C’est maintenant ou jamais. Cogeco et le 98.5 FM se retrouvent à un moment charnière de son histoire, un point de non-retour où il peut soit redorer son blason, soit sombrer encore plus dans la confusion morale.
Le poste laissé vacant par Yanick Bouchard doit être confié à un seul homme : Louis Jean. Pas une autre figure beige, inodore incolore, pas un nom sans relief, pas une nomination stratégique pour éviter les vagues. Cette fois, il faut le bon choix. Le vrai. Celui que le public réclame. Celui qu’on aurait dû faire dès le départ.
Parce que l’histoire ne ment pas. Yanick Bouchard a été choisi à la place de Louis Jean non pas pour son talent supérieur, ni pour son charisme exceptionnel, mais parce qu’il ne faisait pas de vagues.
Il représentait le profil sans controverse, l’option sans passé, le choix qui ne déclencherait pas de débats dans les corridors de Cogeco. Et pourtant, c’est ce choix-là qui a fait exploser le 98.5 FM au cœur d’un scandale d’une rare vulgarité.
Inutile de rappeler les faits, sans filtre. Le message publié sur le compte Instagram de la ministre Caroline Proulx – « Deux vulves aux funérailles » – est l’un des gestes les plus controversées jamais posés par un chroniqueur du 98.5 FM.
Une attaque d’une bassesse cruelle, dirigée vers une femme en deuil. Un geste sexiste, méprisant, inhumain. Et quand l’affaire a éclaté, Bouchard n’a pas eu la décence d’assumer.
Il a menti. Il a tenté de rejeter la faute sur un ami imaginaire qui aurait pris son téléphone. Puis il a tenté de se racheter par une démission qu’il a fait passer pour un acte noble, alors qu’il était clair qu’il aurait été congédié sous peu.
Pendant ce temps, Louis Jean, lui, observe. Il encaisse. Il continue à faire profil bas. Depuis son éviction de TVA Sports en mars 2023, il n’a jamais eu droit à une réhabilitation médiatique.
La raison? Une relation extra-conjugale avec une productrice de TVA, alors en couple avec son collègue. Une histoire intime, certes, qui a blessé plusieurs personnes de façon intime, mais pas sur la place publique.
Pas d’insultes. Pas de mépris. Pas de message envoyé à une ministre en deuil. Et pourtant, c’est lui qu’on a banni. C’est lui qu’on a fait taire. C’est lui qu’on n’a jamais pardonné.
Et le plus choquant dans cette histoire, c’est que la productrice en question, elle, a conservé son poste. Elle n’a pas perdu son emploi. Elle n’a pas été rayée des écrans. Elle n’a jamais eu à s’expliquer publiquement.
C’est Louis Jean seul qui a été puni, exposé, effacé. Et pourtant, dans cette équation, Renaud Lavoie méritait de rester à TVA Sports. Il était la victime directe de cette trahison intime et il avait raison de ne plus vouloir partager le même studio que Louis Jean.
Mais dans cette optique, la productrice était tout aussi responsable que Louis Jean. Elle était au cœur de la même histoire, elle a provoqué les mêmes tensions, elle a contribué à la fracture humaine et professionnelle… mais elle, elle est restée.
Deux personnes impliquées dans la même situation, mais une seule carrière brisée. Cette inégalité criante est l’un des grands non-dits du milieu. Et aujourd’hui encore, elle pèse lourd dans la balance de la justice médiatique.
Et quand Patrick Lagacé a eu à choisir qui l’accompagnerait au micro pour sa nouvelle émission, il a évité Louis Jean comme la peste.
Trop délicat. Trop controversé. Il a préféré Bouchard, la carte beige. Et maintenant que cette carte a brûlé sur la place publique, le 98.5 FM ne peut plus faire semblant.
Il faut réparer l’erreur. Il faut rappeler Louis Jean. Il faut lui donner ce qu’on lui a injustement enlevé : un micro, une voix, une tribune.
Parce que lui, malgré tout ce qu’on lui a fait subir, a toujours gardé la tête haute. Il n’a jamais nié. Il n’a jamais menti. Il n’a jamais cherché à jeter qui que ce soit sous l’autobus. Il a pris le blâme. Il s’est retiré. Et il a attendu. Dignement.
Le Québec connaît Louis Jean. Il l’apprécie. Il le respecte. Il l’a vu couvrir les Jeux olympiques, les séries de la LNH, les événements majeurs du sport d’ici et d’ailleurs.
Il l’a vu s’adresser au public avec une rigueur, une classe, une maîtrise que très peu de communicateurs possèdent. Il est ce rare mélange de compétence journalistique, de prestance à l’écran et de chaleur humaine. Et surtout, il a quelque chose que peu ont au micro du 98.5 FM : une vraie crédibilité.
Alors, pourquoi hésiter? Pourquoi tergiverser? Pourquoi refuser de faire enfin ce qui s’impose? Parce que Cogeco a peur de la controverse?
Peur que quelques gestionnaires frileux soient fâchés du passé? Peur qu’en ramenant Louis Jean, on doive enfin admettre qu’on l’a puni pour des raisons que personne d’autre n’aurait subies avec autant de dureté?
Et pourtant, ce serait le geste le plus fort. Le plus cohérent. Le plus juste. Le plus rassembleur. Offrir à Louis Jean le poste que Bouchard a sali, ce serait envoyer un message puissant : qu’au Québec, on croit encore à la rédemption. Qu’on croit aux secondes chances. Qu’on juge les gens à la hauteur de leurs gestes, pas à la lourdeur de leurs rumeurs.
Il y a quelque chose de profondément injuste dans cette saga. Parce que ce n’est pas seulement Bouchard qui a trahi la confiance du public. C’est le système qui l’a promu. C’est l’industrie qui a préféré un silence tiède à un talent éclatant. C’est Patrick Lagacé qui, sous prétexte de prudence, a choisi l’homme qui allait faire couler sa crédibilité.
Et aujourd’hui, il est temps d’inverser la vapeur. De prendre le virage. De rendre justice. De faire enfin ce qui aurait dû être fait depuis le début.
Car si le 98.5 FM nomme un autre nom générique, un autre « choix sécuritaire », un autre profil effacé, le public ne suivra pas. Il s’en souviendra. Il saura que cette station a manqué de courage. Une fois de plus.
Mais si, demain matin, Louis Jean entre au studio, s’il s’assoit au micro qu’il mérite, le Québec applaudirait. Il se dirait enfin que la logique l’a emporté sur la lâcheté. Que le mérite a triomphé du calcul. Que l’intégrité a repris le dessus.
Il ne s’agit plus d’une simple nomination. Il s’agit d’un acte de réparation. D’un geste de justice. D’un message à tous ceux qu’on a punis sans raison, qu’on a effacés sans procès.
Louis Jean n’a jamais insulté qui que ce soit. Il n’a jamais rabaissé une ministre. Il n’a jamais menti à ses patrons. Il a simplement vécu une histoire humaine, imparfaite. Comme nous tous.
Et aujourd’hui, il mérite de revenir. Il mérite ce poste. Il mérite qu’on dise haut et fort : le 98.5 FM, c’est aussi pour ceux qui ont chuté, mais qui se sont relevés.
Alors à Cogeco, il n’y a plus d’excuses. Il n’y a plus de place pour la peur. Le scandale Bouchard vous a montré ce qu’il en coûte de miser sur l’illusion. Il est temps de miser sur la vérité. Sur la force tranquille. Sur le retour d’un géant.
Louis Jean doit remplacer Yanick Bouchard. Point final. Et tout le Québec vous dira merci.