Ce soir, un joueur a décidé de répondre à ses détracteurs. Des soirs où les rumeurs, les humiliations et les doutes se transforment en carburant.
Ce soir, ce joueur s’appelait Oliver Kapanen.
Toute la semaine, son nom a circulé.
Proposé avec Joshua Roy et Jayden Struble aux Bruins de Boston dans un montage pour acquérir Pavel Zacha. (refusé par les Bruins).
Associé aux Penguins de Pittsburgh dans une éventuelle transaction impliquant Sidney Crosby. À chaque fois, le message était clair : Kapanen était dans la catégorie des joueurs sacrifiables, une monnaie d’échange, pas un élément central du projet du Canadien de Montréal.
Pour un jeune qui rêve de s’établir à Montréal, difficile de recevoir un message plus cruel. Et Kapanen ne s’en est pas caché : il a été froissé par ces discussions. Ce genre de blessures invisibles peut détruire une carrière ou, au contraire, réveiller un compétiteur.
Sa réponse est venue avec fracas. Kapanen a été l’un des meilleurs attaquants du Canadien hier soir. Il a prouvé qu’il n’était pas qu’un centre défensif « utilitaire », mais bel et bien un joueur complet capable d’apporter de l’attaque.
Sur l’avantage numérique, là où on ne l’attendait pas, il a frappé : un but en power play qui a fait lever la foule. Un but symbolique, presque une déclaration.
Toute la semaine, il répétait qu’il n’était pas seulement un joueur défensif, qu’en Finlande il avait produit, qu’il savait marquer et créer. Hier, il l’a prouvé, et de la plus belle manière : en avantage numérique, dans un rôle offensif.
Ce rappel est important. En 2023-2024, Kapanen a porté les couleurs de Timrå IK, en Suède. Il a amassé 35 points en 36 matchs dans la SHL, une ligue reconnue pour son exigence et sa rigueur. Pas exactement le profil d’un simple joueur défensif limité. En Europe, il était vu comme un centre complet, capable d’être dangereux avec la rondelle.
À Montréal, on a trop vite voulu le cataloguer comme un joueur défensif, bon pour écouler des punitions et bloquer des tirs. Mais Kapanen, lui, savait ce qu’il valait. Et hier soir, il l’a rappelé à Kent Hughes, à Jeff Gorton, à Martin St-Louis, et surtout au public montréalais.
Un message cinglant à la direction.
En marquant en avantage numérique, Kapanen n’a pas seulement aidé son équipe. Il a envoyé un message direct à ceux qui ont osé le mettre dans un package de transaction :
« Je suis ici pour rester. Je ne suis pas une monnaie d’échange. »
À l’interne, ce genre de performance fait réfléchir. Parce qu’elle renverse la dynamique dans le vestiaire. Elle crée de l’incertitude pour d’autres.
Le premier à sentir le vent tourner, c’est Joe Veleno. En signant à Montréal, Veleno croyait que le poste de quatrième centre lui appartenait. C’était écrit, presque garanti. Mais voilà que Kapanen s’invite dans la discussion. Plus jeune, moins cher, plus affamé, et surtout avec un potentiel offensif plus élevé.
Pour Veleno, c’est le début d’une compétition qu’il n’avait pas anticipée.
Le deuxième à ressentir la pression, c’est Kirby Dach. Théoriquement, Dach devait être le deuxième centre derrière Suzuki. Mais Kapanen, avec sa performance, vient rebattre les cartes. Peut-on vraiment exclure l’idée que, si Dach tarde à retrouver son rythme après sa blessure, Kapanen lui vole son poste de 2C?
Martin St-Louis ne l’avouera pas publiquement, mais il adore les joueurs qui surprennent. Ceux qui arrivent là où on ne les attend pas. Et Kapanen est exactement ce genre de joueur.
Ce qui est frappant, c’est la densité au centre du Canadien.
Nick Suzuki est intouchable.
Kirby Dach reste le pari de Hughes.
Joe Veleno pensait être sécurisé au 4e trio.
Jake Evans a son poste assuré... sur le 3e ou 4e trio...
Owen Beck lutte pour prouver qu’il n’est pas déjà fini. (il sera échangé).
Et maintenant, Oliver Kapanen réclame sa place avec autorité.
Dans ce contexte, chaque performance compte double. Chaque but peut faire basculer une hiérarchie. Et hier, Kapanen a frappé un grand coup.
Il ne faut pas oublier que Christian Dvorak a quitté l’organisation cet été. Un trou béant s’est créé au centre. On croyait que Veleno allait le combler, ou qu’un vétéran allait être acquis pour stabiliser la ligne du milieu. Mais voilà que Kapanen se présente comme une option crédible. Il a prouvé qu’il pouvait remplacer Dvorak, et peut-être même faire mieux.
Il faut aussi rappeler que son nom n’a pas circulé qu’à Boston. À Pittsburgh, dans les discussions autour de Sidney Crosby, Kapanen faisait aussi partie des pièces évoquées. Encore une fois, ce n’était pas une rumeur sortie de nulle part : c’était bien réel. Et Kapanen le sait.
Être mentionné dans une transaction pour Crosby, c’est flatteur. Mais être vu comme une pièce secondaire, jetable, ça laisse des traces. Hier soir, Kapanen a voulu effacer cette image.
Le camp d’entraînement du Canadien a pris une autre dimension avec cette performance. Jusque-là, Kapanen semblait dans l’ombre. Un joueur de plus dans la mêlée. Mais en une soirée du tournoi des recrues, il a changé le ton. Il a mis la pression sur ses rivaux, il a forcé les entraîneurs à réévaluer leurs plans, et il a démontré qu’il n’était pas seulement là pour « remplir un chandail ».
Pour Martin St-Louis, le casse-tête est réel. Doit-il donner plus de responsabilités à Kapanen dès maintenant? Doit-il le tester encore sur le powerplay? Ou doit-il le calmer et le ramener à un rôle défensif?
Ce qui est certain, c'est que Kapanen n’acceptera plus de se faire réduire à un joueur défensif. Il a marqué, il a créé, il a démontré. Et il veut plus.
Il y a une semaine, Oliver Kapanen était un nom sur une liste de rumeurs. Une pièce qu’on envoyait à Boston pour Zacha. Un joueur secondaire dans une discussion pour Crosby.
Aujourd’hui, il est un problème de luxe pour le Canadien.
Un joueur qui rebat les cartes au centre.
Un joueur qui met la pression sur Veleno et Dach.
Un joueur qui rappelle à tout le monde que, parfois, les rumeurs ne brisent pas un jeune… elles le réveillent.
Le message est clair et net : Oliver Kapanen veut rester à Montréal. Et il vient de prouver qu’il mérite au moins qu’on l’écoute.