Il fut un temps où Québec rêvait en bleu poudre. Où chaque nouvelle rumeur de retour des Nordiques rallumait la flamme dans le cœur des partisans. Où le Centre Vidéotron devait servir de temple moderne à une renaissance tant espérée.
Mais aujourd’hui, il n’y a plus de rêve. Plus d’espoir. Rien qu’un silence gênant, brisé de temps à autre par les éclats médiocres de la politique municipale.
À Montréal, l’avenir s’écrit à travers le Canadien. La ferveur entoure Nick Suzuki, Cole Caufield, Lane Hutson, Ivan Demidov, Noah Dobson.
On parle de séries éliminatoires, de Coupe Stanley, d’un retour au sommet. La métropole retrouve peu à peu le lustre perdu.
Pendant ce temps, à Québec, les manchettes tournent autour de Bruno Marchand qui accuse Sam Hamad de maraudage et qui, en parallèle, officialise une relation amoureuse avec Monic Néron.
Voilà où en est rendue la capitale nationale : à commenter des histoires de coulisses et de rumeurs amoureuses, alors que ses rêves sportifs sont enterrés à jamais.
Soyons clairs : les Nordiques ne reviendront pas. Gary Bettman l’a répété sur tous les tons, et les faits sont accablants.
L’expansion coûte désormais deux milliards de dollars. Houston, Atlanta, Kansas City: ce sont ces villes qui sont dans la mire de la LNH, pas Québec.
Le Centre Vidéotron, construit pour attirer une équipe de la LNH, est devenu une coquille vide, un amphithéâtre junior surdimensionnée où résonnent les silences.
On nous a promis que l’édifice attirerait les grands événements. Résultat : quelques spectacles internationaux, des matchs de pré-saison sans lendemain, et le triste constat que l’amphithéâtre est désuet avant même d’avoir servi à ce pour quoi il a été conçu.
À Québec, on s’accroche encore à des illusions, mais elles ne trompent plus personne. Le rêve est mort.
Au lieu de débattre d’avenir sportif, Québec se noie dans ses propres querelles. Le maire Bruno Marchand accuse Sam Hamad de tromperie.
Imaginez. Pendant qu'on parle d'Ivan Demidov à Montréal...on parle de Sam Hamad à Québec.
Figure politique louche dans la capitale nationale depuis plus de vingt ans. Ancien ministre libéral dans plusieurs gouvernements de Jean Charest et de Philippe Couillard (encore plus louche), il a longtemps régné sur la circonscription de Louis-Hébert.
Homme de réseaux, influent, bien implanté dans la communauté d’affaires, Hamad a toujours su tirer son épingle du jeu à Québec..
Un jeu... louche...
C’est précisément ce qui le place aujourd’hui au cœur d’un conflit inédit avec Bruno Marchand. En pleine campagne électorale municipale, Marchand a accusé Hamad de “maraudage”, sous-entendant que l’ancien ministre aurait tenté d’influencer ou de manipuler des candidats potentiels pour affaiblir sa propre équipe.
Une accusation lourde, car dans l’imaginaire collectif, “marauder” en politique rime avec coups bas, manigances, deals de coulisses.
Hamad, piqué au vif, a répliqué immédiatement en accusant Marchand de mentir. Ce face-à-face a transformé une campagne qui devait porter sur la mobilité, le logement et le développement économique en un combat d’ego.
Et surtout, il a exposé la petitesse de la scène politique municipale à Québec : au lieu de débats de fond, on assiste à un règlement de comptes entre un maire fragile et un vétéran qui refuse de disparaître.
Résultat : l’opinion publique se détourne, écœurée de voir des politiciens transformer l’élection en conflit personnel.
La ville est enlisée dans un tramway qui divise, un troisième lien fantôme, et des débats de surface qui n’inspirent personne.
La dernière manchette qui a fait parler du maire n’est même pas liée à sa vision politique. Elle concerne sa relation avec l’animatrice Monic Néron.
Comme si ce climat n’était pas assez toxique, voilà que la vie privée du maire s’invite au cœur du débat public. La relation entre Bruno Marchand et Monic Néron, animatrice bien connue de Radio-Canada, a éclaté au grand jour en pleine campagne électorale. Et ce n’est pas sans conséquence.
Néron a été forcée de publier un message officiel sur Instagram pour confirmer la relation, tout en précisant que des balises avaient été mises en place à Radio-Canada pour éviter les conflits d’intérêts.
Une démarche rarissime, qui illustre le malaise profond. Dans une ville où les rumeurs circulent vite, le couple est devenu sujet de discussions, de spéculations et de critiques.
Le problème n’est pas l’amour en soi, mais le timing et le rôle des deux individus. Marchand est en quête de légitimité politique. Néron, journaliste et animatrice, est censée analyser l’actualité sans parti pris.
Au lieu de parler de vision pour Québec, la campagne s’est transformée en feuilleton sentimental. Les manchettes ne portent plus sur la mobilité ou le logement, mais sur l’éthique journalistique et les amourettes politiques.
Et ce glissement illustre le vide malaisantl qui ronge la capitale nationale : quand on n’a plus de rêve collectif (les Nordiques), quand on n’a plus de grands projets mobilisateurs, il ne reste que les "gossips" pour meubler l’espace public.
Voilà où en est Québec : ses manchettes politiques flirtent avec le potinage de magazine à potins.
À Montréal, tout est différent. Le Canadien monopolise l’attention, les partisans rêvent à nouveau, et la direction bâtit patiemment une équipe compétitive.
Le marché médiatique bourdonne autour des jeunes vedettes, et les débats sportifs remplacent les chamailleries politiciennes.
Québec, elle, vit de miettes. Elle commente les escapades amoureuses de son maire et elle tente tant bien que mal de sauver la face en organisant des partenariats technologiques comme celui annoncé avec Google pour fluidifier la circulation.
Des gadgets, des diversions, mais rien de fondateur.
Québec mérite mieux. Cette ville a une passion infinie pour le sport, une culture de hockey qui surpasse celle de bien des métropoles.
Mais on l’a laissée tomber. Le gouvernement provincial a investi des centaines de millions dans le Centre Vidéotron, et aujourd’hui, l’édifice ne sert qu’à rappeler un échec monumental.
On aurait pu investir dans des infrastructures publiques, dans la mobilité, dans le logement. On a plutôt misé sur un rêve que Gary Bettman n’a jamais pris au sérieux.
Mais en réalité, Bettman a seulement accepté de porter le rôle de méchant pour protéger Québécor... et son président...
Quand la Ville de Québec a sorti le chéquier pour bâtir le Centre Vidéotron, les élus et la population vivaient dans l’illusion qu’un homme allait transformer ce rêve en réalité : Pierre Karl Péladeau.
Dans l’imaginaire collectif, il devait être le milliardaire providentiel, celui qui frapperait à la porte de Gary Bettman avec une offre béton pour ramener les Nordiques.
Or, cette offre n’est jamais venue. Péladeau s’est défilé, laissant Québec avec un amphithéâtre ultramoderne mais sans équipe, et une population amère d’avoir cru à un scénario qui n’a jamais dépassé le stade du fantasme.
Pour PKP, cette histoire ressemble à une plaie ouverte qui ne se refermera jamais. Lui aussi avait un rêve : ramener les Nordiques, devenir l’homme qui redonnerait une équipe à sa ville, à son peuple.
Mais au moment de passer à l’action, le prix de 500 millions l’a refroidi. Trop cher, trop risqué, pensait-il. Aujourd’hui, il doit regarder avec amertume la tournure des choses : la LNH exige désormais 2 milliards pour une expansion.
Ce qui paraissait exorbitant en 2015 semble presque ridicule, une aubaine, à la lumière des sommes actuelles. Dans son for intérieur, Péladeau doit être déchiré.
Parce qu’en reculant au dernier moment, il a manqué l’occasion de marquer l’histoire. Et en voyant la tristesse et la désillusion qui persistent à Québec, il doit lui-même sentir le poids d’un rendez-vous manqué, comme un rêve trop fragile qu’il n’a jamais osé saisir.
Les partisans de Québec sont trahis. Ils se retrouvent avec une ville où la grande nouvelle, en pleine campagne électorale, est que Monic Néron ne pourra pas parler de la mairie de Québec à son micro.
On en est là : une relation privée devenue enjeu public, une ville qui se ridiculise alors qu’elle aurait pu briller.
Le constat est brutal. Québec a perdu ses Nordiques à jamais. Le Centre Vidéotron restera un monument inutile, symbole d’une ambition trahie.
Les débats politiques se résument à des accusations de maraudage, et la vie publique se nourrit de ragots sentimentaux. Pendant ce temps, Montréal avance, vibre, rêve d’une Coupe Stanley.
C’est pathétique. C’est triste. C’est ridicule. Québec est une ville orpheline d’un rêve qu’elle a nourri trop longtemps.
Et ce qu’il lui reste, ce sont des histoires d’amourettes de bas étage, alors que son cœur aurait dû battre au rythme de la LNH.