Le Réseau des sports (RDS), autrefois une figure légendaire et surtout la figure numéro un de la diffusion sportive francophone au Québec, traverse actuellement une période catastrophique.
Alors que le groupe Québecor, propriétaire de TVA Sports, enregistre une hausse de ses revenus et un regain d’intérêt, RDS semble incapable de suivre le rythme, subissant une chute vertigineuse.
Les résultats financiers récents de Groupe TVA, publiés jeudi dernier, indiquent une augmentation des revenus de 143 millions de dollars pour le deuxième trimestre, soit une hausse de 3,7% par rapport à l'an dernier.
Bien que le groupe ait enregistré une perte nette de près de 3 millions de dollars, il a néanmoins bénéficié d'un ajustement rétroactif des taux de redevance de la chaîne LCN, contribuant à une amélioration relative de sa situation financière.
En revanche, RDS et RDS Info, propriétés de Bell, ont accusé une perte totale de 22 millions de dollars avant impôts en 2023.
Cette perte est d'autant plus préoccupante que RDS, autrefois une chaîne très rentable, a vu ses revenus chuter de 5% à 146 millions de dollars, tandis que ceux de RDS Info ont diminué de 16%.
Cette tendance est aggravée par une baisse continue du nombre d'abonnés, RDS ayant perdu 7% de ses abonnés en 2023.
TVA Sports, malgré une perte historique de 18 millions de dollars l'an dernier, affiche une certaine résilience avec une légère diminution de ses pertes comparée à l'année précédente.
La chaîne a réussi à augmenter ses parts de marché, bénéficiant de la diffusion des séries éliminatoires de la LNH et de compétitions internationales de soccer comme l'Euro qui a attiré près de 600 000 téléspectateurs.
Les experts s'accordent à dire que la situation de RDS est inquiétante, d'autant plus que le réseau est en compétition directe avec un TVA Sports qui, malgré des pertes financières continues depuis sa création, semble gagner du terrain en termes de popularité et de parts de marché.
Pierre Bélanger, professeur émérite en communications à l'Université d'Ottawa, décrit la situation comme une « tempête parfaite », où l'absence des Canadiens de Montréal en séries éliminatoires et l'absence d'autres équipes québécoises de renom, comme les Nordiques de Québec ou les Expos de Montréal, amplifie la difficulté de capter l'attention des téléspectateurs.
Le futur de la diffusion des matchs de la LNH au Québec est également incertain. Alors que l'entente actuelle de TVA Sports pour les droits de diffusion expire à la fin de la saison 2025-2026, les coûts exorbitants pour ces droits mettent une pression supplémentaire sur les chaînes sportives.
Pierre Bélanger suggère même une possible collaboration entre Bell et Rogers pour partager les coûts, un modèle qui pourrait permettre à RDS de survivre dans un marché de plus en plus difficile.
Alors que TVA Sports affiche des signes de redressement malgré des pertes persistantes, RDS est en chute libre, au point de faire moins d'argent que la station la moins rentable du Québec.
Les diffuseurs sportifs francophones au Québec sont dans le trouble.
La question demeure : RDS pourra-t-il inverser la tendance et retrouver sa gloire d'antan, ou est-ce le début d'une fin inévitable pour le réseau?
On parie sur la deuxième option.
Le déclin de RDS, autrefois leader incontesté de la diffusion sportive francophone au Québec, est en grande partie attribuable à son incapacité à se renouveler et à sa tendance à s'appuyer sur des figures établies, souvent appelées "mononcles," par les Québécois.
Cette dépendance à une génération plus âgée de journalistes et d'animateurs a eu des répercussions négatives significatives sur la chaîne, alors que le Qubec est tanné des Norman Flynn, Gaston Therrien, Benoît Brunet et compagnie.
RDS est synonyme de déconnexion avec les nouvelles générations de téléspectateurs, qui recherchent des perspectives fraîches et des contenus plus dynamiques et modernes.
Les jeunes fans de sport sont de plus en plus attirés par des plateformes numériques et des contenus interactifs, souvent absents de l'offre de RDS.
En maintenant une grille de programmation conservatrice et en faisant confiance aux mêmes animateurs et commentateurs, RDS n'a pas réussi à captiver une audience plus jeune et diversifiée.
De plus, l'insuffisance d'innovation dans le contenu et le format a accentué la perception de RDS comme une chaîne vieillissante, dépassée par les nouvelles tendances médiatiques.
Les téléspectateurs recherchent des analyses plus divertissantes, plus jeunes, des débats qui ne sont pas des discussions de taverne entre mononcles, et une couverture interactive des événements sportifs, éléments qui sont souvent mieux fournis par des médias numériques.
TVA Sports a su moderniser son image avec Anthony Martineau, même si eux aussi ont leurs "mononcles" comme Michel Bergeron et compagnie.
En s'appuyant sur un groupe restreint d'experts et de commentateurs, souvent issus de la même génération et partageant des points de vue similaires, RDS a manqué l'occasion de représenter une gamme plus large..et plus jeune.
Le refus de RDS de se renouveler et de s'adapter à une audience en évolution a véritablement nui à la chaîne. En persistant à faire confiance aux "mononcles" et en ne parvenant pas à intégrer de nouvelles voix et perspectives, RDS a non seulement perdu de sa pertinence, mais a aussi laissé une porte ouverte à des concurrents plus innovants pour capter l'attention et la fidélité des téléspectateurs québécois.
Ça sent...la fin...