Transparence devant les caméras : Martin St-Louis révèle l’identité de ses passagers

Transparence devant les caméras : Martin St-Louis révèle l’identité de ses passagers

Par André Soueidan le 2025-12-07

Devant les caméras, Martin St-Louis a lâché une phrase qui a l’air anodine, mais qui en dit long sur sa vision de l’effort et, surtout, sur ceux qu’il considère comme des passagers dans son vestiaire.

Après la victoire de 2 à 1 en tir de barrage contre les Leafs, le coach a souligné qu’il n’y avait pas de passagers ce soir là.

Une phrase simple, presque banale. Sauf que quand tu prends la peine de remonter un match plus tôt, contre les Jets, tout devient pas mal plus clair.

Parce que chez Martin St-Louis, un passager, ça ne se dénonce pas en criant son nom devant les journalistes.

Ça se punit à la feuille de match.

À Winnipeg, dans une autre victoire, les chiffres parlaient beaucoup plus fort que son point de presse.

Zachary Bolduc collé à 7 minutes 54.

Davidson coincé à 8 minutes 18 ... et encore, on le sait tous, c’est un faux indicateur, parce que dès que les blessés reviennent, il retourne à Laval. Donc on ne peut même pas compter ça dans l’équation des « passagers » réels.

Joe Veleno limité à 9 minutes 50.

Arber Xhekaj autour de 13 minutes 41.

Quand un coach répète qu’il y a trop de gris, trop d’hésitation, trop de décisions douteuses, ça finit toujours par apparaître sur la feuille de match.

Tu n’as pas besoin d’un détecteur de mensonges : tu regardes la colonne du temps de glace et tu vois exactement qui traîne de la patte dans l’esprit de Martin St-Louis.

Puis deux jours plus tard, même scénario de match serré, un 65 minutes d’étouffement défensif, une prolongation grindée et une fusillade décisive… mais cette fois à Toronto.

Et là, comme par magie, les fameux passagers disparaissent.

Parce que leur coach a décidé, enfin, de les traiter comme de véritables joueurs de la Ligue nationale.

Bolduc grimpe à 10 minutes 31.

Veleno à 11 minutes 12.

Ce n’est pas une révélation. Ce n’est pas un miracle.

C’est juste la preuve que quand Martin St-Louis te considère comme un problème, il t’éteint.

Quand il te considère comme une solution, même temporaire, il te rallume. Et samedi soir, pour une des rares fois depuis le début de la saison, il a accepté d’ouvrir la lumière pour eux.

Quand St-Louis dit qu’il n’y avait pas de passagers contre les Leafs, c’est loin d’être une phrase creuse.

C’est un aveu codé que ceux qu’on venait de voir collés au banc contre les Jets ont enfin décidé de s’accrocher au match au lieu de se laisser porter.

Le message est passé dans la semaine. Zachary Bolduc n’a pas besoin qu’on l’humilie en conférence de presse.

Le message, il l’a reçu quand il a regardé le tableau après la rencontre contre Winnipeg et qu’il a vu son 7 min 54 lui exploser au visage.

Ce qui rend la sortie de St-Louis encore plus intéressante, c’est tout ce qu’il répète depuis quelques jours sur son fameux noir et blanc.

Le coach martèle qu’il veut enlever la zone grise de son système.

Et quand St-Louis reprend derrière lui en disant que, quand c’est noir ou blanc, « la job est beaucoup plus facile », il ne parle pas juste de schéma défensif.

Il parle de son équipe, de ses joueurs, de ceux qui comprennent vite et de ceux qui traînent de la patte.

La zone grise, chez le Canadien, ce n’est pas seulement un problème de couverture en homme à homme.

C’est aussi cette catégorie de joueurs qui flottent entre deux statuts, ni pleinement assumés dans l’alignement, ni complètement assumés comme réservistes.

Bolduc et Veleno se promènent exactement là dedans.

Une soirée, on leur fait confiance. Le lendemain, on les enchaîne à moins de huit ou neuf minutes de jeu, même dans un match serré.

Quand le coach donne l’illusion que tout le monde a des chances égales, la feuille de temps de glace vient souvent contredire la cassette.

Contre les Jets, la zone grise a englouti ces gars là.

Longs séjours en zone défensive, fatigue, retard dans les rotations, hésitations dans le système homme à homme. St-Louis le dit lui même, dès que tu hésites, surtout en deuxième période, tu te fais enfermer, tu cours après ton homme, ton cardio explose et les erreurs arrivent.

Quand ça arrive trop souvent, tu tombes dans la catégorie des passagers. Pas parce que tu ne veux pas, mais parce que tu n’arrives pas à suivre le rythme que ton entraîneur exige.

À Toronto, tout à coup, le discours change. Le coach parle d’une équipe qui se présente, d’un groupe qui joue avec urgence dans un gros match de division, un samedi soir à Toronto.

Et surtout, on entend cette phrase qui résume tout : pas de passagers.

La beauté, c’est que ce ne sont pas juste des mots.

Les minutes de Bolduc et Veleno montent. 

Ce n’est pas un hasard si, dans la même conférence, St-Louis insiste sur la notion de prévisibilité.

Il répète qu’il veut que son système soit clair, que chacun sache ce qu’il a à faire, que ça devienne plus facile pour tout le monde.

En filigrane, on comprend aussi que, pour lui, un joueur qui ne s’inscrit pas dans ce noir et blanc là devient un problème.

La patience a ses limites.

Quand le calendrier explose, que décembre est bourré de matchs et de back to back, le coach n’a pas le luxe de traîner des gars qu’il ne sent pas branchés à 100 pour cent sur sa fréquence.

Soir de transparence, donc, parce que cette déclaration sur l’absence de passagers vient mettre un visage sur ce que le vestiaire sait déjà.

Les passagers de la semaine, ceux qui ont été punis contre les Jets, ont été identifiés, recadrés et mis au défi.

Et à Toronto, la réponse a été suffisamment crédible pour que le coach se permette, enfin, de dire publiquement que tout le monde avait embarqué.

Reste que la réalité ne disparaît pas avec un seul bon match. La prochaine fois que tu verras Bolduc redescendre sous les neuf minutes, ou Veleno plafonner à 9 min 30 dans un match où le Canadien tire de l’arrière, il nebude pas nécessaire d’attendre la conférence de presse pour deviner qui, aux yeux de Martin St Louis, a repris son rôle de passager.

La feuille de temps de jeu va continuer de trahir bien plus que ses réponses polies.

Et c’est peut être ça, le vrai noir et blanc de l’ère St Louis à Montréal.

D’un côté, un noyau chouchouté, utilisé à répétition, protégé par le discours sur la jeunesse, le processus et la fameuse recette.

De l’autre, une poignée de joueurs qui doivent courir plus vite, frapper plus fort, bloquer plus de tirs et surtout éviter le moindre moment d’hésitation, sous peine de voir leur soirée se terminer à 7 minutes 54 pendant que les autres terminent le travail.

Soir de transparence, oui.

Pas parce que Martin a tout expliqué.

Parce qu’en regardant deux feuilles de temps de glace à quelques jours d’intervalle, les passagers se dessinent tout seuls.

Et pour une fois, le coach n’a pas pu faire semblant de ne pas les voir.

AMEN