Michael Andlauer, propriétaire des Sénateurs d’Ottawa, n’hésite pas à raviver une rivalité historique et à mettre la pression sur Geoff Molson en soutenant publiquement le retour des Nordiques de Québec.
Conscient de la fragilité économique que cela pourrait engendrer pour le Canadien de Montréal, Andlauer pousse habilement Molson dans ses retranchements, forçant ce dernier à justifier sa position devant les amateurs de hockey québécois.
Alors que la rivalité entre les Maple Leafs de Toronto et les Sénateurs ou celle opposant Edmonton et Calgary demeure intense, Andlauer affirme qu’aucune n’égale celle vécue entre le Canadien et les Nordiques à l'époque.
«Pour moi, il n’y a rien de comparable», confie Andlauer à Renaud Lavoie de TVA Sports. Cet aveu est plus qu’une simple nostalgie; c’est une attaque voilée envers Molson, l’incitant à prendre position.
Lors de l’entretien, Andlauer va droit au but :
«Absolument, je veux le retour des Nordiques.»
Il souligne que, grâce aux mécanismes actuels de partage des revenus et au plafond salarial, une équipe à Québec pourrait prospérer, à condition que Pierre-Karl Péladeau trouve un partenaire d'affaires sérieux.
En comparant Ottawa à Québec, il voit des villes «underdogs», unies par une passion profonde pour le hockey.
Son admiration pour le Centre Vidéotron de Québec, qu’il a visité pour s’inspirer du projet de nouvel amphithéâtre à Ottawa, montre qu’il est prêt à mettre en avant le modèle québécois, accentuant ainsi la pression sur Molson, qui peine à cacher son malaise face à l'idée de partager le marché québécois.
Pendant des années, Geoff Molson a nié s’opposer au retour des Nordiques, affirmant à maintes reprises qu’il voterait en faveur d’une nouvelle équipe à Québec.
Mais son comportement laisse planer le doute. En 2016, il avait déjà été accusé d’avoir influencé la LNH pour privilégier l’expansion à Las Vegas au détriment de Québec.
Aujourd’hui, l’apparente alliance entre Molson et Pierre-Karl Péladeau, observée lors d’un match des Alouettes, relance le débat.
Était-ce une vraie tentative de rapprochement ou simplement une manœuvre pour détourner les critiques?
Péladeau est vu comme un personnage que Gary Bettman refuse de considérer comme partenaire viable pour la LNH, ce qui rend encore plus cruciale la position de Molson.
Son vote favorable pourrait enfin ouvrir la voie à une candidature sérieuse. Mais en réalité, Molson sait pertinemment que l’ajout d’une nouvelle équipe risquerait de nuire aux revenus du Canadien.
Dans cette saga complexe, Luc Poirier pourrait devenir l’homme clé du retour des Nordiques. Contrairement à Péladeau, que Bettman perçoit comme colérique et imprévisible, Poirier est un entrepreneur habile, respecté pour sa rigueur et sa persévérance.
Luc Poirier a un parcours impressionnant qui trouve ses racines dans une enfance modeste.
Élevé par une mère monoparentale qui dépendait de l'aide sociale, il a dû se débrouiller dès son jeune âge pour subvenir à ses passions, notamment le hockey.
Dès l'âge de 14 ans, il a commencé à vendre des cartes de hockey pour financer son sport favori, marquant ainsi ses débuts en affaires.
Cette initiative a non seulement alimenté son amour pour le hockey, mais a également forgé sa détermination à réussir dans le monde entrepreneurial.
Poirier mène aujourd'hui une vie marquée par le luxe et l'extravagance. Il est passionné par les expériences hors du commun et les défis ambitieux. Il possède une collection impressionnante de voitures de luxe, incluant toutes les Ferrari depuis les années 1970, et ne cache pas son penchant pour les voyages fréquents, souvent en jet privé.
Sa soif d'aventure l'a également conduit à déposer un acompte chez Virgin Galactic pour un vol spatial, bien que ce projet ait été retardé à plusieurs reprises.
En 2009, il a réalisé l'ascension du mont Everest, une aventure qui lui a coûté 100 000 $, mais qui a surtout demandé deux mois de préparation intense.
Luc Poirier est aussi décrit par ses proches comme étant perfectionniste, voire légèrement obsessionnel, avec des habitudes de vie très disciplinées, telles que faire son lavage immédiatement après un voyage, même en pleine nuit.
Sur le plan des affaires, Poirier a manifesté un vif intérêt pour ramener les Nordiques à Québec selon les infos du journaliste Maxime Truman.
Ses efforts dans ce domaine remontent à environ sept ans, lorsqu'il a soumis une offre de 800 millions de dollars américains pour acquérir une équipe de la LNH.
À l'époque, des équipes comme les Hurricanes de la Caroline, les Islanders de New York et les nouvelles franchises comme les Golden Knights de Vegas et le Kraken de Seattle étaient au cœur des discussions sur les ventes potentielles.
Bien que son offre n'ait pas abouti, il estime que la valeur de l'équipe convoitée a depuis doublé, sans dévoiler laquelle.
En 2017, Luc Poirier a également tenté d'acheter les Coyotes de l'Arizona pour 380 millions de dollars. Toutefois, la Ligue nationale de hockey exigeait que l'équipe reste en Arizona, ce que Poirier refusait, préférant la relocaliser à Québec.
À l'époque, les Coyotes perdaient 30 millions de dollars par année, et malgré les pertes financières, la LNH s'opposait fermement à un déménagement au Québec.
Poirier affirme clairement que pour qu'une équipe à Québec soit rentable, il serait nécessaire d'avoir un appui gouvernemental important, compte tenu du coût astronomique d'une franchise dépassant le milliard de dollars.
En dépit de ses tentatives infructueuses, Poirier reste convaincu que le retour des Nordiques nécessite un plan solide et une approche différente de celle de Pierre Karl Péladeau, que le commissaire Gary Bettman n'apprécie pas particulièrement.
Contrairement à Péladeau, Poirier est un entrepreneur autonome, parti de rien et non de la fortune de son père, ce qui, selon lui, lui confère une meilleure compréhension des affaires et des défis liés à l'acquisition d'une équipe de la LNH.
Pour le moment, le contexte économique et le manque de soutien public pour le financement des infrastructures sportives ne permettent pas de concrétiser le retour des Nordiques.
Toutefois, avec la vente récente de terrains et d'autres projets immobiliers fructueux, Poirier dispose des ressources nécessaires pour continuer à explorer des opportunités de ramener une équipe de la LNH dans la capitale provinciale lorsque les circonstances seront plus favorables.
Aujourd'hui, fort de profits énormes issus de transactions immobilières, il est mieux préparé que jamais pour financer une expansion.
Inutile de rappeler que Poirier a vendu un terrain à Northvolt pour 220 millions de dollars et prévoit un projet d’un milliard à La Prairie.
Ces succès le placent en position idéale pour contribuer financièrement au retour des Nordiques. Contrairement à Péladeau, Poirier n'est pas intéressé par les conflits, mais par les résultats.
Sa détermination et son talent en affaires en font un candidat sérieux pour bâtir un projet durable.
Mais comme les expansions coûtent maintenant plus d'un milliard, il faudrait que les deux hommes s'unissent. La question à un milliard de dollars: peuvent-ils travailler ensemble?
Alors que les discussions autour de l’expansion se multiplient, Bettman et la LNH devront bientôt trancher. Le soutien public d’Andlauer au retour des Nordiques ne fait qu’amplifier les pressions sur Molson.
Ce dernier se retrouve coincé entre son intérêt financier et la ferveur populaire pour le retour de l’équipe à Québec.
Les prochaines semaines seront cruciales. Si Molson persiste à s'opposer en coulisses, il risque de perdre encore plus la confiance des partisans québécois.
Mais s’il s’aligne avec Poirier et soutient une candidature sérieuse, il pourrait renforcer sa position et cimenter son héritage en tant que leader visionnaire du hockey au Québec.
Le duel entre Michael Andlauer et Geoff Molson n’est plus uniquement une bataille sportive; le propriétaires des Sénateurs veut que Molson partage sa partie du gâteau québécois.
Et au cœur de ce duel, Luc Poirier émerge comme l'homme providentiel, prêt à faire revivre le rêve des Nordiques et à redéfinir le paysage du hockey canadien.
Suffit qu'il arrive à travailler avec Péladeau. Et ça, ce n'est pas une mince affaire.