RDS dans de beaux draps: les employés sous tension

RDS dans de beaux draps: les employés sous tension

Par David Garel le 2024-11-09

Pierre Houde, la voix légendaire des Canadiens de Montréal sur RDS, vit une époque remplie d'incertitude.

Alors qu’il se prépare à recevoir, lundi à Toronto, le prestigieux prix Foster-Hewitt pour sa contribution exceptionnelle à la narration des matchs de hockey, le descripteur se trouve également face à une réalité troublante : la menace imminente des géants du streaming comme Amazon, dont les ambitions sur le marché canadien du hockey se précisent.

Dans une récente entrevue avec le Journal de Montréal, Houde a laissé transparaître ses inquiétudes. Pour lui, et pour ses collègues descripteurs comme Félix Séguin et Anthony Marcotte, l’avenir semble de plus en plus incertain.

En effet, avec l’expiration des droits de diffusion régionaux de RDS et de TVA Sports en 2026, une bataille de taille se profile.

«On n’est pas dans l’industrie la plus prévisible".

«Il reste deux ans au contrat de diffusion du hockey et un an à celui de la Formule 1."

Amazon, fort de son expérience avec la NFL et ses moyens financiers infinis, a déjà annoncé son intention d’investir massivement dans les droits du hockey au Canada.

Bettman lui-même a confirmé cet engouement, insistant sur le fait qu’Amazon croit profondément à l'importance du hockey dans le paysage sportif canadien.

Cette perspective place les chaînes traditionnelles dans une position périlleuse. Alors que RDS a vu sa base d’abonnés s'effondre et que TVA Sports enchaîne les déficits, ces chaînes, jadis reines de la diffusion sportive québécoise, risquent de voir leur emprise sur les téléspectateurs s'effondrer sous la pression de la révolution numérique.

Face à la baisses des revenus et à l’attrait des plateformes de streaming, le modèle des chaînes traditionnelles est sur le respirateur artificiel.

Pas pour rien que RDS a signé une entente avec Amazon, qui laisse la possibilité aux abonnés de Prime Vidéo de s'abonner au réseau des sports.

Les dirigeants de RDS se couchent devant Amazon, en espérant ramasser les miettes.

Houde, malgré sa carrière étincelante et son statut de figure incontestée, sait qu’il doit envisager la possibilité que sa voix ne résonne plus à travers les ondes de la même manière.

L’intelligence artificielle, autre source d'inquiétude pour Houde et ses collègues, redéfinit également le métier de descripteur.

Avec des technologies capables de créer des résumés personnalisés, les plateformes modernes comme Peacock testent déjà des narrations synthétisées, telles que la voix légendaire d’Al Michaels recréée par IA.

Pour des professionnels comme Houde, ces innovations technologiques remettent en cause la place des humains derrière les micros, menaçant d'effacer leur présence au profit d'algorithmes.

Au-delà de ses préoccupations professionnelles, Pierre Houde garde un esprit reconnaissant, rappelant qu’il doit beaucoup à ceux qui ont jalonné son parcours.

À l’aube d’une bataille technologique et commerciale sans précédent, il demeure un témoin privilégié d’une industrie en mutation.

Mais l’heure est grave pour RDS et TVA Sports : Amazon se profile comme le Goliath contre lequel ils devront se battre, avec l’épée de Damoclès de l’avenir numérique suspendue au-dessus de leurs têtes.

Dans le contexte actuel, RDS se retrouve face à une série de défis cruciaux. La chaîne, autrefois un pilier solide de la télévision sportive au Québec, a perdu près de 800 000 abonnés en seulement quatre ans, une baisse massive qui s’explique par la montée des plateformes de streaming et par une baisse des revenus publicitaires.

TVA Sports, concurrent de RDS, n’est pas mieux placé, accusant un déficit cumulé de près de 300 millions de dollars depuis sa création en 2011, malgré un contrat de diffusion exclusif pour les matchs du samedi des Canadiens de Montréal.

Ces chaînes sont désormais confrontées à un dilemme pressant : comment résister à l’arrivée d’Amazon Prime Video, dont l’arrivée dans le marché canadien de la diffusion sportive est imminente, avec des ambitions affirmées par Gary Bettman lui-même.

La situation financière des diffuseurs traditionnels québécois est d’autant plus précaire que des acteurs internationaux comme Netflix et Apple TV+ explorent également la possibilité de diffuser du contenu sportif.

Les plateformes numériques offrent des avantages évidents pour le public : accessibilité à tout moment, personnalisation des contenus et diffusion sans publicité intrusive, un modèle bien plus attrayant pour les jeunes générations.

Amazon n’hésite pas à investir massivement pour capter une audience fidèle au hockey, et son lancement du Prime Monday Night Hockey marque le début de cette offensive, qui pourrait ravir aux chaînes locales une large part de leur audience.

Pierre Houde, malgré sa reconnaissance de la part de ses pairs et des fans, sait que son rôle, comme celui de ses collègues Félix Séguin, Martin McGuire et Anthony Marcotte, pourrait disparaître ou se transformer sous peu.

Les récents développements de Peacock aux États-Unis, qui propose des résumés quotidiens personnalisés grâce à l’intelligence artificielle, démontrent que les plateformes sont désormais capables de recréer des voix humaines pour narrer les événements sportifs.

Ces avancées inquiètent Anthony Marcotte, qui craint pour la survie de son métier.

« J’ai peur pour mon métier, » a-t-il confié, conscient que l’IA représente une alternative à moindre coût pour les entreprises de diffusion.

Dans un environnement médiatique en pleine transformation, Pierre Houde et ses collègues devront peut-être réinventer leurs fonctions en intégrant davantage la technologie à leur travail, en offrant des analyses uniques et en misant sur des aspects de leur métier que l’IA ne peut pas reproduire — du moins pour l’instant.

Interviews, interactions en direct avec le public et analyses nuancées sont autant de points forts que les descripteurs humains peuvent mettre de l’avant pour se distinguer des machines.

Pour l’instant, Pierre Houde espère pouvoir continuer sa carrière encore quelques années, idéalement jusqu’à un chiffre rond comme 40 ans.

"J’aimerais faire un autre cycle après. Mettons un chiffre rond: j’aimerais me rendre à 40."

«Mais j’aimerais continuer tant que j’en aurai le goût et la santé.»

Mais le monde du sport au Québec, avec l’irruption d’Amazon et l’évolution rapide vers le numérique, le pousse vers un futur incertain.

Mais à 67 ans, disons qu'il peut respirer en paix. Le plus triste est pour Félix Séguin, Anthony Marcotte et les plus jeunes descripteurs qui voient des nuages gris dans le ciel de leur avenir.

TVA tente le tout pour le tout en diffusant le match du CH et des Leafs sur tout leur réseau. Pierre-Karl Péladeau veut envoyer un message à Gary Bettman.

Ça passe...ou ça casse...