Arber Xhekaj n’est pas un joueur ordinaire, et Montréal le sait. Le shérif de la ligne bleue du Canadien, adoré pour sa robustesse et son parcours de miraculé, pourrait bien vivre une transformation aussi inattendue que spectaculaire : passer de défenseur à attaquant.
Non, ce n’est pas une blague. C’est une idée qui revient de plus en plus sérieusement dans les discussions autour du Canadien.
Et ce n’est pas un obscur chroniqueur qui la relance : c’est Brian Wilde, journaliste chevronné, qui en a parlé sur le « Sick Podcast » de Tony Marinaro.
« Je considérerais vraiment l’idée de faire jouer Arber Xhekaj à l’aile dans la LNH », a-t-il lancé. Et tout à coup, ce qui semblait un fantasme devient une hypothèse crédible.
Parce que oui, Arber Xhekaj est dans une drôle de situation. Il est aimé, redouté, utile… mais coincé.
Coincé derrière une montagne de défenseurs gauchers.
Coincé par un surplus de profondeur à sa position. Coincé dans une chaise de septième défenseur qui ne lui rend pas justice.
Et quand on regarde l’alignement du Canadien, il faut bien admettre qu’il n’y a pas beaucoup d’espace à la ligne bleue, même pour un gars comme lui.
Mais sur un quatrième trio? Là, il y a peut-être une porte d’entrée.
Une mutation calculée
L’idée n’est pas de le transformer en sniper. On parle ici d’un rôle précis : celui de l’ailier physique, intimidant, énergique.
Le genre de joueur qu’aucun défenseur ne veut voir foncer vers lui en échec avant. Un rôle de soutien, mais pas banal. Un rôle où sa robustesse deviendrait un cauchemar pour l’adversaire.
Imaginez la scène : un dégagement dans le fond de la zone. Le défenseur adverse se prépare à aller chercher la rondelle… et il entend les patins d’Arber Xhekaj le rattraper. Bonne chance.
On ne veut pas juste le faire jouer. On veut faire peur. On veut créer un chaos contrôlé. Un déséquilibre physique. Et dans ce rôle précis, Xhekaj pourrait exceller.
Défenseur ou ailier : deux réalités différentes
Pour bien saisir l’ampleur du changement, il faut comprendre les différences fondamentales entre jouer à la défense et jouer à l’aile.
En défense, il faut lire le jeu, relancer l’attaque, couvrir son homme, gérer les 2 contre 1, jouer avec la tête et les jambes. C’est une position où chaque erreur coûte cher.
À l’aile, surtout sur un quatrième trio, les responsabilités sont différentes. Il faut patiner fort, harceler les défenseurs, écouler les punitions, jouer simple, gagner ses batailles le long des rampes.
C’est une guerre d’usure. Et là-dessus, Xhekaj a déjà les outils.
Son coup de patin? Il s’est grandement amélioré. Son lancer? Plus qu’acceptable. Sa lecture du jeu? Suffisante pour suivre la cadence. Et surtout : sa présence physique.
Arber ne distribue pas des mises en échec. Il les dépose comme un colis Amazon à grande vitesse.
Une histoire qui se répète… à l’envers
Des joueurs qui ont changé de position, il y en a eu. Dustin Byfuglien, par exemple, jouait comme attaquant lors de la conquête de la Coupe Stanley des Blackhawks.
Il est redevenu défenseur ensuite à Atlanta. Brent Burns, lui, a aussi flirté avec l’aile avant de s’imposer comme défenseur.
Et dans l’autre sens? C’est plus rare. Mais ça existe. Mark Streit avait brièvement été essayé comme attaquant à Montréal.
Sergei Fedorov, trop talentueux, jouait partout à Detroit, y compris à la ligne bleue. Le hockey moderne est de plus en plus fluide. Les frontières entre les positions s’estompent.
Ce que Xhekaj apporterait comme ailier, ce n’est pas juste une présence physique. C’est une mentalité. Un style. Une menace.
Il peut changer le ton d’un match par sa seule présence. Les défenseurs adverses auraient des sueurs froides dès la mise au jeu.
À la ligne bleue, un joueur comme Xhekaj est souvent sur le fil du rasoir.
Un mauvais positionnement, une relance ratée ou une pénalité coûteuse peut faire basculer un match. Et lorsqu’il laisse son poste pour une bagarre, il désorganise toute la défensive.
En tant qu’ailier, par contre, cette pression diminue considérablement.
Les responsabilités sont moins critiques en zone défensive, les erreurs sont plus facilement absorbées, et son impact physique peut être utilisé sans autant de conséquences stratégiques.
On parle ici d’un rôle simplifié, direct, parfaitement adapté à son style nord-sud.
Xhekaj est un bulldozer, et l’aile est le meilleur couloir pour le laisser charger.
Sur un quatrième trio, il pourrait exceller dans un rôle d’échec avant intense, user les défenseurs adverses, et faire sentir sa présence dès la mise au jeu.
Imaginez-le foncer à toute vitesse dans le coin, les épaules basses, pendant qu’un défenseur va chercher la rondelle.
C’est un cauchemar pour l’adversaire… et un rêve pour n’importe quel entraîneur qui veut instaurer le chaos dans la zone ennemie.
Et surtout, le rôle d’ailier limiterait l’exposition de Xhekaj à ses lacunes en lecture de jeu et en relance.
Pas besoin de s’occuper du centre de la glace ou de couvrir les permutations compliquées.
Il pourrait se concentrer sur son couloir, sa mission, et son identité : faire peur. En le libérant de certaines contraintes tactiques, le Canadien maximiserait ses forces sans l’exposer à ses faiblesses.
C’est une manière logique de lui faire une place dans l’alignement, sans pour autant sacrifier la stabilité défensive de l’équipe.
Et si on vous disait qu’il pourrait un jour jouer… avec son frère?
Il est encore loin de la LNH, mais le rêve est permis. Deux frères Xhekaj sur un même trio : c’est du marketing en or, mais c’est aussi un projet émotionnellement fort pour Arber.
L’organisation pourrait s’en servir pour l’inciter à faire le saut. L’idée de former un duo de terreur avec son frère, de revêtir le même uniforme, de protéger les couleurs du CH côte à côte… difficile à refuser.
Est-ce que ça tient la route?
La grande question, c’est celle-là : est-ce que ce plan a du sens pour le CH?
Dans le contexte actuel, oui. Le Canadien a une profondeur surprenante à la ligne bleue. En défense, des noms comme Matheson, Guhle, Hutson, Struble, Dobson et Carrier composent déjà un noyau solide.
Sans blessure, Xhekaj pourrait se retrouver souvent dans les gradins.
En attaque, la situation a évolué. Sean Farrell a signé. Emil Heineman est parti. Michael Pezzetta aussi.
On est allé cherché Sammy Blais.
Le quatrième trio cherche une nouvelle identité. On veut de l’énergie. De l’impact. De la peur.
Et là, entre en scène l’option Xhekaj.
Le Canadien n’a rien à perdre en essayant. Si ça fonctionne, on gagne un atout unique. Si ça ne fonctionne pas, on revient à la case départ.
Ce que ça dit du joueur
Accepter un tel changement demande de l’humilité, de la confiance, et un esprit d’équipe.
Xhekaj n’a jamais reculé devant les défis. Il a conquis sa place dans la LNH contre toutes attentes. Il n’a pas été repêché. Il est passé par la porte arrière. Et pourtant, aujourd’hui, c’est lui que les fans ovationnent au Centre Bell.
Changer de position, c’est risqué. Mais c’est aussi courageux. Et si quelqu’un peut le faire, c’est bien lui.
Le dernier mot revient à Martin St-Louis
Le mot final revient au coach. Et Martin St-Louis est du genre à penser outside the box.
Il l’a prouvé avec son approche du développement, avec sa gestion humaine, avec sa philosophie centrée sur la liberté et la créativité.
S’il voit du potentiel chez Xhekaj à l’aile, il n’hésitera pas.
Et vous savez quoi? On est curieux de voir ce que ça donnerait.
Arber Xhekaj, l’attaquant. Ça sonne étrange, mais ça pourrait bien devenir… une idée de génie.
Et dans une ligue où l’avantage physique se perd, le Canadien aurait peut-être trouvé une nouvelle arme pour se démarquer : un shérif… à l’avant.
Mmmm...