Ça sonne comme un coup de théâtre sorti tout droit d’un film de hockey hollywoodien… mais c’est bel et bien ce que les murs du Complexe sportif Bell murmurent depuis hier soir.
En plein cœur d’un mois d’août étouffant, alors que Montréal suffoque sous une vague de chaleur et que des orages grondent au-dessus de la ville, c’est dans la fraîcheur glaciale d’un trois-contre-trois estival que la bombe a explosé.
Non, ce n’est pas un échange surprise, ni une signature de joueur autonome.
C’est pire : c’est une révélation qui pourrait chambouler la hiérarchie des trios du Canadien avant même que le camp d’entraînement ne commence.
L’histoire commence dans la ligue SISU, cette ligue de hockey d’été qui, à première vue, ne devrait servir qu’à entretenir le cardio, à retrouver quelques amis et à pratiquer quelques feintes de salon sous des applaudissements polis.
Mais hier, ce n’était pas une soirée comme les autres. Ivan Demidov, le joyau russe fraîchement débarqué à Montréal, a décidé que, même en plein mois d’août, il fallait rappeler au monde pourquoi on le compare déjà aux artistes les plus redoutables de la LNH.
Et dans son sillage… un certain Jake Evans a soudainement pris des airs de centre numéro deux digne d’une équipe aspirante à la Coupe Stanley.
La scène qui a tout déclenché mérite d’être racontée au ralenti. Passe en retrait de Jake Evans. Contrôle parfait de Demidov, qui ne regarde même pas derrière lui. Un petit coup de palette… entre les jambes… le disque se retrouve miraculeusement sur la lame de Joshua Roy, qui déclenche un tir sur réception comme si c’était la finale olympique.
@danick_habs IVAN DEMIDOV 💙🤍❤️ what a pass 🚨🚨🚨🫶🫶#okmedia #foryoupageシforyou #NHL #nhl #canadiensmtl ♬ son original - OK Media (danick-✊️✊️✊️)
Les trois se regardent, sourire en coin, pendant que la foule ... oui, même pour du hockey estival ... explose. C’est simple : sur cette séquence, Evans ressemblait à un centre de première classe, Roy à un sniper élite… et Demidov à un chef d’orchestre qui transforme chaque note en chef-d’œuvre.
Et c’est là que la question devient sérieuse. Est-ce qu’Ivan Demidov est en train de forcer la main à Kent Hughes et Jeff Gorton?
Est-ce qu’il est en train de leur montrer qu’il peut faire briller n’importe qui à sa droite ou à sa gauche, au point où un gars comme Jake Evans ... qu’on voyait jusque-là comme un centre de soutien, responsable défensivement, bon dans les mises en jeu, mais pas une machine offensive ... pourrait soudainement se retrouver à pivoter un deuxième trio offensif?
Les partisans du Canadien savent que ce poste de deuxième centre est une plaie ouverte depuis le départ de Phillip Danault.
On a essayé de colmater la brèche avec des solutions temporaires, des jeunes prometteurs, des vétérans en mission… mais rien n’a vraiment tenu la route sur le long terme.
Kirby Dach devait être la solution, mais les blessures l’ont ralenti.
Christian Dvorak? Solide défensivement, mais loin d’être un moteur offensif.
Alors imaginez si, en plein mois d’août, sous une pluie battante à Brossard, la réponse venait de surgir dans un match de trois-contre-trois d’été.
Certains vont dire que ce n’est que du hockey d’été, que tout le monde a l’air plus rapide, que les espaces sont plus grands et que les défenses sont… disons… polies.
Mais ceux qui connaissent le hockey savent que la chimie, ça ne se fabrique pas sur commande.
C’est un truc qui naît dans les petits détails, les regards échangés, la confiance mutuelle.
Et hier, Evans et Demidov avaient cette alchimie. Demidov savait où Evans allait être avant même que celui-ci y soit.
Evans anticipait les folies créatives du Russe comme s’il les avait déjà vues en vidéo dix fois.
Pour Martin St-Louis, ça pourrait être une bénédiction.
Imaginez le casse-tête stratégique qui se transforme soudainement en opportunité.
D’un côté, vous avez Nick Suzuki et Cole Caufield qui tiennent le fort sur le premier trio.
De l’autre… un duo Demidov-Evans qui, sans prévenir, pourrait se transformer en machine à possession de rondelle et en cauchemar pour les défenseurs adverses.
Un centre défensivement fiable qui, grâce au talent brut de son ailier, se retrouve à produire offensivement comme jamais.
Ça ne remplacera pas un McDavid ou un MacKinnon, mais dans un système bien huilé, ça peut faire très, très mal.
Évidemment, on n’est pas naïfs. On sait qu’un match à la ligue SISU ne garantit rien une fois que les patins frappent la glace du Centre Bell en octobre.
Mais ce genre de révélation estivale, ça donne des munitions à Kent Hughes et Jeff Gorton.
Ça leur permet de se dire : « Peut-être qu’on n’a pas besoin de se ruiner dans une transaction pour un centre offensif.
Peut-être que la solution est déjà là, sous nos yeux, et qu’on ne l’avait juste pas vue. » Et ça, c’est tout le charme de ces moments imprévus.
Ivan Demidov, lui, ne dira probablement jamais publiquement qu’il veut jouer avec Evans.
Ce n’est pas son genre. Mais son langage corporel, ses choix de jeu, ses passes… tout indique qu’il aime ce qu’il voit.
Et quand un joueur avec ce talent commence à dicter avec qui il veut jouer, les entraîneurs écoutent.
Pas toujours, pas tout de suite, mais ils écoutent. Parce que les superstars ont cette capacité rare : élever le niveau de jeu de tout le monde autour d’elles.
Alors oui, c’est peut-être prématuré. Oui, ça se trouve qu'en octobre, Evans sera de retour sur un troisième trio, à bloquer des tirs et à prendre des mises en jeu en zone défensive.
Mais il y a aussi une réalité implacable : dans une saison, il y a toujours des blessures, des ajustements, des expérimentations.
Et si, à un moment clé, Martin St-Louis décide de tenter le coup Evans-Demidov-Roy… eh bien, il pourra dire qu’il en a eu l’idée un soir d’orage, en plein été, en voyant un match amical à Montréal.
En attendant, Kent Hughes et Jeff Gorton, eux, ont sûrement pris des notes.
Parce qu’un deuxième centre qui coûte zéro transaction, zéro choix au repêchage et zéro million supplémentaire sous le plafond salarial… c’est le genre de coup qui donne l’air d’un génie.
Et si ce coup-là vient de se révéler sous leurs yeux, on peut s’attendre à ce que, dès le camp d’entraînement, cette combinaison fasse l’objet de toutes les attentions.
Et c’est là que la vraie bombe pourrait exploser. Pas sur Twitter, pas dans les rumeurs de coulisses, mais sur la glace du Centre Bell, un soir d’octobre, quand Demidov fera une autre de ses passes magiques et que Jake Evans, le centre effacé, la poussera dans le filet.
Ce jour-là, on se rappellera de cette soirée d’août, de la pluie qui tombait sur Montréal… et de la première fois où tout le monde s’est dit : « Bordel… Kent Hughes et Jeff Gorton viennent vraiment de trouver leur deuxième centre. »
AMEN