sports.
Pour Péladeau, cela ne fait que renforcer son argument : la société publique doit disparaître.
Dans son discours, il a critiqué le ridicule de ces bonus dans un contexte où les médias privés, comme TVA, luttent pour leur survie avec des réductions de personnel et des baisses de revenus publicitaires.
Pour Péladeau, la situation actuelle est une démonstration flagrante de la mauvaise gestion de Radio-Canada et de l'injustice que représente son financement public.
La question maintenant est de savoir jusqu'où cette situation peut encore évoluer. Avec un gouvernement conservateur qui pourrait arriver au pouvoir en 2025 et qui semble ouvert à l'idée de réduire, voire d'éliminer, Radio-Canada, les critiques de Péladeau trouvent un écho politique de plus en plus fort.
La société publique, jadis un incontournable du paysage médiatique canadien, se trouve aujourd'hui sur un terrain glissant, où la pression pour sa fermeture pourrait bien devenir irrésistible.
Péladeau, avec son habileté à manipuler l'opinion publique et à influencer le débat politique, semble bien parti pour réaliser son objectif ultime : un paysage médiatique canadien dominé par les intérêts privés, où Radio-Canada ne serait plus qu'un lointain souvenir.
Oui...PKP est un fin renard...