La guerre est déclarée. Arber Xhekaj n’a pas besoin de le dire en toutes lettres. Son regard, son ton, sa position sur la glace disent tout.
Il a vu ce que les Sénateurs d’Ottawa ont fait à Kirby Dach et Ivan Demidov. Il n’a rien oublié. Il ne pardonnera pas. Et il a l’intention de régler les comptes.
« Ce sont nos rivaux, donc le match sera émotif, peu importe. Je ne crois pas qu’on a ciblé des joueurs en particulier, mais nous allons nous rappeler certains coups salauds », a-t-il lancé froidement.
« De toute façon, j'adore me ramasser dans des mêlées avec mon petit frère Florian, c'est incroyable. Vous pensiez que de vous battre contre un Xhekaj était difficile? Maintenant vous en avez deux.»
Le message est clair : samedi soir, au Centre Bell, les Sens n’ont qu’à bien se tenir. Et surtout, à ne pas croire une seconde que le Canadien va reculer.
Depuis la violente soirée de mardi à Québec, la tension monte chaque heure. Les Sénateurs ont rappelé huit joueurs de Belleville. Pas pour améliorer leur alignement. Pour intimider. Pour blesser. Pour provoquer.
Parmi les noms, on retrouve des gars que personne ne veut voir dans un vrai match, mais qui sont parfaits pour enflammer un combat.
Le coach Travis Green, surnommé le jambon de service, questionné sur le contexte émotif du match de samedi contre le Canadien, a tenu à calmer le jeu.
« Est-ce que le dernier match va affecter nos décisions? Pas tellement », a-t-il répondu sans détour. Il a admis que le match avait été « dur et robuste », mais il s’est surtout attardé à des joueurs comme Jan Jenik, Hayden Hodgson et Donovan Sebrango, trois gars qu’il décrit comme « robustes », mais qu’il évalue encore pour leur potentiel à percer l’alignement.
Il a d’ailleurs glissé un mot sur les coups douteux de Hodgson et Sebrango, sans les défendre entièrement, mais en contextualisant leur agressivité :
« Ces matchs hors-concours dérapent parfois dans le feu de l’action. Ce n’était pas un match qu’on a commencé en souhaitant être dans plusieurs bagarres. »
Travis Green ne veut pas d’un match revanche samedi. Mais ses gestes, eux, parlent plus fort que ses paroles. Il a confirmé que certains de ces « gars robustes » seront de retour au Centre Bell :
« On veut voir s’ils peuvent jouer, avoir leur place dans notre équipe… et s’ils peuvent se contrôler aussi. ». Foutaise.
Les Sénateurs ont peur. Peur de voir Tim Stützle recevoir ce que Demidov a reçu. Peur de voir Brady Tkachuk ciblé par les Xhekaj. Alors ils sortent les goons. Et ils laissent leurs stars à la maison.
Cette lâcheté fait rire jaune dans le vestiaire du Canadien. Nick Suzuki, pourtant d’un calme olympien, l’a reconnu :
« On ne sait pas qui ils vont amener. Et on ne sait pas encore qui va jouer de notre côté. Mais peu importe l’alignement, tu dois y aller et faire ton travail. »
Les fans des Sénateurs accusent Xhekaj de faire des menaces. Mais ce n’est pas des menaces. C’est tout simplement un avertissemet.
Les Sénateurs ont franchi la ligne mardi soir au Centre Vidéotron. Ils ont sorti les crocs. Ils ont rué de coups un joueur déjà au sol. Ils ont attaqué un jeune de 18 ans pendant que le Shérif était expulsé. Ils ont fait du sale. Et maintenant, ils veulent jouer aux innocents.
Le fait que Cousins n’a pas été suspendu et qu'il a seulement reçu une amende de 2148 dollars et 44 sous a jeté de l'huile sur le feu.
On parle du maximum permis, mais on parle aussi d'une insulte. Une gifle au visage de l’organisation. Une bénédiction donnée à un lâche.
Le vestiaire du Canadien est en feu. Kirby Dach ne l’a pas caché.
« Ce n’était pas du hockey. Ce genre de choses, si tu fais ça dans la rue, tu te retrouves dans le trouble. »
Les Sénateurs rappellent des goons de la ligue américaine pour une mission est claire : blesser, frapper, déranger.
Et pendant ce temps, Tim Stützle regarde tout ça du haut des gradins. Il était absent mardi. Il sera absent samedi. Les Sens ne veulent pas qu’il subisse ce que Demidov a reçu. Ils ont peur. Peur des représailles. Peur des Xhekaj. Peur de la guerre.
Le Canadien a les soldats pour riposter. Arber Xhekaj. Florian Xhekaj. Jayden Struble, Vincent Arseneau, Luke Tuch. Même un contrat d’un jour n’est pas exclu si la situation l’exige. Le message est clair : si Ottawa veut un match sale, Montréal va le leur donner.
Struble est prêt. Il a déjà assommé Jan Jenik. Il a laissé son visage dans la glace. Il ne cherche pas la bagarre. Mais si ça part, il n’attendra pas l’arbitre.
Florian Xhekaj, lui, vit pour ces moments. Il veut prouver qu’il peut être plus qu’un figurant. Samedi, il aura sa chance. Il va foncer. Il va frapper. Et il ne reculera pas.
Même Martin St-Louis a perdu patience.
« Il n’y a pas de place pour ce genre de geste dans la ligue », a-t-il déclaré mardi. Pas de faux-semblants. Il est furieux. Lui aussi a vu que Patrick Laine a été relégué sur la 4e ligne. Il a vu que ses jeunes, Demidov, Newhook, Dach, ont été ciblés. Il sait que les Sénateurs ont délibérément visé les têtes. Et il sait qu’il n’y a qu’un langage que ces gars comprennent.
Ce match de samedi n’a aucune importance au classement. Mais il sera déterminant pour la fierté. Pour l’honneur. Pour la suite.
Si le Canadien se couche, il se traînera toute la saison avec cette honte. S’il frappe, s’il se défend, il envoie un message à toute la ligue : ce club n’est plus celui qu’on piétine. Ce club mord.
Et si Joe Veleno doit y aller d’un double-échec, il le fera. Le Centre Bell ne veut pas un spectacle. Il veut une réplique. Il veut voir que Montréal ne laisse plus passer ce genre de trahison.
Cousins doit payer. Sebrango doit tomber. Même si la LNH ne fait rien. Même si la direction reste passive. Il faut que les joueurs règlent ça eux-mêmes. Comme dans le temps. Comme ça se faisait dans les vraies rivalités.
Ce n’est pas une vendetta. C’est juste une question d'honneur et de respect Une réponse logique à une attaque injustifiable. Ottawa a voulu tester les limites. Ils vont les trouver.
Arber Xhekaj ne parlera plus. Il l’a dit une fois. Ça suffit. Samedi, il sera là. Sur la première mise au jeu. Casque baissé. Poings fermés. Regard fixe. Il n’a pas oublié. Et il ne laissera rien passer.
Pendant ce temps, Tim Stützle, le grand provocateur, le spécialiste des plongeons et des ricanements, a compris la leçon. Il a beau sourire quand il dit « Montréal est notre plus grand rival », il n’était pas là au Centre Vidéotron.
Il ne sera pas là samedi non plus. Et ce n’est pas par hasard. Ottawa le protège. Ottawa le cache. Ottawa a peur. Au lieu de montrer qu’ils sont une équipe digne de la LNH, les Sénateurs ont choisi la voie des ligues de garage.
Travis Green est une honte. Il va se retrouver avec un match hors de contrôle, et s’il pense que Montréal va se laisser faire, il rêve.
Ottawa veut un match sale. Montréal va leur donner.