Rejet à Montréal: Martin St-Louis sans pitié envers Matvei Michkov et Trevor Zegras

Rejet à Montréal: Martin St-Louis sans pitié envers Matvei Michkov et Trevor Zegras

Par Marc-André Dubois le 2025-07-20

Alors que Philadelphie s'excite pour leur duo de feu, une vérité taboue circule comme un bruit insistant : Martin St-Louis ne voulait rien savoir de Trevor Zegras. Ni de Matvei Michkov.

Donc, ce n'est pas Kent Hughes ou Jeff Gorton seulement qui auraient tranché.

Derrière l’image polie d’un entraîneur passionné, humaniste et proche de ses joueurs, se cache un homme de principes.

Un homme forgé dans le feu d’une LNH impitoyable, une ligue d’hommes, de guerres d’attitude, de respect gagné à coups d’efforts honnêtes.

Ce que Martin St-Louis a bâti dans sa carrière, il ne le doit à personne. Et certainement pas à une feinte Michigan.

Ceux qui croient encore que la non-sélection de Michkov au repêchage était une simple décision stratégique, qu’on n’a pas osé à cause de son contrat en KHL, se trompent lourdement.

La vérité est plus cinglante, plus tranchée. Martin St-Louis n’a pas vu en Michkov un futur leader, un joueur de caractère.

Il a vu un joueur d’Instagram, un produit de marketing russe qui fantasme sur des buts lacrosse et des gestes inutiles. Le genre de joueur qui fait passer sa personne avant l'équipe.

Et quand on lui a présenté le nom de Trevor Zegras dans les discussions internes, la réaction aurait été encore plus vive. Pour Martin St-Louis, l’idée même d’intégrer Zegras dans la culture du Canadien était une insulte à son ADN.

Un rejet assumé… et idéologique...

Ce n’est pas que Zegras manque de talent. Au contraire. Il en déborde. Mais c’est le genre de talent qui fait sourire les enfants, pas gagner des séries.

C’est le genre de joueur qui préfère un « jeu fancy » pour passer à SportsCenter que de se salir les mains le long de la rampe.

St-Louis, lui, est de la vieille école. De l’école des coups de bâton sur les chevilles. L’école du hockey simple, rapide, direct. L’école de John Tortorella.

Et c’est précisément pourquoi il a dit non. Non à Michkov, qui rêve à voix haute de marquer des buts Michigan en pleine saison régulière.

Non à Zegras, qui préfère tourner autour du filet pour inventer des jeux que de se placer devant lui pour manger des tirs ou des coups de bâtons. Non à l’idée même de bâtir une équipe autour d’Instagram.

Martin St-Louis a vu ce que peu ont osé voir : un virus culturel qui aurait pu détruire tout ce qu’il tente de bâtir depuis trois ans avec Nick Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Kaiden Guhle et dernièrement Lane Hutson et Ivan Demidov.

Il suffit de voir comment Martin St-Louis traite Patrik Laine pour comprendre son rejet viscéral des joueurs « fancy ».

Laine a beau avoir un tir foudroyant, il n’en demeure pas moins un ailier qui triche, qui flotte défensivement, et qui boude.

Et c’est précisément pour ça que St-Louis l’a mis dans sa niche dès son arrivée. 

Si Laine, payé à gros prix, n’arrive pas à s’adapter à l’éthique de travail exigée par St-Louis, pourquoi croire que Zegras ou Michkov auraient mieux réagi? À Montréal, on ne distribue pas les minutes en fonction des vues TikTok.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Martin St-Louis n’est pas un entraîneur comme les autres. Il a la confiance pleine et entière de Jeff Gorton et Kent Hughes. Il est leur homme de confiance, leur visage public, leur cœur battant. Et quand il parle, on l’écoute.

Quand est venu le temps de trancher au repêchage de 2023, son opinion a pesé lourd. Il a vu Michkov tomber au classement, et plutôt que de réclamer à tout prix ce joyau offensif, il aurait plutôt soufflé à l’oreille de Hughes :

« Ce n’est pas notre genre de joueur. »

Depuis, Michkov s’obstine à vouloir faire un but Michigan dans la LNH. Il s’entraîne à le réussir. Il recrute même Trevor Zegras pour l’aider à le perfectionner.

Imaginez la réaction de Martin St-Louis devant ça. Imaginez sa frustration, son incompréhension, voire son dégoût.

Pendant que ses joueurs s’arrachent sur la patinoire à Brossard, qu’ils poussent des charges de 400 livres comme Caulfield, qu’ils s’entraînent comme des chiens comme Bolduc… Michkov, lui, perfectionne une figure de cirque.

Tout s’explique.

Quand les Ducks ont discrètement mis Trevor Zegras sur le marché, plusieurs pensaient que Montréal allait sauter sur l’occasion. Après tout, Zegras est le meilleur ami de Caulfield, ils ont joué ensemble chez les USA, et l’équipe avait besoin d’un centre #2.

Mais le CH a laissé passer l’opportunité. Non pas parce qu’il manquait de munitions. Mais parce que Martin St-Louis n’en voulait pas.

Même contre un Ryan Poehling et un choix de 2e ronde? Oui. Parce que dans la tête de St-Louis, ça ne valait même pas ça. Il ne voulait pas sacrifier Jake Evans pour un joueur qui ne cadrerait pas avec les exigences physiques, mentales, et culturelles de son vestiaire. Point final.

C’est aussi pourquoi St-Louis tiendra à ce que Zachary Bolduc soit sur la deuxième ligne. Bolduc, c’est son gars. Il l’a vu évoluer sous Patrick Roy. Il sait qu’il peut encaisser. Il sait qu’il joue « dans le trafic ». Qu’il bloque des tirs. Qu’il ne fait pas semblant. Et surtout : qu’il est prêt à ne pas produire s’il le faut… tant qu’il aide l’équipe à gagner.

St-Louis a préféré miser sur Bolduc que sur Michkov ou Zegras. Voilà la vérité nue.

Aujourd’hui, des partisans fulminent, nous y compris.

Ils rêvaient d’un duo Zegras-Demidov. Ils voyaient Michkov comme le sauveur. Mais ce que St-Louis leur dit, entre les lignes, c’est simple :

« Ce n’est pas le talent qui manque dans la LNH. Ce sont les guerriers. »

Et lui veut bâtir une armée. Pas un cirque.

Ce refus de miser sur Zegras ou Michkov est un pari risqué. Il peut coûter cher si ces deux joueurs explosent à Philadelphie ensemble.

Mais c’est un pari cohérent. Profondément enraciné dans la philosophie de Martin St-Louis. Celle d’un homme qui n’a jamais eu de passe-droit. Qui n’a jamais eu de "spotlight" gratuit. Qui a tout gagné à la dure.

Et maintenant, il veut que son équipe gagne à la dure. Pas avec des Michigan Goals. Pas avec des feintes YouTube.

Mais avec du cœur. Du travail. Et de l’honneur.

C’est peut-être ce qui sauvera... ou brisera... son règne à Montréal.